30 Décembre 1877. L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
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chaque vers. Ces pièces d'écriture ne se plient point en forme
de lettres; on les route, on les attache avec un ruban; ii faut
réciter le compliment en présentant le papier.
A la suite de ces observations préliminaires vien-
nent les exemples en prose et en vers.
Voici ce que récitent les bébés à leurs parents :
Compliment d'un jeune enfant à son père pour le
jour de l'an.
Arrière les grands mots et les phrases guindées
Dont est borné tout fade compliment 1
Un siècle composé des plus belles années,
C'est pour toi, cher papa, mon vœu de nouvel an.
Compliment d'une demoiselle à sa mère en lui en-
voyant ou lui présentant un ouvrage à l'aiguille, pour
le jour de l'an.
Des grands discours, l'allure mensongère
Ne saurait exprimer les tendres sentiments
Que j'éprouve, maman, en ce jour si prospère;
Aussi ai-je eu recours à mes faibles talents.
Ce qui rend surtout cet ouvrage précieux, c'est le
ton simple et naturel des lettres. Ainsi l'auteur ne
manque guère l'occasion de glisser adroitement des
phrases comme celle-ci : « Ce que j'écris, mon cœur
le dicte ; » ou bien encore : « Ce que l'on sent bien
s'exprime sans effort. » Naturellement, quand il n'y
a qu'à copier, ça va tout seul.
Lorsqu'une jeune fille écrit à son parrain, elle ne
doit pas manquer de chercher à la page 42 : « Vous
saurez distinguer mes souhaits de ces compliments aux-
quels le cœur n'a pas la moindre part. »
La lettre suivante est un monument littéraire. On
ne la lira pas sans émotion. Elle fait rêver... on veut
la relire :
Lettre d'une jeune fille à un protecteur, pour le jour
de l'an.
Monsieur et généreux protecteur,
Vous m'avez comblée de tant de bienfaits que je ne sais
comment vous en témoigner toute ma reconnaissance; mais
votre indulgence m'encourage à profiter du jour de l'an pour
tenter de vous offrir l'expression de mes sentiments. Tous mes
vœux sont pour vous, et je sens que je ne cesserai pas d'être
heureuse tant que vous me conserverez l'intérêt dont vous
m'avez donné de si grandes preuves ; aussi mes efforts ten-
dront-ils toujours à m'en rendre digne, car la dette que vos
bienfaits m'ont fait contracter envers vous est de celles qui
ne s'acquittent jamais. Mon attachement pour vous est inal-
térable, et ce sera toujours avec une véritable joie que je
saisirai l'occasion de me dire
Votre reconnaissante et respectueuse protégée.
(Date.) (Signature.)
Les réponses sont en harmonie avec les envois. La
même lettre peut servir pour tous les gens qu'on
connaît. On agrée les vœux, les souhaits, etc. On a
éprouvé de la satisfaction, etc. Les personnes sans
instruction doivent copier textuellement, et ne pas vo-
ler de leurs prop?'es ailes. Icare est là.
Ce qui dui doit offrir un spectacle bien attendris-
sant, c'est sans doute un père et un fils, séparés par
une grande distance, la mer peut-être, et qui achè-
tent le même volume :
« Cher Papa,
« Tu connais mon respect filial, ma tendresse inal-
térable, etc. »
u Cher enfant,
« J'ai reçu ta lettre, qui est à la page 18 de ta Cor-
beille de fleurs ; tu trouveras ma réponse page 62.
« Ton père affectionné. »
T.
DEUX MINUTES TROP TARD ! (suite).
. Affreux cordonnier! je ne pourrai jamais entrer
ces bottines.
— Damnée blanchisseuse ! trop d'empois. — Un accroc ! il ne me manquait plus que cela ;
je vais manquer le train.
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chaque vers. Ces pièces d'écriture ne se plient point en forme
de lettres; on les route, on les attache avec un ruban; ii faut
réciter le compliment en présentant le papier.
A la suite de ces observations préliminaires vien-
nent les exemples en prose et en vers.
Voici ce que récitent les bébés à leurs parents :
Compliment d'un jeune enfant à son père pour le
jour de l'an.
Arrière les grands mots et les phrases guindées
Dont est borné tout fade compliment 1
Un siècle composé des plus belles années,
C'est pour toi, cher papa, mon vœu de nouvel an.
Compliment d'une demoiselle à sa mère en lui en-
voyant ou lui présentant un ouvrage à l'aiguille, pour
le jour de l'an.
Des grands discours, l'allure mensongère
Ne saurait exprimer les tendres sentiments
Que j'éprouve, maman, en ce jour si prospère;
Aussi ai-je eu recours à mes faibles talents.
Ce qui rend surtout cet ouvrage précieux, c'est le
ton simple et naturel des lettres. Ainsi l'auteur ne
manque guère l'occasion de glisser adroitement des
phrases comme celle-ci : « Ce que j'écris, mon cœur
le dicte ; » ou bien encore : « Ce que l'on sent bien
s'exprime sans effort. » Naturellement, quand il n'y
a qu'à copier, ça va tout seul.
Lorsqu'une jeune fille écrit à son parrain, elle ne
doit pas manquer de chercher à la page 42 : « Vous
saurez distinguer mes souhaits de ces compliments aux-
quels le cœur n'a pas la moindre part. »
La lettre suivante est un monument littéraire. On
ne la lira pas sans émotion. Elle fait rêver... on veut
la relire :
Lettre d'une jeune fille à un protecteur, pour le jour
de l'an.
Monsieur et généreux protecteur,
Vous m'avez comblée de tant de bienfaits que je ne sais
comment vous en témoigner toute ma reconnaissance; mais
votre indulgence m'encourage à profiter du jour de l'an pour
tenter de vous offrir l'expression de mes sentiments. Tous mes
vœux sont pour vous, et je sens que je ne cesserai pas d'être
heureuse tant que vous me conserverez l'intérêt dont vous
m'avez donné de si grandes preuves ; aussi mes efforts ten-
dront-ils toujours à m'en rendre digne, car la dette que vos
bienfaits m'ont fait contracter envers vous est de celles qui
ne s'acquittent jamais. Mon attachement pour vous est inal-
térable, et ce sera toujours avec une véritable joie que je
saisirai l'occasion de me dire
Votre reconnaissante et respectueuse protégée.
(Date.) (Signature.)
Les réponses sont en harmonie avec les envois. La
même lettre peut servir pour tous les gens qu'on
connaît. On agrée les vœux, les souhaits, etc. On a
éprouvé de la satisfaction, etc. Les personnes sans
instruction doivent copier textuellement, et ne pas vo-
ler de leurs prop?'es ailes. Icare est là.
Ce qui dui doit offrir un spectacle bien attendris-
sant, c'est sans doute un père et un fils, séparés par
une grande distance, la mer peut-être, et qui achè-
tent le même volume :
« Cher Papa,
« Tu connais mon respect filial, ma tendresse inal-
térable, etc. »
u Cher enfant,
« J'ai reçu ta lettre, qui est à la page 18 de ta Cor-
beille de fleurs ; tu trouveras ma réponse page 62.
« Ton père affectionné. »
T.
DEUX MINUTES TROP TARD ! (suite).
. Affreux cordonnier! je ne pourrai jamais entrer
ces bottines.
— Damnée blanchisseuse ! trop d'empois. — Un accroc ! il ne me manquait plus que cela ;
je vais manquer le train.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Deux minutes trop tard! (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 10.1877, S. 2_211
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg