S* iiuiM it gttm. — N" 77.
Prix : B Centimes. — Avec Supplément jkiU it 1» Liait du Friscanitrs) : 10 Centimes
Chnrleville, le 26 Àoùfl9l5.
Gazette des Ardennes
JOURNAL CES PAYS OCCUPES PARAISSANT DEUX FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de posto
DISCOURS DU CHANCELIER DE L'EMPIRE
Prononcé par IVI. -voix BETtïM A. IV r*J - IHC O T_jT_j"VVE g- cievaint le Reichstag allemand
A LA SÉANOE DE OTJEDR,E.H: EU 1© AOUT 1915
lltssiRins,
Depuis voire dernière réunion, de grandi événements
françaises, entreprises au prix d'immenses sacrilir.es humai
l'Ouest, onl échoue devant la persévérance tei----
ennemi qui croyait pouvoir
mpai
l passé». Toules les tentatives
vue d'enfoncer notre front de
lillantcs troupes. L'Italie, le nouvel
t du bien étranger convoité, a été brillnmment
repoussêe jusquici, malgré la supériorité numérique, malgré les cruels sacrilices eu existences
'humaines — doublement inutiles! — devant lesquels elle n'a nus reculé. Inébranlée et iné-
Iroiilable, l'armée turque garde le front des Dardanelles. Nous saluons nos fidèles Alliés et nous
envoyons aussi nos pensées à l'auguste Souverain de la Monarchie danubienne, qui est entré hier
dans sa 813' année.
Partont où nous avons nous-mêmes pris l'offensive, nous avons battu et rejeté l'ennemi,
■fions possédons, n\cc nos Alliés, presque toute la Galicie et presque toute la Pologne, nous avons
délivré des Russes la Litbuanie et lu Courlande ;-lwangoroil, Varsovie, Kowno sont tombés. Nous
maintenons loin au delà de nos frontières notre solide rempart en plein territoire ennemi. Nous
disposons de lortes armées prêtes i porter de nouveaux coups. Fiers et sans crainte, nous pouvons
envisager l'avenir.
Au milieu des terreurs de la guerre, nous nous souvenons avec reconnaissance de l'humanité .
active que noua ont témoignée les litnts neutres Toisins, lunt au retour des civile des pays ennemis
qu'il l'occasion doTéclMIge lie prisonniers de guerre. En Suisse toules les classes de la population,
Jepuis Genève jusqu'à la trontière allemande, ont rivalisé, lors du deuxième échange de prison-
niers ay«c la France, pour taire oublierautant que possible ù nos valeureux guerriers les terribles
souffrances passées.
Les Pays-Bas ont donné, pour la seconde fois, avec dévouement et charité, leurs soins aux
grands blessés revenant d'Angleterre, et le premier échange de prisonniers effectué avec la Russie
a démontré, une fois de plus, lors de.ee long voyage à travers la Suède, que la charité et la
philanthropie du peuple et du gouvernement suédo'is ne peuvent être surpassées. J'exprime ici à
ces trois nations la profonde reconnaissance du peuple allemand. J'y joins en même temps un
mol de sincère gratitude pour Sa Sainteté te Pape, qui témoigna son infatigable sympathie à
l'idée de l'échange des prisonniers et à tant d'autres œuvres humanitaires pendant celle
guerre, qui « pris à leur exécution la part la plus active et la plus méritoire, et qui, récem-
ment encore, e contribué par un don généreux S soulager les souffrances de nos compatriotes
de la Prusse orientale. ■ ■■ . - J
. _ Messieurs! ttas adversaires cluu-jjiiiU leur conscience d'une immense dette-de sa ngrea-t rompant '.
