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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 3.1924/​1925

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No. 2 (1er novembre 1924)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0057
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LES BONNES PAGES

Le mois des morts en forêt.
Ier Novembre. — Le mois des morts s’ou-
vre... Pour nous il est commencé depuis le mois
d’août 1914. Est-il un seul jour de ces quatre
années qui ne soit marqué d’un large trait de
deuil ? Mais le recueillement de la saison finis-
sante et la liturgie de novembre nous invitent
à rassembler tous nos souvenirs funèbres.
Il a fallu l’existence de nos camps sous bois
pour nous faire connaître la pleine mélancolie
de ces délices mourantes de l’automne.
Jamais les feuilles de la forêt n’avaient été
si belles. Leur teinte d’or a la vivacité d’une
flamme. C’est dans l’éclat de cette suprême
beauté qu’elles s’apprêtent à mourir. Nos amis
sont tombés (je même, au moment où étincelait
toute leur splendeur morale. Comme nos fron-
daisons dans la clarté automnale, la France a
vu, au soleil de la guerre, briller, puis s’éva-
nouir les plus riches couleurs de son âme.
Les feuilles descendent se coucher au pied de
l’arbre dont elles avaient reçu leur sève : elles
la lui rendent en nourrissant ses racines de leur
poussière féconde. La richesse du tronc s’ac-
croîtra de leur sacrifice. Un feuillage nouveau
recevra sa vie de cet évanouissement. Notre
pays, lui aussi, renaîtra par ses morts. Il est
dépouillé aujourd’hui de leur grâce. Mais leur
vertu endormie dans ses sillons, leur substance
absorbée par sa vieille terre y feront éclore,
aux printemps de l’avenir, une jeunesse renou-

velée. Quelle génération puissante enfanteront
les tombes de nos héros !
Ce matin, leurs images nous reviennent dans
une clarté de fête. C’est la Toussaint, l’apo-
théose de la foule anonyme qui a fait le vesti-
bule de son éternité. Chacun des lieux sacrés
devenus l’asile de nos prédestinés à la vie éter-
nelle se fleurit de bouquets et d’espoir.
La joie grave de cette journée s’attendrit
dans une commune de l’arrière où se célèbre la
première communion. Pour la double fête, les
couleurs se heurtent, comme les émotions. Des
visages souriants accompagnent des visages en
larmes. Les fillettes en robes blanches passent
au bras des mamans vêtues de noir. Dans une
famille de paysans qui m’invitent à prendre le
dessert au repas traditionnel, s’assoient à la
même table le grand-père, ses deux filles dont
l’une est veuve depuis les récentes batailles —
l’autre a son mari au front — puis tout autour
une dizaine de marmots. Les deux communiants
occupent la place vide des deux soldats de la
maison ; celui qui a été tué, et celui qui peut
l’être chaque jour.
Avec le sérieux précoce des cœurs qui ont
souffert et que l’épreuve a grandis, ces enfants
renouvellent le soir les engagements de leur
baptême au milieu des soldats qu’attire cette
scène de pureté, d’harmonie religieuse et de
grâce familiale.
Abbé Tellier de Poncheville.

Projections
Brevet élémentaire.
Tracer la ligne de terre puis l’axe vertical et
la ligne de terre auxiliaire. (Projection du plan
de profil.)
Dessiner d’abord l’élévation, puis le plan,
puis les détails et enfin la coupe.
Marquer les traits forts dans le plan et les
cotes.
Echelle de reproduction : 25 0/0.


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