N° 12. '' Rethel, le 11 Janvier 1915.
GAZETTE DES ARDENNES
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Nous avons démontré, dans un article de la * Gazette des
Antennes » du n= 11, de quelle façon les diplomates anglais
prennent soin des besoins économiques de leur patrie, et il
faut leur concéder que leur point de vue, tout partial qu'il
soit, ne manque pas de patriotisme
Mais précisément les provocateurs les plus actifs de la
guerre, en Angleterre, n'ont même pas pour eux l'excuse
de l'amour de la patrie. Ils travaillent uniquement pour
leur intérêt personnel, comme il ressort d'une polémique,
* dirigée par le « Daily News « contre Lord Northcliffe et ses
organes de presse tels que le « limes ». le * Daily Mail » et
le Evening News « Cette polémique démontre, avec une
clarté effrayante, où l'on doit chercher les vrais instigateurs
de la guerre et par quelles mains l'opinion publique se forme
en Angleterre. ,
Lord Northcliffe y est devenu par ses propres efforts une
des personnalités les plus redoutées. La meilleure preuve
de l'étendue et des ramifications de ses relations les plus
secrètes est - le mystère du Livre jaune », comme l'appelle
le à Daily Chronicle ».
La publication anglaise du livre jaune (Officiel français),
y compris les droits d'auteur pour l'Angleterre et l'Amé-
rique, a été concédée par le Gouvernement français au
journal le « Times », qui a édité le volume à 2 fr 50. alors
que le Livre bleu anglais avait été publié à 10 centimes. Aussi
le gouvernement britannique, — avec son habituel manque
d'égards pour les droits d'autrui - a-t il passé outre aux
droits de propriété privée acquis si étrangement sur un
bien public par le journal de Lord Northclille. Il a fait
retraduire le livre jaune par le Foreign Olïlce et vient «e
le mettre en vente au prix d'un penny (10 centimes)
Dans une brochure composée de citations empruntées à
ses journaux, Lord Northcliffe avait essayé de prouver qu'il
avait été bon prophète et avait bien prédit.la guerre.
Comme réponse - dans le Daily News du 5 décembre —
une lettre ouverte lui est adressée, qui nous démontre élo-
quemment à quelle sorte d'homme nous avons à faire. Nous
apprenons que ses attaques changent de but d'un jour à
l'autre, et qu'il s'érige toujours en défenseur de ce qui est
justement populaire, car son opinion se forme uniquement
d'après le tirage de ses journaux.
Il n'a pas prédit la guerre, parce qu'il savait qu'elle
viendrait, mais il a tout fait pour la faire éclater. La néces-
sité nour la patrie n'a jamais été son mobile, mais une
sensation quelle qu'elle soit augmente le tirage et c'est
pourquoi la guerre est le thème favori de Lord Northcliffe.
C'est ainsi qu'il a prêché, l'une après l'autre, la guerre
contre les Boers, contre la France, la Russie, l'Allemagne et
même la guerre civile d'Ulster Le - Daily News » lui dit
textuellement :
» Si l'on parvenait a découvrir chez vous. Lord
Northcliffe, au moins une haine invétérée et honnête, vous
feriez moins piteuse figure dans le monde Mais, lorsque
vous prêchiez la guerre conti e les Boers, ce n'était pas
parce que vous aimiez l'Angleterre ou haïssiez les Boers;
vous vouliez seulement vendre beaucoup de journaux.
Lorsque vous prêchiez la guerre contre la France et disiez
que nous devions l'étouffer dans le sang et la fange et donner
ses colonies à l'Allemagne, ce n'était pas une antipathie
profonde qui vous faisait parler, mais vous spéculiez sur les
passions de la populace. Lorsque après l'incident de la Mer
du Nord, vous appeliez à grands cris les représailles contre
la Russie, vous saviez mieux que tout autre, qu'il s'agissait
d'une simple erreur, mais vous saviez aussi que les cris de
guerre sont une excellente réclame pour vos journaux.
Loi-sque vous enclusiez le " Kaiser », le nommiez le seul ami
dans la détresse et plaidiez pour une alliance avec l'Alle-
magne, vous vouliez seulement rendre plus éloquents vos
cris de guerre contre la France
En un mot. vous êtes depuis plus de vingt ans. un incen-
diaire du journalisme, un homme prêt à mettre le monde à
feu et à sang pour faire une réclame à vos journaux. L'année
dernière même, vous publiiez une glorification de l'empe-
reur, parliez de l'estime dont ii jouit partout et vantiez son
amour de la paix Si cet état de choses a change maintenant,
la faute en incombe seulement à votre presse provocatrice,
car pour vous, Lord Northcliffe. la haine des peuples n'est
rien qu'un moyen de taire des affaires. »
Tel est l'homme le plus influent de la presse anglaise,
tel qu'il est vu par ses compatriotes même et l'on compren-
dra maintenant la bassesse et la mauvaise foi des journaux
qui sont sous son égide et ont déjà empoisonné la population
entière
Espérons que les temps ne sont plus loin où tous les
autres politiciens commerçants seront également rais au
pilori et où les peuples apprendront a se rendre compte par
eux-mêmes quels sont les buts de leurs * amis ».
BULLETINS OFFICIELS
Grand Quartier général, le 6 Janvier 1915, avant-midi
Théâtre de la guerre à l'ouest. — Les Français continuèrent
hier le bombardement des localités derrière notre front, conforme
à leur plan méthodique. S'ils privent, de cette façon, leurs propres
compatriotes de leurs maisons, ou s'ils les tuent, cela leur semble
être indifférent ; quant a nous, le bombardement nous uuit peu.
Près de Souain et dans la forêt des Argonnes, nous nous sommes
emparés de plusieurs tranchées ennemies; nous repoussâmes plu-r
sieurs attaques ennemies et fîmes 2 officiers et plus de 200 hommes
prisonniers. Sur la hauteur à l'ouest de Sennheim, où il v avait
déjà eu beaucoup de combats, les Français reprirent pied hier,
mais ils en furent chassés par une violente attaque à la baïonnette et
n'osèrent plus de nouvelles poussées en avant. 50 chasseurs alpins
furent faits prisonniers par nous.
Théâtre, de la guerre à l'est. — A la frontière de l'est et en
Pologne septentrionale, pas de changement hier. En Pologne, à
l'ouest de la Vistule, nos troupes, après avoir enlevé plusieurs
points d'appui ennemis pénétrèrent jusqu'au secteur de Sucha.
1,400 prisonniers et 9 mitrailleuses restèrent dans nos mains.
A la rive est de la Pilica, la situation est stationnaire. « ,
Grand Quartier géoéral. le T Janvipr 191$.
Théâtre de /a guerre à l'Ouest. — Les Anglais et les Français
continuèrent la destruction des localités belges et françaises der-
rière notre front En ce moment, au nord d'Arras, il y » encore
des luttes acharnées pour la possession de tranchées prises d'assaut
hier par nous.
Dans la partie ouest des Argonnes, nos troupes ont fait des pro-
grès. L'attaque prononcée le h janvier dans .ta partie Est des
Argonnes iBois-(Jourte-Chau?.sei. est parvenue jusque dans nos tran-
chées ; l'adversaire fut cependant chassé sur toute la ligne de nos
positions avec des pertes très graves. Nos pertes sont relativement
minimes.
A l'ouest de Sennheim, les Français essayèrent hier au soir de
reprendre la hauteur 4îS; leurs attaques échouèrent suus notre feu,
et la hauteur resta dans nos mains. '
Théâtre de la guerre à l'Est. — l'as de changement à l'est. Le
temps, qui est très mauvais, contraria la continualion de nos opé-
rations. Tout de même, nos attaques progressèrent lentement.
GAZETTE DES ARDENNES
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
Nous avons démontré, dans un article de la * Gazette des
Antennes » du n= 11, de quelle façon les diplomates anglais
prennent soin des besoins économiques de leur patrie, et il
faut leur concéder que leur point de vue, tout partial qu'il
soit, ne manque pas de patriotisme
Mais précisément les provocateurs les plus actifs de la
guerre, en Angleterre, n'ont même pas pour eux l'excuse
de l'amour de la patrie. Ils travaillent uniquement pour
leur intérêt personnel, comme il ressort d'une polémique,
* dirigée par le « Daily News « contre Lord Northcliffe et ses
organes de presse tels que le « limes ». le * Daily Mail » et
le Evening News « Cette polémique démontre, avec une
clarté effrayante, où l'on doit chercher les vrais instigateurs
de la guerre et par quelles mains l'opinion publique se forme
en Angleterre. ,
Lord Northcliffe y est devenu par ses propres efforts une
des personnalités les plus redoutées. La meilleure preuve
de l'étendue et des ramifications de ses relations les plus
secrètes est - le mystère du Livre jaune », comme l'appelle
le à Daily Chronicle ».
La publication anglaise du livre jaune (Officiel français),
y compris les droits d'auteur pour l'Angleterre et l'Amé-
rique, a été concédée par le Gouvernement français au
journal le « Times », qui a édité le volume à 2 fr 50. alors
que le Livre bleu anglais avait été publié à 10 centimes. Aussi
le gouvernement britannique, — avec son habituel manque
d'égards pour les droits d'autrui - a-t il passé outre aux
droits de propriété privée acquis si étrangement sur un
bien public par le journal de Lord Northclille. Il a fait
retraduire le livre jaune par le Foreign Olïlce et vient «e
le mettre en vente au prix d'un penny (10 centimes)
Dans une brochure composée de citations empruntées à
ses journaux, Lord Northcliffe avait essayé de prouver qu'il
avait été bon prophète et avait bien prédit.la guerre.
Comme réponse - dans le Daily News du 5 décembre —
une lettre ouverte lui est adressée, qui nous démontre élo-
quemment à quelle sorte d'homme nous avons à faire. Nous
apprenons que ses attaques changent de but d'un jour à
l'autre, et qu'il s'érige toujours en défenseur de ce qui est
justement populaire, car son opinion se forme uniquement
d'après le tirage de ses journaux.
Il n'a pas prédit la guerre, parce qu'il savait qu'elle
viendrait, mais il a tout fait pour la faire éclater. La néces-
sité nour la patrie n'a jamais été son mobile, mais une
sensation quelle qu'elle soit augmente le tirage et c'est
pourquoi la guerre est le thème favori de Lord Northcliffe.
C'est ainsi qu'il a prêché, l'une après l'autre, la guerre
contre les Boers, contre la France, la Russie, l'Allemagne et
même la guerre civile d'Ulster Le - Daily News » lui dit
textuellement :
» Si l'on parvenait a découvrir chez vous. Lord
Northcliffe, au moins une haine invétérée et honnête, vous
feriez moins piteuse figure dans le monde Mais, lorsque
vous prêchiez la guerre conti e les Boers, ce n'était pas
parce que vous aimiez l'Angleterre ou haïssiez les Boers;
vous vouliez seulement vendre beaucoup de journaux.
Lorsque vous prêchiez la guerre contre la France et disiez
que nous devions l'étouffer dans le sang et la fange et donner
ses colonies à l'Allemagne, ce n'était pas une antipathie
profonde qui vous faisait parler, mais vous spéculiez sur les
passions de la populace. Lorsque après l'incident de la Mer
du Nord, vous appeliez à grands cris les représailles contre
la Russie, vous saviez mieux que tout autre, qu'il s'agissait
d'une simple erreur, mais vous saviez aussi que les cris de
guerre sont une excellente réclame pour vos journaux.