leurs peuples sur la véritable situation. La où ils ne nient pas leurs défaites, ils se servent de nos
victoires pour accumuler contre nous de nouvelles calomnies ; nous n'aurions vaincu dans la pre-
mière année de guerre que parce que nous avions depuis longtemps préparé hypocritement cetto
guerre, lundis qu'eux n'y éiaicul-pas prêts en raison de leur innocent amour de la paix ! Avant
ies événements, on ne parlait pas ainsi f Vous vous souvenez des articles belliqueux que le minisire
de la gut'Tt russe iit répandre dans la presse au printemps de 1ui t el dans lesquels il faisait
parade île lu préparation complète de l'armée russe. Vous vous souvenei du langage orgueilleux et
evuveul provocant dont usa ta France dans tes dernières années. Vous savei que la Fiance, eltaque
fois qu'elle paurooyaU aux besoins financiers ds ta Russie, stipula que la plus grande partie de'
l'emprunt devait être employée aux fournitures de la guerre.
Et V Angle terre'. Le 3 aollt de l'année dernière. Sir Edward Grey déclara au Parlement
anglais : Avec iiMre nulle puissante, qui, je crois, peut protéger noire commerce, nos côtes et
nos intérêts, si nous prenons part u in guerre, nous n'en souffrirons guère plus que si nous
restions en dehors.
L'homme qui parle ainsi, sur un Ion aussi inconcevable dans sa froideur commerciale, la veille
même de sa propre déclaration de pierre et qui dirige d'après ces principes non seulement sa
propre politique mais aussi celle de ses Alliés, ne peut le faire qu'en sacliaut que ses Alliés sont
p<éts Hais il est compréhensible, Messieurs, que nos adversaires clusrclient a se décharger de la
responsabilité de celte guerre ! , v.
J'ai déjà e\\>oiè ici même devant le fteichstng, lorsque la guerre éclata et encore en décembre
de l'année ueruiére, l'enchaînement des faits. Tout ce qui a été publié depuis en est simplement
la confirmation. - . ,
Entre temps, l'Angleterre elle-même a abandonné la fable que ce fut à cause de la Belgique
seulement qu'elle prit part h la guerre. Elle ne pouvait plus la soutenir. Et les petites nations ne
peuvent plus guère croire que l'Angleterre et ses Alliés font la guerre pour les protéger et pour
protéger la liberté, et la civilisation.
r mer. Les marchandises deslt-
L'Angleterre étrangle le plus possible le c_____
nées i l'Allemagne ne peuvent plus être-chargées t bord de nu..,„ ,
•ont obligés, en haute mer, de prendre des équipages anglais a burd et d'obéir à leurs ordres.
L'Angleterre, sans hésitation, occupe des V.es grecques parce que cela convient ù ses opérations
militaires, et avec ses alliés elle veut contraindre la Grèce neutre & faire des cessions territoriales
dans le but de gagner lu Bulgarie a sa cause. '
En Pologne, la Russie qui combat avec ses Alliés . pour la liberté des peuples », dévaste
dans la retraite de ses armées, le pays entier.
Des villages furent réduits en cendres, des champs de blés piétinés, la population de villes
*V.lot!tL'ltts entières, Juifs et Chrétiens, fut expédiée dans des régions iuhabitêes. Ces gens
! des routes russes et dans des fourgons plombés et sens lenêtres.
tH pour lesquelles combattent nos adversaires !
ennslli
vaiBe :
On n'a * remonter guère plus d'une dizaine, d'un nées dans l'Histoire pour avoir une preuve
du sens véntnble tte ce • protectorat ». »
' Au printemps 1902, ios Républiques botrs furent annexées au Royaume de la Grande-
Bretagne. Emane tes tsgafdj Ke parlent vers l'Egypte. Ce pays était déjà depuis longtemps sous
la domination eScouvs de 1 Angleterre, mais h l'annexion tonnelle s'opposait la promesse solen-
Mlh) du gogwnojiioM anjlu:» d'étacuer de nouveau le pays.
