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Le charivari — 58.1889

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Octobre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#1073
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Prix du Numéro : 25 centimes

MARDI 1" OCTOBRE 1889

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Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

l’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuite

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de la publicith
92, Rue Richelieu

LE CHARIVARI

bulletin politique

Le cas de M. Joffrin me paraît être agréablement
apprécié par M. Joffrin lui-même.

Avec jovialité il déclare aux reporters qui l’inter-
rogent qu’il est enchanté d’avoir été élu sans l’être.

Cette satisfaction est peu partagée.On est d’accord
à peu près partout pour reconnaître que la commis-
sion de recensement a commis une bévue en procla-
mant M. Joffrin. Et les adversaires les plus résolus
duboulangisme confessent celte bévue-là.

Les Débats, par exemple, disent :

< Il aurait beaucoup mieux valu que la commis-
sion du recensement de la Seine ne proclamât pas
M. Joffrin député. Elle aurait été bien obligée de le
proclamer, évidemment, si le général Boulanger ne
s’était pas conformé à la loi du 17 juillet 1889, s’il
avait négligé de déclarer sa candidature. Mais il avait
accompli cette formalité. La préfecture ayant refusé
le récépissé, la déclaration avait étéconstatée par acte
d’huissier. Cela devait suffire pour que les bulletins
du concurrent de M. Joffrin fussent comptés, comme
l’ont été, à Vannes, ceux de M. Dillon.

1 Le général Boulanger étant frappé d’une incapa--
cité absolue, la Chambre aurait annulé son éleclion,
et cette annulation n’aurait pu donner prise à au-
cune critique, tandis que la décision de la commis-
sion de recensement soulève des objections très sé-
rieuses. Il n’est pas bon qu’une commission de ce
genre s’arroge le droit de trancher des questions lé-
gales. Il n’est pas bon que l’administration se fasse
juge des titres des candidats en refusant des récépis-
sés, L’indignité du personnage contre lequel ces me-
sures ont été prises ne peut avoir pour effet de les
rendre légitimes. L’esprit qui les a inspirées n'ani-
mera pas, nous y comptons bien, la majorité de la
prochaine Chambre. »

Rien ne peut mieux inspirer, ajouterons-nous, le
mépris de la légalité que de voir cette légalité-là
dire, à la même heure, blanc et noir.

Lorsque l’élection de M. Boulanger est supprimée
à Paris et qu’en province celle de M. Dillon est pro-
visoirement tenue pour valable, il y a là une caco-
phonie burlesque.

En ce qui concerne spécialement M. Boulange ’,
je vous demande un peu ce qu’on gagne à faire de
l’arbitraire.

Son inéligibilité finale ne peut être mise en doute.
Il était certain que la Chambre, où la majorité se-
rait républicaine, annulerait le vote comme c’est
son droit et son devoir.

Pourquoi, dès lors, cette précipitation qui res-
semble à de la frayeur ?

Si encore vous aviez affaire à un adversaire vain-
queur et redoutable !

Mais non, l’adversaire est aplati, découragé, effon-
dré, Singulier moment pour commettre des abus de
pouvoir!

En outre, il nous semble que ces abus sont com-

au profit d’un bien médiocre représentant de
notre parti.

La gloire d’être représenté par M. Joffrin ne doit
pas paraître tellement enviable à la République,
qu’elle le fasse entrer de vive force dans ce Palais-
Bourbon dont il ne sera pas, à coup sûr, le plus bel
ornement.

Je ne vois même pas au juste quelle opinion il
compte y représenter.

Jugé sévèrement par les véritables socialistes, qui
le trouvent beaucoup trop transigeant, regardé
comme un épouvantail par les vrais modérés, hous-
pillé jadis même par les radicaux, il n’était certes
pas de ceux qu’on pût tenir pour irremplaçable.

Aucune raison ne militait, par conséquent, pour
qu’on le bombardât député avec cette précipitation.

De quelque côté donc qu’on retourne la question,
la commission de recensement a fait une grosse sot-
tise.

Si nous y insistons, c’est qu’il ne faudrait pas mul-
tiplier ces bévues-là.

