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Le charivari — 58.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#0390
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LE CHARIVARI


telle sorte que Nous devons, non pas certes l’accep-
ter, mais la subir, contraint par la nécessité, tant
qu’il plaira à Dieu qui gouverne souverainement et
providentiellement les choses humaines. »

S'il plaît à Dieu, comme le pape le dit en propres
termes, que le pouvoir temporel n’existe plus, pour-
quoi diable Léon XIII s’en prend-il aux hommes?
Ils n’ont fait qu’exécuter la volonté divine et n’ont
été, par conséquent, que des instruments irrespon-
sables.

Et si Dieu trouve plaisir à turlupiner la Papauté,
c’est donc que la Papauté n’est pas du tout
le représentant breveté et exclusif de la vérité
religieuse.

Paul Girard.

CHRONIQUE DU JOUR

Si quelque chose chôme, après le 1er mai, à l’Exposi-
tion universelle, ce ne sera toujours pas l’estomac des
curieux.

Dès à présent, on peut déjeuner, et fort bien déjeu-
ner, au Champ de Mars, un des principaux restaurants
qui doit y représenter la cuisine parisienne ayant ou-
vert ses portes et allumé ses fourneaux.

On ne dira pas, je pense, que les marmitons sont en
retard. Il n’y a pas encore d’Exposition universelle, il
n’y a pas encore de visiteurs, et cependant, s’exclame-
rait admirativement l’excellent Guibollard, ils y peuvent
déjà festiner!

Et, à ce propos...

Entre autres notabilités exotiques attirées par la pro-
chaine Exposition universelle, on nous annonce l’arri-
vée imminente d’un prince indien, riche, colossalement
riche, immensément et absurdement riche, mais riche à
faire paraître mesquines les plus grandes fortunes de la
vieille Europe et même de la jeune Amérique.

Ce nabab des nababs possède des pierreries à remuer
à la pelle, des milliards à ne savoir comment s’en dé-
faire.

Et, cependant, le diable sait qu’il ne regarde guère à
la dépense.

Un seul trait, que je donne sous toutes réserves, suf-
fira à le prouver.

Ce héros des Mille et une nuits ne commande ses
complets que chez des tailleurs... de diamant.

Les primes généreusement octroyées par cerlains
journaux à leurs acheteurs sont parfois bien cocasses.

Dans le nombre, je relève celle-ci, annoncée avec
pompe, chaque jour, dans une feuille parisienne :

BON-PRIME

Tous no» lecteur», porteur» de ce
bon-prime, auront droit, moyen-
nant îî fr. 50, à un demi-litre d’ex-
cellent cognac ***.

Or, moyennant trois francs cinquante, le premier venu

LE PASSÉ DRAMATIQUE

BARRIÈRE ET THIBOUST

On a repris les Jocrisses de l'Amour et l'Homme n'est
pas parfait aux Yariétés, les Filles de marbre aux Me-
nus-Plaisirs, et il est question de la Corneille qui abat
des noix au Palais-Royal, — trois grandes comédies et
une petite qui en vaut une grande! — quatre succès
plusieurs fois centenaires dus à la collaboration de deux
hommes à l’esprit bien différent, Théodore Barrière et
Lambert Thiboust, morts tous deux à peu de temps
d’intervalle.

Barrière aurait aujourd’hui soixante-six. ans et Thi-
boust soixante-deux; leurs répertoires, déjà si produc-
tifs, se seraient donc encore enrichis, s’ils n’avaient dis-
paru prématurément, pleins de jeunesse et de talent.

peut se procurer, chez l’épicier du coin, un liire enGcr
du même cognac.

Ah! le bon... bon qu’a ce pauvre lecteur!

Avouez que ce prétendu bon-prime est surtout une
bonne frime.

Bordeaux, 125fr. labarriqu e. Agnnisd9eunte, v■

-

EXTRAIT D'ABSINTHE Sîrppnr»

GEMPP PERNOD "t»A,

Etes-vous ferré sur la toxicologie !

