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https://doi.org/10.11588/diglit.14716#0033
— II —
raie de sol, scènes représentées en plusieurs tableaux qui se superposent dans le même
cadre. Des personnifications, le Jourdain, le Soleil, la Mort, représentée sous les traits
d'un jeune homme assis, la jambe droite posée sur le genou gauche, des animaux,
une gazelle entre deux palmiers, des représentations de villes, Jérusalem et Damas,
dans la Conversion de saint Paul, enlèvent à l'illustration son caractère trop exclusi-
vement dogmatique et solennel. Les attitudes sculpturales, la beauté de la jeunesse,
la placidité des visages aux grands yeux bien ouverts dénotent encore un art qui n'a
pas oublié l'antiquité. Les personnages, patriarches, prophètes, apôtres, évangélistes,
aux épaules larges, à la forte musculature, sont représentés souvent dans l'attitude
franche et solide de l'orateur antique, le corps portant sur la jambe gauche, la droite
écartée, le buste bien de face (Pl. XI, i). Les figures s'alignent aussi dans des poses
monumentales, comme sur une mosaïque, avec des expressions sereines. Telle est la
grande composition décorative où apparaissent en pied la Vierge, Jésus-Christ,
Jean-Baptiste, Zacharie, Élisabeth et les bustes d'Anne et de Siméon figurés dans deux
médaillons (Pl. IX). Les traits caractéristiques de l'œuvre, tendance à l'abstraction,
survivance de l'esprit antique, se reflètent particulièrement sur une miniature (Pl. X).
David, dominé par le buste de Samuel, est assis à côté de Salomon. Au-dessous,
deux danseuses tenant un voile au-dessus de leur tête, ont gardé quelque chose de
la grâce antique. Mais les figures des chœurs, disposées à l'intérieur de cercles, comme
les rayons d'une roue, dénotent un art tout à fait arbitraire, qui s'est déjà éloigné de
l'observation de la nature. Les couleurs claires et brillantes s'enlèvent sur le fond
même du parchemin, avec des tons dégradés et un modelé délicat. Les ombres font
ressortir les parties éclairées d'une lumière qui semble glisser discrètement.
Cette technique brillante qui se manifeste dans les miniatures à personnages, appa-
raîtra aussi dans l'ornement. L'art décoratif occupe déjà une place importante dans les
manuscrits enluminés pendant cette période.
II. — L'ornement.
Pour orner les manuscrits les artistes décorateurs ont utilisé différents éléments.
Us ont emprunté des motifs à l'architecture, à la géométrie, à la flore et à la faune.
Les formes architecturales employées par l'ornemaniste se distinguent par un dessin
linéaire, par l'absence de sol et de perspective, par un tracé qui ne reproduit plus
raie de sol, scènes représentées en plusieurs tableaux qui se superposent dans le même
cadre. Des personnifications, le Jourdain, le Soleil, la Mort, représentée sous les traits
d'un jeune homme assis, la jambe droite posée sur le genou gauche, des animaux,
une gazelle entre deux palmiers, des représentations de villes, Jérusalem et Damas,
dans la Conversion de saint Paul, enlèvent à l'illustration son caractère trop exclusi-
vement dogmatique et solennel. Les attitudes sculpturales, la beauté de la jeunesse,
la placidité des visages aux grands yeux bien ouverts dénotent encore un art qui n'a
pas oublié l'antiquité. Les personnages, patriarches, prophètes, apôtres, évangélistes,
aux épaules larges, à la forte musculature, sont représentés souvent dans l'attitude
franche et solide de l'orateur antique, le corps portant sur la jambe gauche, la droite
écartée, le buste bien de face (Pl. XI, i). Les figures s'alignent aussi dans des poses
monumentales, comme sur une mosaïque, avec des expressions sereines. Telle est la
grande composition décorative où apparaissent en pied la Vierge, Jésus-Christ,
Jean-Baptiste, Zacharie, Élisabeth et les bustes d'Anne et de Siméon figurés dans deux
médaillons (Pl. IX). Les traits caractéristiques de l'œuvre, tendance à l'abstraction,
survivance de l'esprit antique, se reflètent particulièrement sur une miniature (Pl. X).
David, dominé par le buste de Samuel, est assis à côté de Salomon. Au-dessous,
deux danseuses tenant un voile au-dessus de leur tête, ont gardé quelque chose de
la grâce antique. Mais les figures des chœurs, disposées à l'intérieur de cercles, comme
les rayons d'une roue, dénotent un art tout à fait arbitraire, qui s'est déjà éloigné de
l'observation de la nature. Les couleurs claires et brillantes s'enlèvent sur le fond
même du parchemin, avec des tons dégradés et un modelé délicat. Les ombres font
ressortir les parties éclairées d'une lumière qui semble glisser discrètement.
Cette technique brillante qui se manifeste dans les miniatures à personnages, appa-
raîtra aussi dans l'ornement. L'art décoratif occupe déjà une place importante dans les
manuscrits enluminés pendant cette période.
II. — L'ornement.
Pour orner les manuscrits les artistes décorateurs ont utilisé différents éléments.
Us ont emprunté des motifs à l'architecture, à la géométrie, à la flore et à la faune.
Les formes architecturales employées par l'ornemaniste se distinguent par un dessin
linéaire, par l'absence de sol et de perspective, par un tracé qui ne reproduit plus