Le boulangisme se meurt, le boulangisme est
mort. Il s’agit de ne pas le ressusciter — comme on
l’avait fait naître d’ailleurs — par de maladroits abus
de pouvoir.

M. Jules Ferry renonce définitivement à aller en
appel, pour le quart d’heure, devant le suffrage uni-
versel.

Ce faisant, il a pris la seule décision qui fût com-
patible avec sa dignité. Nous l’en félicitons.

Il est des moments, dans la vie politique, où un
homme d’Etat aspire à dire :

Le repos m’a refait une virginité.

Donc, se bien garder de prendre au sérieux la nou-
velle ironique lancée par quelques journaux, nou-
velle aux termes de laquelle M. Jules Ferry serait,
après acceptation, nommé gouverneur général de
l’Indo-Chine.

Evidemment, dans l’intention de ceux qui ont
donné la volée au canard susdit, l’attribution d’un
pareil poste était, en quelque sorte, une confronta-
tion expiatoire.

M. Jules Ferry ne s’y laissera pas prendre.

Il traverse une crise. L’unique règle de conduite,
en pareil cas, a été formulée par feuScribe, dans des
vers immortels.

M. Ferry

Doit attendre et se taire
Sans murmurer.

Pierre Véron.

CE BON MICHEL!

C’était dimanche la Saint-Michel. Vous n’y avez
peut-être pas fait attention. Moi non plus.

Mais il paraît que, pour les dévots, la date avait
une solennité spéciale.

La preuve, c’est qu’il a été publié dans la Revue
catholique, avec reproduction dans V Univers, un
article palpitant d’émotion, orné de ce litre : Saint
Michel, à notre secours!

Ecoutez-moi vibrer ce pathétique appel :

« Nous sommes à une époque, dans une année,
disons plus, à une heure critique !

» En 1889, les deux puissances qui se disputent
le monde : l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
fils de Dieu et fils de l’homme, et la haine de Satan,
homicide dès le commencement, se livrent une
grande bataille sur la terre, comme autrefois au
ciel.

» C’est, à la fois, l’anniversaire de la Révolution
et l’anniversai; e des promesses du Sacré-Cœur.

» De la miséricorde ou de la révolte, qui l’empor-
tera, du moins pour un temps ?

» La réponse dépend en partie de la volonté de
l’homme qui est entre les mains de son conseil.

» Mais l’homme, incliné au mai, a besoin pour
vaincre, dans les combats du Seigneur, d’un guide
et d’une protection.

» Qui sera notre chef et notre puissant auxiliaire,
sinon le chef des milices célestes, ie vainqueur de
Satan, saint Michel ? »

ffM/»

t/K»

J’avoue que je ne comprends pas très bien que
l’on ait grande confiance dans ce farceur de saint
Michel-là, Car, à vrai dire, il me paraît n’avoir rem-
porté qu’une victoire à la Pyrrhus sur son ennemi
Satan.

Si le nommé Satan avait été terrassé, comme on
le prétend dans la Revue catholique et comme on le
représente dans une fontaine do Quartier Latin, il
ne serait plus à même de tenir, ainsi qu’il le fait
toujours, la puissance de Dieu en échec.

Regardez ce qui se passe autour de vous, écoutez
les constatations des cléricaux eux-mêmes.

L’article que nous citons le déclare formellement
en ces termes :

« Deux puissances se disputent le monde. »

Et plus loin :

« Elles se livrent une grande bataille. »

Si elles en sont encore à se livrer bataille, c’est que
Satan n’est pas vaincu. Et s’il n’est pas vaincu, saint
Michel n’est qu’un triomphateur pour rire, qu’un
escamoteur de lauriers, qu’un fumiste céleste.

Et pourquoi diable alors s’adresse-t-on à lui?

«M

cTVj

L’article de la Revue catholique essaye de l'expli-
quer.

Il nous révèle en même temps un saint Michel que
nous ne connaissions pas encore : un saint Michel
électoral.

Voici comment :

« C’est dans son mois que la France est appelée à
décider elle-même de son sort et qu’elle répond à la
véritable question qui lui est posée : Es-tu pour Dieu
ou contre Dieu?

» Quel motif pour les catholiques d’invoquer de
toute leur âme, tremblante et confiante à la fois,
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