Cette même Anfloterrç qui, a notre proposition de lui garantir l'intégrité de la Belgique si
elle restait neutre. rc|>inl:i.; orgueilleusement que l'Angleterre ne pouvait faire de ses oWi en lions
rcauves 4 la nfutrnhlé boire un sujet de rr.sn bandage, celle même Angleterre ne mit aucun
scrupule ùlrw/nrr uvec la Fiance son obligation engagée vu-à-vu de t Europe entie>*. en concluant
Mec c»Kc puiiianct un Imite qui donnait a l'A:igleierre l'Kgypte M à la France le Maroc.
t'n l'JoT ,n.l It tour de l'Ane. U uortie méridionale de la Perse fut transformée, oar un
■ooord uvi>c lu Rrusjf, c« uitv sphère d intérêt* exclusivement anglais, 1s partie sepieu-.nouale fut
absudoumv ou ng.me liU-rtsire dea coseqoes.
l*r»quon bit pareille politique, on n'a pas le droit d'accuser d'aspirations belliqueuses et
de coiiYon.se» lert-iiormlcs un pnyï gui, pendant quarante-quatre années, a protégé la paix
européenne tt qui, pendant que presque tous tes autres pays faisaient dei guerres et conquéraient
des terres witneHet, ne s'otcupu que île son développement paisible. C'est de l'hypocrisie U
,Vour qnieonqu* ne te seniuii pas encore tunisamment convaincu, la preuve irrefoTable dea 1
tcndint-rs rie In poilue eng'awc * des origine* de la guerre est corrieoue dans lea Rapportai -,
dea Ministre* belge*. - - ■ ■. ■ . . ^
C'est pourquoi ces documents sont autant que possible passés bous silence à Londres, a Paris
et à Saint-Pétersbourg. C'est pourquoi la presse ennemie cherche à supprimer ces documents et
leur signification, en insinuant quils ne prouvent pas que la Belgique a lésé elle-même sa neutra-
lité. Cette preuve a déjà été laite par ailleurs. Que le public de l'Entente étudie ces documents,
que j'ai fait publier, notamment ceux qui concernent les négociations de l'attaché militaire anglais
avec les autorités militaires belges.
Ici il s'agit de tout aulre chose, n s'agit de la politique anglaise d'encerclement,
et ces rapports en tout cas méritent d'être lus par le public anglais et français.
Les * Rapports belges • sont intéressants au plus haut degré, parce qu'ils sont si complètement
d'accord dans leurs jugements sur la politique anglaise. Si seul l'ambassadeur belge à Berlin, Je
baron Greindl, avait critiqué ouvertement la politique aiisiaise, on pourrait élre enclin à dire
que le séjour dans le pays où il était accrédité, avait troublé ses vues, — appréciation tort
déplacée, d'ailleurs, à l'égard d'un diplomate uniment, liai? -os coliques, a Londres et à Paris
jugent exactement comme lui et ce jugement concordant est d'un poids décisif.
Comme on ne tient guère compte du ces rapports à l'étranger, j'en lirai ici quelques passades :
Le baron Greindl écrivit en lévrier 1905 î
« La vraie oauae de la haine dea Anglais contre l'Allemagne est la jalousie
inspirée par le développement extraordinaire de la marine marchande, du
commerce et de l'industrie en Allemagne. »
Le même, deux ans plus lard :
« L'arrogance française redevient oe qu'elle était aux plus mauvais jours
du second empire et c'est l'entente cordiale qui en est la cause. Elle a encore
augmenté d'un degré depuis que les négociations entre Londres et Saint-
Pôtersbonrg, auxquelles J a France n'aura sans doute pas été étrangère, parais*
sent devoir aboutir à une entente. »
Et à un autre endroit : . La politique que le roi Edouard pratique sous le prétexte de sauver
l'Europe d'un danger allemand imaginaire, a provoqué an danger français trop réel, qui
nous menace en première ligne. *
Le comte Lalaing, ambassadeur belge à Londres, écrivait le 21 mai 1907 :
« Il est évident que l'Angleterre officielle poursuit une politique sourde-
ment hostile, qui tend à aboutir a l'isolement de l'Allemagne, mais il y a un
danger évident à envenimer aussi ouvertement l'opinion publique que le fait la presse irrespon-
sable. » ' .
Cnrtier, le chargé d'affaires de Belgique à Londres, écrivait le 2IJ mars 1907 :
■ Depuis que la direction des affaires étrangères de la Russie a été confiée à M. Iswolski, un
rapprochement sensible s'est produit entre les cabinets de Sainl-Jnmes et de Saint Pétersbourg...
L'incident du Doggerbank, les sympathies britanniques pour le Japon lors de la guerre de (904,
les rivalités ardei.tes en IV.rss, sont choses du passé.... Tontes lea ressources -de la diplo-
matie tendent vers l'isolement da l'Allemagne »,
. Finalement, le baron Guillaume, ministre belge à Paris, écrivait le 6 janvier 1911:
<( J'ai déjà eu l'honneur de voub dire que ce sont MM. Poincaré, Delcassé,
Millerand et leurs amis gui ont inventé et poursuivi la politique nationaliste,
cocardière et chauvine dont nous avons constaté la renaissance. C'est oit
danger pour l'Europe — et la Belgique — »
Messieurs, ces rapports des diploottei bélgei, dont toutes les lignes fondamentales concor-
dent parfaitement, donnent une image sincère de la politique de l'Entente durant ces dix dernières
années.
En lace de ces témoignages, aucune tentative du ciUé adverse ne parviendra à nous attribuer
des envies belliqueuses et à nos ennemis l'amour de la paix I
La politique allemande n'a-t-elle pas élé informée de ces menées ou a-t-elle inlenlionelle-
ment fermé les yeux, recherchant toujours un arrangement ï Ni l'un, ni l'autre. i
Je sais qu'il y a des milieu* qui me reprochent mon imprévoyance politique, parce que fai
toujours tenté à nouveau de préparer la voie d'une entente avec l'Angleterre. Je remercie Dieu de
m'avoir permis de le faire. Le peu d'espoir avec lequel j'ai toujours renouvelé ces tentatives
n'empêche pas ma conviction que la talalltè de la meurtrière catastrophe qui ravage le monde
eût pu êlre évitée, si une entente loyale dirigée vers la pai* avait pu être réalisée avec l'Angleterre.
Oui en Europe aurait alors encore osé faire la gue/re f Visant un tel but, pouvais-je renoncer à la
besogne parce qu'elle était trop lourde et paraissait toujours inféconder
Messieurs, lorsqu'il s'agit d'une question d'une gravité suprême dans la vie des peuples, d'une
question où des millions d eiiitences humaines sont en jeu, voici ma devise ;
« Avec Dieu, rien n'est impossible! »
Et j'eusse préféré tomber dans la lutte que de m'y dérober !
Laissez-moi rapidement vous rappeler les événements : Le Roi Edouard VII avait cru que sa
tâche principale était d'activer la politique anglaise d'isolement contre l'Allemagne. Après sa mort,
j'espérais que les négociations pour un accord, inaugurées par nous en 1909, liraient de meilleurs
progrés. Les négociations traînèrent; elles traînèrent jusqu'au printemps de 1911, sans aboutir à
un résultat, .Survint alors l'immixtion de l'Angleterre dans notre diseuaiou aveu la France sur la
question du Maroc, laquelle démontra au monde entier comment ta politique anglaise, dans le
but de s'imposer au monde entier, menaçait la paix du monde.
Le peuple anglais ne reconnut pas à ce moment, de façon précise, le danger de la politique
de son gouvernement. Lorsque, après la crise, il.se rendit compte qu'il avait ue très près côtoyé
l'abîme d'une guerre mondiale, alors surgit dans les cercles étendus de la nation anglaise ua
sentiment en fuveur de l'élublisscnient de relations avec nous, qui tussent de nature à empêcher
des complications belliqueuses. i i
On semblait en avoir assez de cette aventure qui rappelle la fameuse chevauchée légendaire
sur la glace fléchissante d'un lac I
C'est dans ces conditions que se réalisa la mission de Lord Haldane su printemps 191Î.
