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Le charivari — 58.1889

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Décembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.23883#1402
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ÏK CHARIVARI

Mais où la différence d’attitude du public a sur-
tout été marquée, ç’a été eu ce qui concerne les
élablissements de crédit. Je laisse de côté ceux du
dehors; on ne s’en est que peu occupé. Je veux
parler seulement de ceux qui nous sont fami-
liers, de ceux dont nous entendons parler à tout
bout de champ, de ceux dont les noms sont cons-
tamment imprimés dans les bulletins financiers. La
Banque de Paris a reculé, la Société Générale a
fléchi, la Banque Parisienne a dégringolé. Gela, dans
une année que les financiers marquent d’une pierre
blanche. Ces établissements font dire par leurs par-
tisans que les cours sont faibles, « circonstance qui
se présente aussi sur tout l’ensemble des Sociétés
de crédit. » J’ai lu celle phrase-là, moi qui vous
parle, et il est probable que vous l’avez lue aussi.

Eh bien, c’est une simple blague. La baisse n’a
frappé que certaines Sociétés de crédit. Les
bonnes, au contraire, sont en avance. Donnez-vous
la peine de vous rappeler le cours que faisait le
Crédit Lyonnais au début de cette année, et com-
parez avec le cours de maintenant : vous constaterez
une augmentation. Faites la même opération en ce
qui cod cerne

Le Crédit Foncier

et vous arriverez à un résultat analogue.

Et pourtant, vous savez s’ils ont été allaqués, ces
deux établissements, — le Crédit Foncier surtout. Il
n'est pas de manœuvres auxquelles on riait eu re-
cours, pas de combinaisons qu’on n’ait inventées.
Cela n'a servi à rien du tout. Et cela prouve qu’il n’y
a pas de ficelles qui tiennent : le public s'est appris
à raisonner avec des chiffres et avec des formules
précises Quand on lui dit que la Banque du Brésil
est une excellente affaire et que le Crédit Foncier en
est une mauvaise, il se prend à réfléchir. Que, pen-
dant ce temps-là, les tripoteurs s’égosillent à faire
monter l’une des valeurs et s'éreintent à faire baisser
la seconde, — cela n’y fait ni chaud ni froi 1 ; le pu-
blic fait ses petits calculs sur ses petits papiers;
et quand sa conviction est assise, quand sa religion
est éclairée, il arrive tout tranquillement, se roule
au milieu des combinaisons compliquées des tripo-
teurs comme un éléphant au milieu d’un las de toiles
d’araignées, et choisit la valeur qui lui plaît.

Il y a des fois que cela coûte bigrement cher aux
tripoteurs. Ils se souviendront longtemps de la fâ-
cheuse frottée qu’i’s ont reçue avec le Crédit Fon-
cier. Rejeter les cours jusqu à 1,170, et ne pas, tout
de même, déterminer de panique I Ne pas se rache-
ter entièrement dans l'espérance que cette panique
finira par arriver, et voir le cours de 1,300 paraître
et disparaître pour faire place au cours de 1,310,
qu’efface le cours de 1,320, qui est rejeté dans l'om-
bre par celui de 1,330, et ainsi de suite. Car il y aura
une suite. Le dividende de cette année sera de 63 fr. I
Quand la Rente se capitalise à 3.40 0/0, quand les
chemins de fer se capitalisent à 4 0/0, quand la
Banque de France se capitalise à 3.75 0/0, on peut
bien, que je pense, capitaliser le Foncier à. 4 1/2 0/0;
et vous n’en trouverez pas des tas, des valeurs de
crédit de l’importance du Foncier qui vous donne-
ront 4 1/2 0/0 de votre argent. Or, à 4 1/2 0/0, l’ac-
tion du Foncier vaut 1,400 francs. Vous voyez que
nous n’y sommes pas encore.

Mais nous y serons bientôt, soyez tranquilles!

Castorine.

D’abord, comme tout enfant de la pudibonde Al-
bion, le homard rougit, —un peu tard, c'est vrai,
— mais il rougit.

De plus, des mélodistes distingués et méticuleux
ont remarqué que, dans le court-bouillon, ce crus-
tacé fait entendre un ronron qui paraît moduler le
Gocl savethe Queen.

Tout cela est péremptoire.

C'est égal, insatiables, oes Anglais ! Ils avaient le
home, il leur faut encore le homard.

Tout pour eux. On finira par leur chanter, paro-
diant un refrain connu :

Ils en ont trop, en Angleterre.

Et pourtant le traité d’Utrecht nous assure les
homards ; notre partie est belle, que diable ! Avec un
pareil traité en mains, on joue sur le velours.

Mais l’Angleterre ne veut en entendre parler que
pour la morue.

Tout à la morue !

— Hélas I s’écrie lamentablement le chœur des vi-
veurs, les crustacés s’en vont ! Les écrevisses sont
sur le point de disparaître, et on nous supprime le
homard !

La mayonnaise est dan3 le marasme. Qu’allons-
nous offrir pour souper aux joyeuses filles de nos
cabinets particuliers?

— De la morue, répond Albion.

— Ça ne serait pas à faire 1 ripostent les aimables
dégrafées.

Et tout le clan des soupeurs se dispose à signer
une pétition énergique :

« Alteniuquela seule patrie du homard est le
trou du rocher où il vit ;

» Que, par suite, ledit homard appartient à celui
qui l’a tiré de l’eau le premier ;

» Arrêtons :

» Le homard est de tous les pays et de tous les
estomacs ;

» Et nous engageons les pouvoirs publics à faire
respecter par nos voisins la liberté des cabinets
particuliers. »

En attendant, les barons rapineau profitent de
l’occasion pour souper, dans les prix doux, avec des
demoiselles.

Quand la petite Turluretle se hasarde à demander
un homard à l’américaine, le rapineau prend un air
désolé, en s’écriant :

— Comment! du homard!... Vous ne savez donc
pas que l’Angleterre a établi le blocus ?

Et pendant que la petite, furieuse, se met à en-
tonner : « Guerre aux tyrans ! s> il fait venir genti-
ment un bœuf nature, avec beaucoup de choux.

Ce n’est pas ruineux, et c’est tout aussi indigeste
que le homard.

Jules Demolliens

APÉRITIF MUGNIER

au Vin de Bourgogne. — FRÉDÉRIC MUGNIER, à Dijon
Médaille d’Or Exp°n üNivile Paris 1889.

PLUME HUMBOLDT^LE=£

ED UL COR 2?maE^P D! A B E TIQUE S

C’est ce qui fait la gravité du cas. Et malheureuse-
ment les choses se passent ainsi presque toujours.

Rappelez-vous les infamies do Citeaux, do Metiray
et les belles défenses présentées par la presse niensè
en faveur des monstres.

Vilain système, mauvais système auquel on ferait
bien de renoncer.

Ou dit partout que Vm/lucnza n’ost pas dangereuse.

C’est très joli, coite plaisanterie-là.

Maiscequ’ou oublie d'ajouter, c’est que les fluxions
de poitrine, qui souvent ont commencé sous forme de
grippe, vont se multipliant avec une abondance impla-
cable.

Simple changement d’étiquette.

Ce qu’il y a de certain, c’est que l’hiver de 1889-90 res-
tera dans les souvenirs conspué et exécré.

Quel vieux drôle !

Aussi la nécrologie ajoulc-t-ello tous les jours de
nouveaux noms à ses listes interminables.

Hier, c’était M. Andral, fils du célèbre médecin.

M. Andrat s’était jeté dans la politique II n'y fut
qu’au second plan.

Fort disgracié sous le rapport des charmes physi-
ques, il avait une intelligence incontestable, mais d’é-
troite portée.

Un libéral réactionnaire, comme l’orléanisme en a
inventé. Le pays ne parviendra jamais à les compren-
dre, ceux-là.

Et ce brave M. Loyal, c’est quelque chose du Paris
moderne qui s’en est allé avec lui.

Ou voyait depuis un quart de siècle s’arrondir sa belle
prestance sur la piste. C’était l’inamovible de la cham-
brière.

