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Le charivari — 58.1889

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Septembre
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rfNOUANTE-HUITIÈME ANNÉE

K*

ABONNEMENTS

PARIS

. 1S fr

Trois ..36 —

gix mois. . 72 —

Un ..

abonnements partent des 1" et 10 de chaque mou

direction

politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Bédacleur en Chef

BUREAUX

DB LA RÉDACTION ET DE L’ADMINISTRATION

Rue de la Victoire, 20

LE

LA SEMAINE DE DA BOURSE

i -

Paris, le 1er septembre 1889.

Monsieur le Directeur,

Pour les gens qui s’occupent d’affaires financières,
la période des vacances commence immédiatement
après le Grand Prix et finit lorsque l’ouverture de la
chasse permet de massacrer le gibier qui foisonne
sous les fourrés ombreux, sous les arbres séculaires
ds la plaine Saint-Denis. Nos Nemrods étant à l’œu-
vre, il est tout naturel que la dernière semaine d’août
soit consacrée, par les industriels de la Bourse, à
préparer leur saison d’affaires et à liquider l’ancienne.
Dans quelques jours, la quatrième page des journaux
contiendra moult annonces à ce sujet ; et, dans les
imprimeries spéciales, on prépare des prospectus
qniseront répandus à profusion. Je peux vous dire
d’avance que la plupart de ces documents annonce-
ront une

Grande mise en vente

des soldes d’été. Excellentes occasions. Les marchan-
dises sont un peu défraîchies, mais peuvent encore
servir. Grand choix d’actions de la Tour Eiffel (spé-
cialement recommandé). Il ne reste plus que quel-
i ques,.T coupons de cet article, qui a été la grande
mode cette année, et que nous vendons à des prix
extrêmement réduits : nous pouvons donner pour
180 francs, et même pour moins, ce que les naïfs ont
payé 1,000 francs et au-dessus. Profiter de l’occasion ;
dansquelque temps, l’objet, déjà un peu avarié, aura
complètement passé de mode, — en tant que place-
ment,—et ne sera plus mettable... dans les coffres-
forts qui se respectent. Voyez la vinte !

•••Et avec ça, madame? Nous avons encore un lot
de Société Générale. Inusable, cette Société, à la
condition qu’on ne s’en serve pas,—et c’est ce auele
public fait avec enthousiasme.

Préférez vous autre chose? Oui, je vois à votre air
due vous préférez autre chose; vous avez, du reste,
Parfaitement raison. Voici des Banque Parisienne.
Nous pouvons vous livrer pour pas grand’chose tous
les articles de ce rayon. Il a essayé de faire plus
^affaires que le rayon Société Générale, ce qui
uétait d’ailleurs pas bien difficile; mais, par une fa-
i Mté inconcevable, il y a eu énormément d’inven-
aus. Je dis « invendus » et non « rendus ». Bien
ciu elle ne soit pas au coin du quai, la maison ne
r®d pas l’argent de tout achat qui a cessé de plaire.

Et ainsi de suite. Quant aux maisons étran-
ges, elles font comme les nôtres. En Italie, parti-
1 ierement, on bat la grosse caisse à un point que
Ie ne saurais dire, et cela fait d'autant plus de bruit
?ue la grosse caisse est vide. Je profite de l’occasion
1 ^°ur s%nsler aux héritiers de feu Dunan-Mousseux

Prix du Numéro : 25 centimes

LÜNm 2 SEPTEMBRE 1889

ABONNEMENTS

DÉPARTEMENTS

Trois mois. 20 fr.

Six mois. 40 —

Un an. 80 —

L’abonnement d’un an donne droit à la prime gratuit

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique
PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef

ANNONCES

ADOLPHE EW1G, fermier de la publicité
92, Rue Richelieu

CHARIVARI

l’abus que les maisons italiennes font de sa célèbre
réclame :

Enfin ! nous avons fait faillite !

Mais nos maisons financières ne se bornent pas à
écouler de vieux rossignols. Elles préparent aussi
leurs nouveautés d’automne et d’hiver; et la certi-
tude qu’on a à cet égard fait que la clientèle conti-
nue de manifester les meilleures dispositions. 11 est,
n’est-ce pas, toujours agréable de penser qu’on va
pouvoir employer son argent en acquisitions de bon-
nes, solides et profitables marchandises, pareilles à
celles que beaucoup de nos grands établissements
ont âccoutumé d’offrir au public. On s'attend à de
véritables surprises, et on se réserve.

C’est même pour cela que les affaires sont ultia-
calmes en ce moment. La spéculation n’est pas en-
core rentrée, — j’entends la spéculation sérieuse;
et le marché reste aux mains des petits tripoteurs
de quatre sous. Plus embêt,ants qn’on ne pense, ces
petits tripoteurs-là. Ils sont tellement pressés d’en-
caisser leurs bénéfices, que, deux ou trois jours
avant la fin du mois, ils se sont mis à réaliser à toute
vapeur, revendant vivement ce qu’ils s’étaient coti-
sés pour acheter. Comme ces ventes tombaient dans
le vide, les cours s’en sont ressentis un peu plus que
ne le comportait la maigre importance des opéra-
tions faites; et les rentes ont reperdu une partie de
ce qu’elles avaient gagné depuis le commencement
du mois. Fort heureusement, elles avaient pris
une rude avance ; eu sorte que, malgré le recul de la
dernière heure, la part des acheteurs reste superbe.
S’ils se plaignaient, ils seraient vraiment extraordi-
naires! Songez que leur bénéfice est d’environ un
franc, plus ou moins. Si les choses devaient marcher
de ce train, la rente française constituerait un pla-
cement à

Douze pour cent par an!

