Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 3.1924/​1925

DOI Heft:
No. 5 (1er février 1925)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0119
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Notions d’Esthétique
LE BEAU INTELLECTUEL

Nature. — Le beau intellectuel serait,
selon V. Cousin, «la splendeur du vrai.»
Ailleurs le même auteur écrit : « Les lois
universelles qui régissent les corps, celles
qui gouvernent les intelligences, les
grands principes qui contiennent et en-
gendrent de longues déductions, le gé-
nie qui crée dans l’artiste, le poète ou le
philosophe, tout cela est beau comme
la nature elle-même : voilà ce qu’on
nomme la beauté intellectuelle1. »
Jouffroy définit ainsi le beau intellec-
tuel : « Si, dans un homme, j’aperçois
les signes qui, sur son front, dans ses
yeux, sur son visage, attestent l’activité
de l’intelligence, et si, outre cette acti-
vité, outre le symbole qui la manifeste,
je retrouve le signe qui atteste la facilité
de l’intelligence, je prononce que cet
homme est beau d’une beauté intellec-
tuelle, fût-il laid physiquement, eût-il
toutes les tares possibles. Il suffit que le
signe de l’activité et de la facilité du dé-
veloppement intellectuel paraisse, pour
qu’il soit beau intellectuellement2. »
Pour que la splendeur du vrai nous pro-
cure l’émotion esthétique et mérite le
nom de beauté intellectuelle, il faut que
l’invisible, ici encore, se révèle par un
sensible qui nous permette de le saisir.
La définition de V. Cousin ne sera donc
pleinement acceptable que si l’on admet
que les longues déductions dont il parle
seront représentées comme les créations
de l’artiste, dans des formes sensibles.
« Il faut voir et non seulement com-
prendre. Le fond ne peut pas actuelle-

ment nous toucher sans la forme, l’invi-
sible sans le visible... Il faut absolument,
dans l’état actuel, pour nous émouvoir,
l’alliance de la forme et du fond \ »
Les théories les plus subtiles et les
plus parfaites, les analyses les plus déli-
cates du cœur humain ne nous touche-
ront pas ; elles se borneront à un juge-
ment de l’intelligence si nous ne pouvons
les concréter dans une forme sensible.
Au contraire, ces vérités scientifiques et
métaphysiques nous ravissent quand
elles empruntent le vêtement de la mé-
taphore, de la comparaison et du sym-
bolisme.
La vérité abstraite peut nous appor-
ter la joie de la découverte, le plaisir
subit d’une solution longtemps cher-
chée et qui brille aux yeux de l’esprit
comme un éclair. On comprend l’en-
thousiasme du savant qui se trouve face
à face avec la vérité, et le délire d’Ar-
chimède découvrant la loi de la poussée
des liquides sur les corps immergés ne
nous étonne pas.
« La beauté intellectuelle, écrit encore
le P. Lacouture, réside aussi dans les
âmes. Lorsque nous la trouvons portée
à un tel degré de puissance qu’elle nous
éblouit de ses rayons, nous la saluons du
nom de génie, et les hommes au front
desquels brille cette rare beauté capti-
veraient l’attention des siècles.
Les systèmes philosophiques les plus
profonds, les recherches les plus admira-
bles dans les sciences physiques et natu-
relles, les plus belles découvertes biolo-

1. Jouffroy. Op. cit., 25e leçon.

1. V. Cousin. Du vrai, du bien, du beau, p. 161.
2. Jouffroy. Cours d’esthét., 36e leçon.

— 97 —
 
Annotationen