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Le charivari — 58.1889

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Août
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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#0829
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CINQUANTE-SEPTIÈME ANNEE

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LE

BULLETIN POLITIQUE

Il y a dans La Fontaine une fable sur laquelle j’en-
gage les républicains en général et ie gouvernement
en particulier à porter leurs méditations.

Cette fable est celle qui se termine par une péri-
pétie résumée en deux vers :

Survint un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.

Je demande pardon au suffrage universel si j’ai
l’air de le comparer avec irrévérence à un âne. Met-
tons, si vous voulez, un mulet têtu ou bien un cheval
capricieux et indomptable. La situation restera la
même.

D’un côté le ministère, de l’autre le boulangisme.
Le ministère n’a qu’une idée fixe, je dirais presque
une monomanie : combattre le boulangisme. Il s’agit
d’empêcher le troisième larron d’intervenir brusque-
ment et traîtreusement.

Jamais, et nous nous en félicitons, nous n’avons
pris au sérieux le pseudo César qui a affolé tant de
gens. Nous n’avons cessé de répéter qu’il se dégon-
flerait comme une baudruche, si on le laissait dans
un coin, au lieu de. souffler toujours de la réclame
dedans.

A la suite du vote qui vient d’avoir lieu, beau-
coup des hypnotisés ont commencé à s’apercevoir
que nous avions raison. Il faut qu’en même temps
ils s’aperçoivent que le péril est ailleurs. Le troi-
sième larron ! Le troisième larron !

Voyez ce qui s’est passé dimanche.

La baudruche s’est dégonflée, mais en même
temps la réaction monarchiste se faufilait et gagnait
quelques sièges.

Oh 1 pas bien nombreux, mais c’est un indice et
un avertissement tout de même.

Une manœuvre identique risque de se reproduire
en plus grand.

Tandis que la vigilance névrosée du ministère se
concentrera sur Ernest-César, les monarchistes fen -
têront un mouvement tournant qui pourrait bien
avoir de fâcheux résultats, si l’on ne se tient pas sur
ses gardes.

Entendons-nous. Je ne veux rien exagérer; je
réaffirme, tout au contraire, comme je l’ai toujours
fait au milieu des paniques environnantes, que la
République gardera la majorité dans la prochaine
Chambre. Mais si elle y perdait un nombre de voix
relativement considérable, ce serait un échec suffi-
sant pour rendre le gouvernement impossible, et
c est là ce qu’on doit éviter à tout prix.

Votre Boulangerie u’a jamais répondu à rien. Ce
û’a même pas été un expédient momentané. Si l’on
s’était donné la peine de réfléchir, on aurait com-
pris que, serré entre les républicains et les monar-
chistes le lendemain d’une victoire, le général aurait
été étouffé net.

R y a, par contre, des gens qui sérieusement,
sincèrement, croient à l’efficacité du remède monar-

JEUDI !« AOUT 1889

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Politique, Littéraire et Artistique

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Rédacteur eu Chef

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ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

chique pour sauver un pays. Ceux-là, on va les re-
trouver devant soi aux élections. Voilà l’ennemi à
redouter.

Pendant que vous vous embarbouillez dans les
procès de Haute Cour, on travaille ferme pour les
prétendants, laissés parfaitement tranquilles et dont
nul ne gêne les intrigues.

A bon entendeur salut.

Hans ces conjonctures, on comprend que la date
des élections générales doive avoir une importance
particulière.

Aussi s’en occupe-t-on déjà.

Ce qui paraît vraisemblable, malgré les informa-
tions contradictoires, c’est que le cabinet aura envie
de brusquer le dénouement.

Voyant le général Boulanger en passe de défaite,
il pensera qu’il faut battre le fer pendant qu’il est
chaud.

Nous croyons que plus ou fera vite, mieux cela
vaudra.

De fait, la période électorale est ouverte. L’enfiè-
vrement ne va faire que croître et enlaidir. La France
a senti les premières douleurs de l’accouchement.

A quoi bon la laisser se tordre pendant trois mois
encore ?

Tant que !e scrutin n’aura pas dit son dernier mot,
toutes les affaires vont rester en suspens, tous les
intérêts en souffrance.

