DOI Heft:
No. 11,12 (1er août-sept. 1925)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0289
Notions d’Esthétique
VIII_L’ART.
Définition.
« L’art est la manifestation de l’idéal
par le moyen de la beauté sensible \ »
Or, nous avons vu que l’idéal est une
création de l’esprit conçue comme réa-
lité, mais portant en soi la perfection de
l’idée. On peut donc dire que l’art im-
plique deux éléments toujours unis :
1° Un élément spirituel, l’idée de l’ar-
tiste, la pensée qu’il veut exprimer, son
idéal.
2° Un élément matériel, la part de na-
ture, l’emprunt fait aux formes exté-
rieures, le réel.
Le premier élément, l’idéal, parle à
notre intelligence ; le second, le réel,
parle à nos sens : la vue, l’ouïe, le tou-
cher, et nous permet d’entrer en rap-
port avec la beauté.
Le domaine de l’art embrasse, d’une
part, le monde des idées et des senti-
ments, de l’autre il comprend toute la
nature créée que nous pouvons contem-
pler. Aux beautés de ces deux mondes
réunis, l’art ajoutera une multitude
d’œuvres qui seront la manifestation
d’une idée, d’un idéal sous une forme
sensible créée par l’artiste. Ces œuvres,
mieux que celles de la nature, et à un
degré plus élevé, porteront en elles le
charme de l’infini, de la beauté idéale.
On peut donc encore dire, avec V. Cou-
sin : te L’art est la reproduction libre du
beau, non pas de la seule beauté natu-
relle, mais de la beauté idéale, telle que
1. Voituron. Recherches philosophiques sur la science
du beau.
l’imagination humaine la conçoit à l’aide
des données que lui fournit la nature ».
Selon P. Gaultier « l’art est la nature
interprétée par l’homme, pénétrée et
exprimée par lui. Il est la beauté de la
nature transformée en beauté véritable ;
il est la synthèse de ce qui appartient à
l’artiste et de ce qu’il dérobe au monde
extérieur ou environnant h »
Mario Pilo dit de l’art : « L’art, pour
moi, est l’expression du beau, ni plus,
ni moins. C’est la projection, à l’exté-
rieur, d’une image interne produite par
une excitation externe 2 ». On a encore
défini l’art : « l’ensemble des moyens
réalisateurs de la beauté3. » Platon fai-
sait consister l’art « dans l’expression de
l’invisible par les signes sensibles les plus
beaux 4 ».
L’art diffère du beau qu’il nous mani-
feste. L’art est le moyen ; le beau est le
résultat.
Divers sens du mot art.
L’Académie définit l’art « l’ensemble
des procédés les mieux combinés en vue
d’une fin. » Saint Thomas dit plus sim-
plement : « L’art est la manière de bien
faire ». Cette définition convient à tous
les arts, qu’ils soient industriels et mé-
caniques ou simplement les beaux-arts.
Envisagé au point de vue philosophi-
que, littéraire, scientifique, l’art signi-
fie ce qui a pour objet le beau sensible.
1. P. Gaultier. Le sens de l’art, Hachette, Paris.
2. Mario Pilo. Psychologie du beau, p. 83.
3. Péladan. L’art idéaliste et mystique.
4. Platon. Les lois, liv. VII.
VIII_L’ART.
Définition.
« L’art est la manifestation de l’idéal
par le moyen de la beauté sensible \ »
Or, nous avons vu que l’idéal est une
création de l’esprit conçue comme réa-
lité, mais portant en soi la perfection de
l’idée. On peut donc dire que l’art im-
plique deux éléments toujours unis :
1° Un élément spirituel, l’idée de l’ar-
tiste, la pensée qu’il veut exprimer, son
idéal.
2° Un élément matériel, la part de na-
ture, l’emprunt fait aux formes exté-
rieures, le réel.
Le premier élément, l’idéal, parle à
notre intelligence ; le second, le réel,
parle à nos sens : la vue, l’ouïe, le tou-
cher, et nous permet d’entrer en rap-
port avec la beauté.
Le domaine de l’art embrasse, d’une
part, le monde des idées et des senti-
ments, de l’autre il comprend toute la
nature créée que nous pouvons contem-
pler. Aux beautés de ces deux mondes
réunis, l’art ajoutera une multitude
d’œuvres qui seront la manifestation
d’une idée, d’un idéal sous une forme
sensible créée par l’artiste. Ces œuvres,
mieux que celles de la nature, et à un
degré plus élevé, porteront en elles le
charme de l’infini, de la beauté idéale.
On peut donc encore dire, avec V. Cou-
sin : te L’art est la reproduction libre du
beau, non pas de la seule beauté natu-
relle, mais de la beauté idéale, telle que
1. Voituron. Recherches philosophiques sur la science
du beau.
l’imagination humaine la conçoit à l’aide
des données que lui fournit la nature ».
Selon P. Gaultier « l’art est la nature
interprétée par l’homme, pénétrée et
exprimée par lui. Il est la beauté de la
nature transformée en beauté véritable ;
il est la synthèse de ce qui appartient à
l’artiste et de ce qu’il dérobe au monde
extérieur ou environnant h »
Mario Pilo dit de l’art : « L’art, pour
moi, est l’expression du beau, ni plus,
ni moins. C’est la projection, à l’exté-
rieur, d’une image interne produite par
une excitation externe 2 ». On a encore
défini l’art : « l’ensemble des moyens
réalisateurs de la beauté3. » Platon fai-
sait consister l’art « dans l’expression de
l’invisible par les signes sensibles les plus
beaux 4 ».
L’art diffère du beau qu’il nous mani-
feste. L’art est le moyen ; le beau est le
résultat.
Divers sens du mot art.
L’Académie définit l’art « l’ensemble
des procédés les mieux combinés en vue
d’une fin. » Saint Thomas dit plus sim-
plement : « L’art est la manière de bien
faire ». Cette définition convient à tous
les arts, qu’ils soient industriels et mé-
caniques ou simplement les beaux-arts.
Envisagé au point de vue philosophi-
que, littéraire, scientifique, l’art signi-
fie ce qui a pour objet le beau sensible.
1. P. Gaultier. Le sens de l’art, Hachette, Paris.
2. Mario Pilo. Psychologie du beau, p. 83.
3. Péladan. L’art idéaliste et mystique.
4. Platon. Les lois, liv. VII.