Ce qui serait trop beau, vous avouerez 1

Mais pour vif qu’ait été le mouvement, il est per-
mis de penser qu’il n’est pas encore tout à fait ter-
miné. Les cours des rentes, encore qu’élevés, sont
loin d’être au niveau où ils se trouvaient au com-
mencement de cette année. Notre situation n’est pas
mauvaise ; la récolte nous met du pain sur la planche,
les vendanges nous permettront de boire autre chose
que de l’eau de la Dhuys, les recettes du Trésor prou-
vent que nos finances sont dans un bon état, les
chemins de fer encaissent une « galette » considé-
rable. Il y a là de quoi encourager le comptaut à
persévérer dans la voie qu’il a suivie jusqu’à pré-
sent; et c’est pour cela que nous croyons qu’il y
aura encore de beaux jours pour les acheteurs.

Pourtant, ne nous emballons pas, surtout sur les
rentes. Elles sont variables comme l’onde, et soumi-
ses à toutes sortes d’influences. La politique exté-
rieure, — et d’une. La politique intérieure, et de
deusss. Ce sont des éléments avec lesquels il faut
bien compter. Je sais bien que tout est assez calme
au dehors ; mais des incidents, ça se produit au mo-
ment où on y pense le moins, et, qu'ils soient sé-
rieux ou non, les rentes se mettent à danser. A l’in-
térieur, nous avons la période électorale. Je ne vais
pas vous parler politique, — soin qui incombe en ce
journal à de beaucoup plus autorisés que moi; mais

il faut pourtant bien que je dise que les discussions
violentes et l’échange des amabilités des polémiques
électorales n’ont généralement pas pour résultat de
pousser le public à se jeter sur les rentes, comme
un dogue sur un os. Et tenez ! voilà encore une rai-
son pour laquelle le public ne s’est pas mis en tra-
vers lorsque, dans les dernières séances du mois, on
a fait reperdre aux cours une partie de l’avance prise
précédemment.

L’épargne, voyez-vous, c’est

Malin comme un singe.

Elle a le temps d’attendre ; les rentes qu’elle a
achetées depuis quelque temps se sont bonifiées, et
elle est très contente. Mais maintenant elle semble
se dire qu’elle a assez acheté pour l’instant. Prudente
comme le rat des champs, elle lâche prise à la moin-
dre alerte, et s’abstient de toucher à une valeur qui
peut être bousculée en raison des circonstances à
l’ordre du jour. Il sera toujours temps de s’occuper
des rentes : laissons-les reposer.

Je ne dis pas que ce raisonuemeut-là soit univer-
sel ; je dis seulement que beaucoup le font. Lapreuve,
c’est que les rentes ont été presque les seules gran-
des valeurs françaises qui aient fléchi cette semaine,
et qui aient eu à déplorer l’absence des achats au
comptant.

Tandis que les chemins de fer, les bonnes Sociétés
industrielles et les premiers établissements de crédit
ont, au contraire, donné lieu à des transactions
suivies. Voyez-vous, la plupart de ces valeurs ne
sont pas à leurs cours. En quelques mois, les rentes
3 0/0 ont gagné une avance de 3 ou 4 0/0. Cette
hausse est justifiée, sans aucun doute. Mais c’est
justement parce qu’elle est justifiée qu’on a eu tort
de laisser en arrière un tas de titres de premier or-
dre, dont la hausse aurait dû se produire logique-
ment en même temps que celle des rentes. Est-ce
que vous croyez que le Crédit Lyonnais est à un
niveau normal ? Beaux bénéfices à réaliser sur cette
excellente valeur. Et

Le Crédit Foncier

croyez-vous qu’il ait gagné, en trois ou quatre mois,
les trois ou quatre pour cent acquis par les rentes?
Non, certes, il ne les a pas gagnés; et le public finit
par dire que ça n’a pas le sens commun. Voilà un
titre qui est à 1,280 francs environ, et qui donne',
tranquillement 62 francs de dividende, — en atten-
dant mieux. A trois ou quatre centimes près, c’est
ni plus ni moins que du cinq pour cent, Et vous vou-
driez que l’action du Crédit Foncier rapportât cinq
pour cent alors que des Sociétés qui ne la vale ' ~
fichtre pas, et d’aucune manière, rapportent moins!

C’est de la folie, et je comprends très bien que le
public revienne à ces actions, tout comme il est re-
venu aux obligations. Les tripoteurs qui ont vendu
ces dernières, vers le mois de mars dernier, et qui
ont entraîné avec eux quelques pauvres niais tou-
jours prêts à gober les bourdes les plus invraisem-
blables, doivent joliment se mordre les doigts à
l’heure qu’il est. Vous n’avez pas fini de rire, mes
gaillards!

Castorine.
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