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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 3.1924/​1925

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No. 6 (1er mars 1925)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0147
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Notions d’Esthétique
LE BEAU MORAL (Suite).

L’acte moral, patriotisme ou dévoue-
ment, accompli sous nos yeux, expose
parfois son auteur à quelque grave dan-
ger ; en ce cas, le sentiment du beau le
cédera sans doute à la crainte du danger
qui menace le héros prêt à succomber.
Lorsque le général de Sonis entraînait
ses jeunes zouaves pontificaux à l’assaut
du village de Loigny sous la bannière du
Sacré-Cœur, il était beau sous la grêle
des balles et des obus avec sa troupe hé-
roïque, mais en le voyant tomber, la
cuisse fracassée, nous aurions perdu le
sentiment de cette beauté. Au contraire,
si la peinture ou la statuaire mettent
sous nos yeux un héros victime de sa
bravoure, si le théâtre nous représente
la scène de son dévouement, nous jouis-
sons en paix de la beauté morale. Aucun
danger ne menace plus réellement l’au-
teur de l’acte qui nous émeut, nous le
savons, et aucune impression doulou-
reuse ne contrarie notre plaisir esthéti-
que. La vue du berger Jupille luttant
avec un loup enragé qui menaçait ses pe-
tits compagnons, nous eût remplis d’ef-
froi ; l’image de cet héroïque combat
que l’on voit à l’institut Pasteur (à Pa-
ris), ne nous cause qu’une tranquille
admiration mêlée à l’émotion esthétique.
Le martyr nous offre, lui aussi, un
exemplaire parfait de la beauté morale.
Sa foi, sa piété, son dévouement à Dieu,
son amour du Christ, son héroïque vo-
lonté soutenue de la grâce victorieuse le
font triompher des tourments. Le sexe
le plus faible, les Cécile, les Agnès, les
Perpétue, et plus près de nous les Jeanne

d’Arc, nous ont donné le spectacle de
cette force de volonté, de cette foi intré-
pide, de cette charité invincible qui font
briller leur visage sous le glaive, au mi-
lieu des bêtes, sur le bûcher, de la beauté
morale la plus noble et la plus sereine.
Lorsque l’art nous représente des
scènes de martyre, nous ne laissons pas
de jouir de l’émotion esthétique devant
l’image des plus affreux tourments.Nous
savons que les douleurs ont pris fin, que
la victime, aujourd’hui glorifiée, n’en-
dure plus aucune souffrance. L’horreur
du supplice ne fait que mettre en relief
la constance du martyr et nous admirons
d’autant plus sa noblesse morale qu’il a
résisté à de plus affreux tourments.
Nctre=Seigneur Jésns=Christ, type de la
beauté morale.
Le plus beau type de beauté morale
que nous puissions concevoir se trouve
réalisé dans la personne de Notre-Sei-
gneur Jésus-Christ. Il fut beau d’une
beauté physique parfaite, c’est le senti-
ment commun. Le Christ, dit saint Jé-
rôme, avait un regard qui portait des
rayons de feu et une lumière céleste ; la
majesté divine brillait sur son front. La
figure du Christ, écrivent les Anciens
Pères, avait beaucoup d’expression.
Ceux qui le voyaient ne pouvaient s’em-
pêcher de l’aimer et en même temps de
le craindre. Ses yeux avaient un charme
inexprimable ; la gravité, la prudence,
la douceur, une clémence inaltérable se
peignaient sur sa figure.
Sur les genoux de l’immaculée Vierge

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