Tout bon Parisien parisiennarit doit l’être, pour peu
qu’il suive, chaque quinzaine, le résultat des terrifiantes
analyses du Laboratoire municipal.

Alors, vous seriez vraiment bien aimable de me ren-
seigner au sujet d’un singulier poison dont je trouve la
description, plus singulière encore, dans un roman-
feuilleton dû. à la plume « d’un de nos meilleurs au-
teurs » :

« Il existe un aconit qui ne croît que dans l’Inde
[aconit ferox), où il est employé comme poison. Son suc,
à des doses déterminées et progressives, peut occasion-
ner, dans le corps, des désordres très graves, suscepti-
bles de survivre à ses effets, quand ils n’ont pas été
mortels, et d’être encore plus dangereux. »

Un poison plus dangereux que s’il était mortel ! Bigre !

Un gros homme, trapu, lourd et maladroit, se livre
aux plaisirs de l’équitation dans une allée du bois de
Boulogne.

Mais le cheval, un grand diable de percheron, est vi-
cieux et le cavalier novice, si bien que le premier a bien-
tôt envoyé le second... pardessus tête.

Après avoir épousseté tant hier que mal le sable qui
couvre ses habits, le quidam veut regrimper sur sa
bêle, mais l’animal est bien haut et le monsieur bien
court ; do sorte que l’infortuné, rouge de onfusion, s’é-
puise en efforts inutiles.

Et, pour comble de malheur, un Gavroche, mêlé à la
foule de curieux qui assiste à ce spectacle grotesque,
s’écrie narquoisement :

— Au lieu de s’occuper, tout le temps, de la remonte
des chevaux, on ferait bien de penser un peu à celle des
cavaliers !

Dialogues féminins.

—Se laisser battre par un homme ! Est-ce possible? Moi,
ma chère, si mon mari se permettait seulement de lever
la main...

— Eh bien, que ferais-tu?

— Parbleu! je lèverais le pied.

Actualités palpitantes.

Les poursuites commencées contre le général Boulan-
ger et ses partisans, bien qu’elles lui paraissent un peu
tardives, ont comblé de joie notre ami G..., qui est un
adversaire convaincu et irréconciliable du boulan-
gisme.

Toutefois, à ses heures, il ne dédaigne pas de pana-
cher sa férocité de quelque ironie.

Par exemple, il disait hier, à haute et intelligible voix,
sur la terrasse du café de Madrid :

— On ne pourra toujours pas reprocher au gouverne-
ment d’avoir manqué d’humanité envers les boulan-
gistes : il a attendu l’approche de l’été pour les mettre
à l’ombre !

Henri Second.

Ces deux auteurs, Thiboust surtout, n’ont pas cessé
d’être joués à Paris et en province, et leurs ouvrages
ont fait la fortune de leurs héritiers, ce qui prouve que
les pièces de théâtre sont comme les bons vins — elles
gagnent en vieillissant, car à l’époque où Barrière et
Thiboust firent représenter leurs œuvres, les théâtres
n’encaissaient point comme aujourd’hui des recettes de
5 à 6,000 francs.

Jamais collaborateurs ne parurent aussi peu faits
pour s’entendre ; aussi lorsqu’ils travaillaient ensemble,
ne cessaient-ils de se quereller. Thiboust était léger,
exubérant, blagueur, inexact, toujours content; tandis
que Barrière était grave, ponctuel, sceptique, et jamais
satisfait. Aussi il fallait les voir discutant un projet de
pièce l’été, assis à une table dans le jardin du Café
Turc, rendez-vous qu’ils avaient adopté, car l’un habi-
tait boulevard du Temple, et l’autre passage Mazagran.

Barrière était toujours là le premier et attendait quel-
quefois une heure son frivole collaborateur, qui arrivait
enfin tranquillement, demandant, le sourire aux lèvres :

— Je crois que je suis un peu en retard ?

— Un peu !.. une heure !.. grondait Barrière.

— Bast ! faisait simplement Thiboust, tu ne t’ennuies
jamais quand tu es seul, devant un verre d’absinthe ;
méfie-toi de la muse verte, elle le fait voir la vie en
noir !..