Loi-sque vous enclusiez le " Kaiser », le nommiez le seul ami
dans la détresse et plaidiez pour une alliance avec l'Alle-
magne, vous vouliez seulement rendre plus éloquents vos
cris de guerre contre la France
En un mot. vous êtes depuis plus de vingt ans. un incen-
diaire du journalisme, un homme prêt à mettre le monde à
feu et à sang pour faire une réclame à vos journaux. L'année
dernière même, vous publiiez une glorification de l'empe-
reur, parliez de l'estime dont ii jouit partout et vantiez son
amour de la paix Si cet état de choses a change maintenant,
la faute en incombe seulement à votre presse provocatrice,
car pour vous, Lord Northcliffe. la haine des peuples n'est
rien qu'un moyen de taire des affaires. »
Tel est l'homme le plus influent de la presse anglaise,
tel qu'il est vu par ses compatriotes même et l'on compren-
dra maintenant la bassesse et la mauvaise foi des journaux
qui sont sous son égide et ont déjà empoisonné la population
entière
Espérons que les temps ne sont plus loin où tous les
autres politiciens commerçants seront également rais au
pilori et où les peuples apprendront a se rendre compte par
eux-mêmes quels sont les buts de leurs * amis ».
BULLETINS OFFICIELS
Grand Quartier général, le 6 Janvier 1915, avant-midi
Théâtre de la guerre à l'ouest. — Les Français continuèrent
hier le bombardement des localités derrière notre front, conforme
à leur plan méthodique. S'ils privent, de cette façon, leurs propres
compatriotes de leurs maisons, ou s'ils les tuent, cela leur semble
être indifférent ; quant a nous, le bombardement nous uuit peu.
Près de Souain et dans la forêt des Argonnes, nous nous sommes
emparés de plusieurs tranchées ennemies; nous repoussâmes plu-r
sieurs attaques ennemies et fîmes 2 officiers et plus de 200 hommes
prisonniers. Sur la hauteur à l'ouest de Sennheim, où il v avait
déjà eu beaucoup de combats, les Français reprirent pied hier,
mais ils en furent chassés par une violente attaque à la baïonnette et
n'osèrent plus de nouvelles poussées en avant. 50 chasseurs alpins
furent faits prisonniers par nous.
Théâtre, de la guerre à l'est. — A la frontière de l'est et en
Pologne septentrionale, pas de changement hier. En Pologne, à
l'ouest de la Vistule, nos troupes, après avoir enlevé plusieurs
points d'appui ennemis pénétrèrent jusqu'au secteur de Sucha.
1,400 prisonniers et 9 mitrailleuses restèrent dans nos mains.
A la rive est de la Pilica, la situation est stationnaire. « ,
Grand Quartier géoéral. le T Janvipr 191$.
Théâtre de /a guerre à l'Ouest. — Les Anglais et les Français
continuèrent la destruction des localités belges et françaises der-
rière notre front En ce moment, au nord d'Arras, il y » encore
des luttes acharnées pour la possession de tranchées prises d'assaut
hier par nous.
Dans la partie ouest des Argonnes, nos troupes ont fait des pro-
grès. L'attaque prononcée le h janvier dans .ta partie Est des
Argonnes iBois-(Jourte-Chau?.sei. est parvenue jusque dans nos tran-
chées ; l'adversaire fut cependant chassé sur toute la ligne de nos
positions avec des pertes très graves. Nos pertes sont relativement
minimes.
A l'ouest de Sennheim, les Français essayèrent hier au soir de
reprendre la hauteur 4îS; leurs attaques échouèrent suus notre feu,
et la hauteur resta dans nos mains. '
Théâtre de la guerre à l'Est. — l'as de changement à l'est. Le
temps, qui est très mauvais, contraria la continualion de nos opé-
rations. Tout de même, nos attaques progressèrent lentement.