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Le dessin à l'école et dans la famille: revue d'éducation esthétique — 3.1924/​1925

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No. 8 (1er mai 1925)
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https://doi.org/10.11588/diglit.43075#0205
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Notions d’Esthétique
L’IDEAL

L’idéal moral.
L’idéal peut être considéré au point
de vue moral et au point de vue esthé-
tique.
L’idéal moral consiste Hans un état
de perfection conçu par la raison et que
les Saints Livres nous recommandent :
« Que celui qui est juste devienne plus
juste encore. Soyez parfaits comme
votre Père céleste est parfait. »
Poursuivre l’idéal c’est donc « réali-
ser une ascension sans fin vers la per-
fection absolue, vers F infiniment pos-
sible »1 dont l’essence est de n’être
jamais réalisé. Tendre vers l’idéal, c’est
passer d’un état de perfection à un état
immédiatement supérieur pour tendre
aussitôt vers un état plus parfait encore,
et ainsi sans relâche jusqu’à la perfection
qui s’éloigne à mesure qu’on l’approche.
Cette perfection ne possède sa réalité
absolue qu’en Dieu. Son dernier terme
est dans l’infini. Le beau absolu n'est
que Dieu même.
Remarquons, en passant, que le
Christianisme a refait l’idéal moral en
l’offrant au monde dans la personne de
Notre-Seigneur Jésus-Christ modèle
des prédestinés et dans la figure de la
sainte Vierge Marie et des saints.
L’Eglise catholique a relevé encore
l’idéal moral en renouvelant le merveil-
leux, en ouvrant aux artistes des sources
d’inspiration et de poésie dans ses
dogmes et dans son culte.
L’idéal artistique.
« L’idéal artistique (de idea, idée ;
ou de eido, je vois), est une création
1. Ricardou. De V idéal.

de l’esprit conçue comme réalité, mais
portant en soi les perfections de l’idée1.»
Ricardou définit simplement l’idéal «une
pensée offerte aux yeux dans une image.»
On a dit encore de l’idéal « qu’il est le
réel dégagé des imperfections qu’il a
dans la nature. » Mais comment déga-
ger la réalité de ses imperfections, sinon
en la comparant au type de beauté qui
est en nous, à « cet exemplaire fourni
par la réflexion et le goût » et qui consti-
tue le côté subjectif de l’idéal. Considéré
objectivement, l’idéal « est l’essence du
réel » ; c’est le réel débarrassé de ses
accidents.
Je considère un lis fraîchement épa-
noui. Pour juger de sa beauté, je le com-
pare instinctivement au type du lis que
j’ai dans l’esprit. Sa tige me semble trop
frêle et trop petite. Je l’allonge et la for-
tifie ; je redresse le calice et,de ses pétales
qui se courbent légèrement, je forme,
autour des étamines aux anthères d’or
et du pistil, une conque évasée. Au som-
met de la tige je groupe, en une corbeille
de neige, plusieurs de ces fleurs splen-
dides et des boutons aux belles formes
allongées pleines de promesses. A la réa-
lité objective que j’avais sous les yeux,
j’ai uni l’image subjective du lis que je
porte en moi-même. J’ai dépouillé le
réel de ses imperfections, j’ai accumulé,
dans ce type du lis, tous les genres de
beauté que j’avais rencontrés dans cette
sorte de fleur, j’ai créé le lis idéal.
C’est ainsi que procédait Zeuxis, le
fameux peintre grec. Ayant à représen-
ter la figure d’Hélène il choisit les cinq
1. Habrich. Psychologie pédagogique, Dessain,
Liège, 1914.

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