— Tu préfères t’enivrer avec du champagne !

— Le champagne fait voir la vie en rose... il est donc
préférable. Alfred de Musset buvait les deux, pour varier
ses idées !

COURRIER DE VOYAGE

Le 7 avril % f

Comme je vous l’avais annoncé, c’est par ja •
rité que les vaillants artistes de la troupe du c ■
ont voulu terminer leurs représentations si fc
Ils ont donné un superbe concert de bienfait'
samedi dernier. Mmes Simonnet, Descliamps ï'î
lant-Couturier, ont rivalisé de talent.

Les stances de Sapho ont valu une ovation
Mlle Deschamps. Mme Vaillant-Couturier a dit !
chant provençal de Massenel avec une pénétrais
très intense. Mlle Simonnet a fait preuve d’une n,J
tuosité rare dans l’air des clochettes de Lackt,
Triomphe aussi pour Talazac et Soulacroix. Bnf
fête éclatante et superbe recet'e.

^ Au concert classique du jeudi, assistance d’élite.
Tout un armorial. Très joli programme, comme(ou-
jours. Les Jardins d'Armide, une œuvre de M.CIia-
puis, a été fort bien interprétée. J’ai entendupourJâ
première fois Mme Marie Laurens, une artiste dont
vous ferez bien de retenir le nom.

Le Tir aux Pigeons a eu pour devise, cette année
« Quand il n’y en a plus, il y en a encore. » Cepen
dant, le Prix de la fin vient d’être gagné, après plu-
sieurs séries srrpplémentaires.

Toujours foule d’arrivants et très peu de départs.
La saison se prolongera certainement jusqu'en
juillet. J’en félicite l’habile direction deM.deMl-
lat, tout en regrettant presque qu’elle ait l’art de
prolonger ainsi les attractions, car on n’en a que plus
de mal à s’arracher à ce coin fascinateur.

Mais il le faut ! L’Exposition me rappelle.

Je dis donc adieu aux rives enchantées.

Avant de les revoir, il va me falloir avaler six moisf
de cohue forcée, hélas! Ah! je suis sûr que,pto
d’une fois, en regardant les moutons de Panuipl
grouiller sous les arceaux de la Tour Eiffel, je»
gretterai l’émouvante et sereine immensité de la ma
bleue.

E. Yilliers.

'

BOURSE-EXPRESS

Ces Bons de l’Exposition doni.je vouspotl3é|J“
Revue d’hier seront émis lundi prochain. Voici11
ment les grandes lignes de la combinaison •
Vous apportez 26 francs au Crédit Foncier


• - An lirant

— Allons, travaillons ! disait Barrière e afj
oche quelques feuilles de papier sur lesque pjjtTiU-1
riffonné des notes. Thiboust, sans répon 1

on de son collaborateur, commençait le
ventures : . ,

— Nous avons soupé hier avec CogniM

ant... la petite fête n’a pas manqué de gai ^,1
à venir. Il y avait des femmes charman e ’
onselet. On ne s’est séparé qu’au joui , 1

ris, Choller dormait debout; Alexandre J(11i/
nité l’empereur Nicolas, et la petite

îanté au dessert une romance de son V1
ion ami, tout un poème! Nous P e7U ^
nfln, on a organisé un petit lansquenc,
îi’du mille francs et j’en ai gagné cinq ^ f

— Alors, grommelait Barrière furieu., ^ ^

availlo? . niais^U

— Qui le dit cela?... Le travail apres ^ ^
>n tour, Thiboust sortait de ta P°cû

otes en fredonnant :

Travaillons, mesdemoiselles!- . .^el

Et la séance commençait. Thiboustne J discUiai«M

uidant deux heures, les collaboia t __jellrse

ène par scène, rarement du même avi > force- j
aient si peu semblables, — et c’étai aU cœ111’c'. j:
Cependant, Barrière, cecroquemi a Qua0

nt, aimait Thiboust d’une puissante Tbiboust

eut ensemble l'Homme n esl pasp(l’l
irrière :
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