Que l’enfant se présente bien ou mal, il faut avant
tout songer au salut de la mère.

Et l’une des premières conditions de ce salut, c'est
la promptitude de l’opération.

Pierre Véion.

CLASSICOMANES

Non, vrai, cela devient byperagaçant, cette scie
qu’un certain nombre de critiques plus ou moins in-
fluents font grincer tous lés ans après les concours
du Conservatoire.

Cette fois-ci, les grincements sont devenus assour-
dissants. Il faut pourtant que cela finisse.

Les voilà, les classicomanes, hors des gonds. Les
uns se couvrent la tête de cendres, se frappent la poi-
trine et fondent en larmes. Les autres rugissent,
s’exaspèrent, montrent le poing.

Tout est perdu ! C’est la fin de l’art I Dieu a cessé
de protéger la France, et nous courons aux abîmes !

Perche ? Simplement parce que l’on permet aux
élèves du Conservatoire de choisir, pour morceaux
de concours, des fragments de comédies modernes.

Cela dérange les routines des classicomanes. Ils
avaient l’habitude d'entendre ronronner de la même
façon les mêmes tirades sempiternelles. Ils pou-
vaient, au besoin, s’endormir de confiance, sachant
d’avance comment tel substantif serait minaudé et
tel adjectif glapi.

Maintenant, il faut, au contraire, rester éveillé et
prêter l’oreille. < 'est embêtant, vous comprenez.

Sus donc au répertoire moderne, et qu’on leur
rende bien vite le Molière obligatoire, le Regnard
immuable, le sacro-saint Racine !

Eb bien, non, qu’on ne leur rende rien de tout
cela ; car toutes ces doléances me paraissent sonner
aussi faux que bruyamment.

A l’encontre des déclamations, j’estime que, pour
la rénovation et le rajeunissement de l’art, il est
indispensable de moderniser les exercices du Con-
servatoire, au lieu de les immobiliser dans l’encroû-
tement fétichiste.

Il m’horripile, ce culte du pont-à-l’âne; il m’horri-
pile, cet étroit esprit de clocher qui dit : « Hors les
classiques, pas de salut. »

Pendant cinquante ans et plus, les jeunes élèves
sont venus ânonner, avec les mêmes intentions cli-
chées, les mêmes intonations notées d’avance, un
certain nombre d'alexandrins ou de phrases emprun-
tés au vieux répertoire.

Est-ce une raison pour que l’on continue éternel-
lement à tourner dans le même cercle, comme un
vieux cheval de manège galopant sous lui dans l’orbe
d’une pis le?

En enfermant les concours du Conservatoire dans
ces limites étouffantes, on supprimait toute initiative,
toute personnalité, toute originalité. Yos vers consa-
crés, dix mille mains les ont tournés et retournés
dans tous les sens. On en a exprimé tout le suc; oû
en a fait sortir tout ce qu’ils contenaient, et même
ce qu’ils ne contenaient pas.

Tout élève de l’un et l’autre sexe, qui vient rabâ-
cher un de ces morceaux choisis, est condamné d’a-
vance à copier. Il n’y a plus rien de neuf à faire
avec cela, rien à trouver dans ces sentiers battus et
rebattus.

Votre idéal est-il donc de former un Conservatoire
de singes ?

Avec le répertoire moderne, au contraire, l’horizon
s’élargit.

Là, il y a des notes neuves à donner, des chemins
à frayer. On peut être soi-même et révéler son tem-
pérament sans être obligé de l’enfermer dans le
moule de Procuste,

Quoi qu’eu disent les pontifes de la routine, cela
répond à une idée, le mot modernisme. Et il faut que
l’art se modernise, sous peine de se dessécher, de se
stériliser.

La religion de Molière finit, ma parole, par être
plus intolérante que la religion du S y Habits t Le fana-
tisme des classicomanes va plus loin que le fana-
tisme du Saint-Office.

Ces tentatives d’émancipation qui les épouvantent
nous charment, et nous espérons bien qu’on laissera
ces arriérés clamer dans le désert.

Ils veulent que l’art marche la tête dans le dos, les
yeux tournés vers le passé. Cette contorsion nous
répugne.
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