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Le charivari — 58.1889

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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#0731
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— Dire, ma petite, qu’il y en a qui paieraient si cher un spectacle que ce monsieur est
en train de s’ofirir gratis !...

ZOLA EN GALE

Quelques confrères ont annoncé que M. Emile Zola
venait de quitter Mcdan pour se fixer à Paris, où il doit
rester jusqu’à l’achèvement de son grand roman sur les
chemins de fer. Les confrères ajoutcut qu’il a loue un
appariement somptueux rue de-Bruxelles.

Les confrères sont mal informés. 11 est très vrai que
11. Zola a quitté Médan, mais il no s’est pas logé rue de
Bruxelles. Il habile un polit pavillon que la Compagnie
(le l’Ouest a mis gracieusement à sa disposition sur le
quai de la gare Saint-Lazare.

Le pavillon est construit sur le modèle des maisons de
garde qu’on voit sur toutes les lignes. Une collection
complète de disques, de signaux, de sonnettes d'alarme
est sous la main de l’illustre romancier. Un téléphone
relie le cabinet de travail de M. Zola avec le cabinet de
la direction et du personnel. De plus, un sous-inspec-
tcur de la Compagnie est attaché à la personne do M. Zola
avec ordre de répondre à toutes les questions, de lui
fournir tous les éclaircissements dont il pourrait avoir
besoin. Enfin, détail encore ignoré du public, M. Zola a
lomandé la permission — qui lui a été accordée — de

revêtir l’uniforme des employés do la Compagnie : tu-
nique, casquette blanche, etc. Il ne veut plus fumer que
des pipes qui ont vaguement la forme d’une locomotive,
et son plus grand chagrin est de ne pouvoir cracher
autant de fumée que lesdites locomotives.

C’est une existence très occupée que mène là le grand
romancier. Levé dès l’aurore, il ouvre sa fenêtre et
respire fortement. Avant-hier, on l’a entendu s’écrier :

— Ah ! ça sent bon la gare, ici !

Dès qu’il a coiffé la casquette blanche, achevé sa toi-
lette, il descend sur le quai de la gare avec son guide,
après avoir donné un dernier coup d’œil sur sa cas-
quette. Il se met obligeamment au service des voya-
geurs, les aide à descendre do wagon, examine leurs
valises, s’informe s’ils n’ont pas eu do déraillement.
Parfois, à la porte de sortie, il reçoit les billets. Un
auteur consciencieux doit se rendre compte de tout.

Puis on le voit pousser le brancard à roulettes chargé
des colis des voyageurs. Puis, c’est la manœuvre
qui consiste à déblayer la voie pour faire place au train
suivant. Zola monte sur la locomotive et se barbouille
de charbon pour ne pas humilier le mécanicien, qu’il
tutoie avec familiarité. Il fait jouer le piston, la loco-
motive siffle, crache, s’ébranle. Une série d’émotions dé-
licieuses, à toi point qu’il s'écriait, l’autre jour :

— Si je n’élais pas romancier, je voudrais être mcea
nicien !

L’heure du déjeuner venue, M. Zola et son fidèle sous-
inspecteur vont prendre place au petit restaurant où
les employés de la gare se réunissent. Il s’agit de savoir

’ ce que mangent les employés, comment ils mangent,
et ce qu’ils disent en mangeant. Nous pouvons, sans
indiscrétion, annoncer aux amis des lettres que
j M. Zola a déjà récolté toute une moisson d’observations
extrêmement curieuses : il a remarqué, entre autres
choses, que les employés do chemins de fer remuaient
le menton on mangeant, qu’ils mettaient, on buvant, le
nez dans leur verre et qu’ils coupaient leur vin avec de
l’eau.

Quant aux sujets de conversation, Us roulent, pa-
raît-il, sur la Tour Eiffel et la rue du Caire. Celte parti-
cularité a d’abord étonné le romancier, qui ne savait ce
que cela voulait dire ; mais ayant appris qu’on pouvait
aller en chemin de fer Decauville jusqu’au pied de la
Tour et jusqu’à la rue du Caire, il a déclaré qu’il entre-
prendrait, un de ccs jours, ce voyage, vu qu'aprôs lout
le chemin de fer Decauville est encore un chemin de fer.

Le fidèle sous-inspecteur doit, d’ailleurs, l’accompa-
gner. Bien entendu, M. Zola ne quittera pas l’uniforme
et U casquette blanche qu’il porte avec tant d’élégante
aisance.

Bref, ce sous-inspecteur, homme intelligent et aima-
ble, est fort satisfait de M. Zola. Il disait, hier encore :

— Je n’aurais jamais cru qu’un homme de lettres put
se mettre si parfaitement dans la peau d'une locomotive.
M. Zola siffle, crache et fume, que c’est une bénédiction.

On voit que cela nous promet un roman de premier
ordre. Espérance qui nous serait interdite, si M. Zola
' s’était logé bourgeoisement rue de Bruxelles.

Jack.
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