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L'ÉCLIPSÉ, REVUE
COMIQUE ILLUSTRÉE
7 Janvier 1877.
LES CLICHÉS DU JOUR DE L'AN
A l'année prochaine!
Facétie bi-centenaire, avec laquelle nos jolis far-
ceurs enterrent périodiquement l'année qui s'en va.
Se produit le soir de la Saint-Sylvestre, entre dix
heures et minuit moins cinq.
C'est comme les trois coups sacramentels qui an-
noncent le lever du rideau.
Les messieurs font : « Aïe! » les femmes et les en-
fants : ic Ah!!! » »
Moi, si on me demandait ce que je veux.
C'est encore une formule préliminaire. Elle entre
en circulation dans la huitaine qui précède le jour
de l'an.
Devant un cercle où le sexe fort est en majorité,
une jeune dame s'écrie, comme par manière d'à-pro-
pos :
« Moi, si on me demandait ce que je veux... »
Suit la désignation d'un riche objet de toilette,
sur lequel la jeune dame a jeté son dévolu.
Puis elle ajoute avec un soupir, en regardant ail-
leurs, par exemple du côté de celui qu'elle juge le
plus capable de le lui offrir :
— Mais je sais bien qu'on ne me le donnera pas !
Au cas où la phrase aurait jeté un froid, la jeune
dame s'empresse de réparer de son mieux l'elfet
produit en ajoutant :
— Du reste, je me contenterais très-bien d'un...
ou d'une...
Suivant le genre du nouvel objet de moindre va-
leur qu'elle désigne.
Je vous la souhaite bonne et heureuse.
Phrase consacrée, qui sert au peuple le plus spi-
rituel de la terre à se mentir — je ne dis pas à se
tromper — chaque année pendant vingt-quatre heu-
res sur ses sentiments respectifs.
Dans cette phrase, il semble d'abord que ce soit
le mot a année » qui se sous-entende, mais le fait
est que le sous-entendu est beaucoup plus large.
On pourrait l'exprimer ainsi :
« Ah çà ! vous n'oubliez pas que vous avez quelque
chose à me donner? »
Un coup de chapeau lui sert d'accompagnement.
Ce coup de chapeau n'est pas un « salut, » c'est un
« merci » anticipé.
On y répond par un autre mouvement, qui con-
siste à porter la main droite (à moins qu'on ne soit
gaucher) à la hauteur de la dernière côte, dans
l'incision pratiquée en travers du gilet et con-
nue sous le nom de gousset.
Cette manière de répondre n'est pas gratuite, mais
elle est obligatoire.
Nota. —Pendant cette cruelle épreuve, qui se re-
nouvelle de quatre-vingt-quinze à onze cents fois
dans la journée, suivant les relations, il est indis-
pensable de conserver le sourire aux lèvres.
Accompagnée de plusieurs autres.
Ce cliché, venant s'adjoindre au précédent, est la
marque de prétentions pécuniaires excessives.
On peut quelquefois se tirer avec cent sous de
L'ÉCLIPSÉ, REVUE
COMIQUE ILLUSTRÉE
7 Janvier 1877.
LES CLICHÉS DU JOUR DE L'AN
A l'année prochaine!
Facétie bi-centenaire, avec laquelle nos jolis far-
ceurs enterrent périodiquement l'année qui s'en va.
Se produit le soir de la Saint-Sylvestre, entre dix
heures et minuit moins cinq.
C'est comme les trois coups sacramentels qui an-
noncent le lever du rideau.
Les messieurs font : « Aïe! » les femmes et les en-
fants : ic Ah!!! » »
Moi, si on me demandait ce que je veux.
C'est encore une formule préliminaire. Elle entre
en circulation dans la huitaine qui précède le jour
de l'an.
Devant un cercle où le sexe fort est en majorité,
une jeune dame s'écrie, comme par manière d'à-pro-
pos :
« Moi, si on me demandait ce que je veux... »
Suit la désignation d'un riche objet de toilette,
sur lequel la jeune dame a jeté son dévolu.
Puis elle ajoute avec un soupir, en regardant ail-
leurs, par exemple du côté de celui qu'elle juge le
plus capable de le lui offrir :
— Mais je sais bien qu'on ne me le donnera pas !
Au cas où la phrase aurait jeté un froid, la jeune
dame s'empresse de réparer de son mieux l'elfet
produit en ajoutant :
— Du reste, je me contenterais très-bien d'un...
ou d'une...
Suivant le genre du nouvel objet de moindre va-
leur qu'elle désigne.
Je vous la souhaite bonne et heureuse.
Phrase consacrée, qui sert au peuple le plus spi-
rituel de la terre à se mentir — je ne dis pas à se
tromper — chaque année pendant vingt-quatre heu-
res sur ses sentiments respectifs.
Dans cette phrase, il semble d'abord que ce soit
le mot a année » qui se sous-entende, mais le fait
est que le sous-entendu est beaucoup plus large.
On pourrait l'exprimer ainsi :
« Ah çà ! vous n'oubliez pas que vous avez quelque
chose à me donner? »
Un coup de chapeau lui sert d'accompagnement.
Ce coup de chapeau n'est pas un « salut, » c'est un
« merci » anticipé.
On y répond par un autre mouvement, qui con-
siste à porter la main droite (à moins qu'on ne soit
gaucher) à la hauteur de la dernière côte, dans
l'incision pratiquée en travers du gilet et con-
nue sous le nom de gousset.
Cette manière de répondre n'est pas gratuite, mais
elle est obligatoire.
Nota. —Pendant cette cruelle épreuve, qui se re-
nouvelle de quatre-vingt-quinze à onze cents fois
dans la journée, suivant les relations, il est indis-
pensable de conserver le sourire aux lèvres.
Accompagnée de plusieurs autres.
Ce cliché, venant s'adjoindre au précédent, est la
marque de prétentions pécuniaires excessives.
On peut quelquefois se tirer avec cent sous de
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
La jument du père Duflou
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)