Mais la mort ne respecte aucune inamovibilité.

Elle n’a pas môme respecté les millions de M. Le-
baudy.

Quelle jonchée !

Parlons de choses plus gaies.

Brown-Sequard n’a qu’à bien so tenir.

Enfoncées les inoculations régénératrices.

Ii paraît que l’usage régulier de l’Amer Picon n’est
pas seulement un apéritif pour l’appétit, mais aussi...

Et un apéritif qui agit jusqu’aux âges les plus avan-
cés.

Témoin le vieux baron B..., un des habitués du loyer
de la danse, et qui n’hésite pas à attribuer à celle cause
ses tardives victoires.

Emoi artistique.

Il s’agit de savoir si les récompensés de l’Exposition
universelle qui ont reçu leurs médailles en dehors du
jury ordinaire, seront regardés comme exempts.

Le différend a paru trop grave pour être tranché en
dehors de l’Assemblée générale.

Voilà ces pauvres Concerts Favart retoqués.

Ce qui me plonge dans la stupéfaction, c’est quon
puisse loujouis trouver des fonds nour tenter de
pareilles aventures et courir à des faillites inévitables.

Il est vrai qu’en revanche, on n’en trouve pas pour
les bonnes affaires.

Spirituelle compensation.

Illi II011M1II !

CHRONIQUE DU JOUR

Le homard a-t-il une patrie? Si oui, n’en parlons
plus ; c’est l’Angleterre qui est sa patrie, et nous n’a-
vons sur lui aucun droit. Adieu, homards ! Grigno-
tons des crevettes.

Sérieusement, il paraît que nous devons renoncer
au crustacé en question.

C’est à Terre-Neuve que l’Angleterre vient d’affir-
mer son droit de propriété sur tous les homards qui
se promènent au fond de la mer.

On est en train d’échanger, à ce sujet, nombre de
notes diplomatiques ; et l’affaire en est là. Ün ne sait
ce qu’il en adviendra.

Un casits belli ?... Le homard belliqueux, comme
pendant à ta langouste atmosphérique !

L’Auglelei re, pour appuyer sa prétention, aurait
plusieurs raisons convaincantes à donner.

On finit déjuger un curé qui était un joli spécimen
de gredinerie en'tous genres.

U dévalisait les gens qu’il confessait au lit de mort. Il
faisait avorter les filles, après les avoir violées au be-
soin. Il assassinait même ses confrères.

Qu’un pareil scélérat ait existé dans le monde ecclé-
siastique, ce n’est pas cc qui nous étonne. Il y a des
brebis galeuses dans tous les troupeaux. Et nous n’au-
rions aucunement envie d’imiter les feuilles dévoies
qui triomphent quand, par hasard, un instituteur laï-
que est condamné à 25 francs d'amende.

Mais...

Il y a un mais d’une gravité exceptionnelle.

Ce chenapan à soutane aurait dû être désavoué dès
scs premiers foi fait Pas du tout. Il trouva moyen de
se faire protéger. Non seulement on le toléra dans les
rangs du clergé après diverses vilenies, mais encore
d'aucuns lui témoignaient des sympathies inexplica-
bles.

Saint-Potin devait se marier celte semaine. Son der-
nier diner de garçon a eu lieu hier au Café Riche, natu-
rellement.

Un diner exquis, comme on en trouve dans cet eta-
blissement. Tellement exquis que Saint-Potin ne se
marie plus.

A quoi tiennent les destinées I

Dictionnaire de Charenlon :

INVALIDER. — Voter la prise en déconsidération.

C’était un farouche ennemi du piano que M. Lebaudy
qui vient de mourir.

Un jour, après dîner, chez un sénateur, on s’était mis
à faire de la musique.

Soudain la maîtresse de la maison intervient dans le
petit salon où i’on continuait à fumer :

— Messieurs, le pianiste se plaint de ce que vous
parliez pendant qu’il joue.

— Pardon, chcre madame, c’est nous qui devrions
nous plaindre de ce qu’il joue quand nous parlons !

Jean Ralph.
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