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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 3.1924/​1925

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No. 9 (1er juin 1925)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0233
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Notions d’Esthétique
L’IDEAL (Suite).

Quelques opinions sur l’idéal.
Hégel fait consister l’idéal dans le réel
purifié, rendu conforme à l’idée et l’ex-
primant parfaitement ; c’est l’accord
parfait de l’idée et de la forme sensible.
Pour Jouffroy, l’idéal sera un mélange
du visible et de l’invisible. Il le fait con-
sister dans le choix des traits principaux
d’une chose idéalisée et réduite à l’unité.
L’idéal, c’est le sujet réduit à ses élé-
ments essentiels, c’est l’expression natu-
relle du sujet, simplifiée et éclaircie.
Cousin tire le beau idéal du beau réel
par une abstraction immédiate qui aper-
çoit l’un dans l’autre. « L’idéal, c’est le
réel moins l’individuel ; voilà la diffé-
rence qui les sépare ».
Selon Ricardou, « l’idéal est la pensée
elle-même en tant que, par la transfigu-
ration des images qui la traduisent, elle
s’accroît et tend au mieux. »
Le chanoine Gaborit appelle beau
idéal, celui que nous concevons à l’aide
du réel. Il ajoute : « Pour concevoir le
beau idéal parfait, il nous faudrait con-
naître les types des êtres tels qu’ils ont
été conçus par l’intelligence divine, et
nous ne pouvons prétendre arriver à
cette connaissance; elle n’est possédée
que par Dieu lui-même. »
« Les choses passent du réel à l’idéal,
selon Taine, lorsque l’artiste les repro-
duit en les modifiant d’après son idée ;
et il les modifie d’après son idée lorsque,
concevant et dégageant en elles quelque
caractère notable, il altère systématique-
ment les rapports naturels de leurs par-

ties pour rendre leur caractère plus visi-
ble et plus dominateur x. »
Pour Arthur Loth 2, l’idéal considéré
dans l’artiste « est l’intuition innée du
beau qui est en l’homme ». Considéré
dans les choses, « l’idéal est l’essence du
réel. L’artiste dégagera d’abord le type,
puis il s’élèvera de l’individu au type,
du type à la beauté ».
L’artiste peut=il copier son idéal?
Puisque nous concevons un idéal des
êtres, pourquoi le peintre ne le copie-t-il
pas comme il reproduit les créatures qu’il
a sous les yeux? Gounod nous répond:
« S’il était possible de saisir directement
l’idéal, de le contempler face à face dans
la vision complète de sa réalité, il n’y
aurait plus qu’à le copier pour le repro-
duire, ce qui reviendrait à un véritable
réalisme, supérieur assurément, mais
définitif et qui, du même coup, suppri-
merait chez l’artiste les deux facteurs de
son œuvre : la fonction personnelle qui
constitue son originalité, et la fonction
esthétique qui constitue sa rationalité. »
« Pour le vulgaire, écrit Tonnellé3,
idéaliser c’est embellir. Ainsi un portrait
idéalisé serait un portrait flatté, em-
belli, un portrait menteur ; et voilà pour-
quoi on ne peut se figurer que l’idéal soit
compatible avec la ressemblance. Mais il
en est tout autrement. Idéaliser c’est
tout simplement mettre une idée, en-
fermer une idée dans la forme, faire de
l’objet, matière de l’art, un signe
1. Taine. Philosophie de l’art, II, p. 224.
2. A. Loth. L’Art, pp. 321, 322.
3. Tonnellé. Fragments sur l’art et la philosophie.

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