Lord Haldane m'assura que le cabinet anglais s'inspirait d'un désir sincère d'entente. Notre
projet de budget naval, alors prévu, lui causait de l'inquiétude. Je lui demandai ai un accord
'avec non.», qui rendrait impossible non seulement une guerre anglo-allemande, mais toute guerre
européenne, n'aurait pas plus de valeur pour lui qu'un ou deux dreadnoughts allemands en plus
ou en moins. Lord Haldane paraissait personnellement disposé à entrer dans ces vues. 11 mts
demanda cependant si, ayant notre sécurité garantie du côté de l'Angleterre, nous ne nou*'
jetterions pas sur la France pour la détruire.
Je lui répondis que la politique de paix que ^Allemagne avait poursuivie pendant plus de
quarante années devait vraiment nous épargner pareille question. Si nous avions eu le dessein de
nous livrer à des attaques de brigands, nous aurions trouvé pendant la guerre contre les Botrs U.
la guerre russo-japonaise les meilleures occasions pour nous laisser aller 4 nos instincts guerriers.
L'Allemagne, qui' souhaitait sincèrement de vivre en paix aveo la France, ne
songeait pas davantage a attaquer quelque autre paya que oe fût.
j J (La nu au rtoonui mnutto;. -
Prix : B Centimes. — Avec Supplément jkiU it 1» Liait du Friscanitrs) : 10 Centimes
Chnrleville, le 26 Àoùfl9l5.
Gazette des Ardennes
JOURNAL CES PAYS OCCUPES PARAISSANT DEUX FOIS PAR SEMAINE
On s'abonne dans tous les bureaux de posto
DISCOURS DU CHANCELIER DE L'EMPIRE
Prononcé par IVI. -voix BETtïM A. IV r*J - IHC O T_jT_j"VVE g- cievaint le Reichstag allemand
A LA SÉANOE DE OTJEDR,E.H: EU 1© AOUT 1915
lltssiRins,
Depuis voire dernière réunion, de grandi événements
françaises, entreprises au prix d'immenses sacrilir.es humai
l'Ouest, onl échoue devant la persévérance tei----
ennemi qui croyait pouvoir
mpai
l passé». Toules les tentatives
vue d'enfoncer notre front de
lillantcs troupes. L'Italie, le nouvel
t du bien étranger convoité, a été brillnmment
repoussêe jusquici, malgré la supériorité numérique, malgré les cruels sacrilices eu existences
'humaines — doublement inutiles! — devant lesquels elle n'a nus reculé. Inébranlée et iné-
Iroiilable, l'armée turque garde le front des Dardanelles. Nous saluons nos fidèles Alliés et nous
envoyons aussi nos pensées à l'auguste Souverain de la Monarchie danubienne, qui est entré hier
dans sa 813' année.
Partont où nous avons nous-mêmes pris l'offensive, nous avons battu et rejeté l'ennemi,
■fions possédons, n\cc nos Alliés, presque toute la Galicie et presque toute la Pologne, nous avons
délivré des Russes la Litbuanie et lu Courlande ;-lwangoroil, Varsovie, Kowno sont tombés. Nous
maintenons loin au delà de nos frontières notre solide rempart en plein territoire ennemi. Nous
disposons de lortes armées prêtes i porter de nouveaux coups. Fiers et sans crainte, nous pouvons
envisager l'avenir.
Au milieu des terreurs de la guerre, nous nous souvenons avec reconnaissance de l'humanité .
active que noua ont témoignée les litnts neutres Toisins, lunt au retour des civile des pays ennemis
qu'il l'occasion doTéclMIge lie prisonniers de guerre. En Suisse toules les classes de la population,
Jepuis Genève jusqu'à la trontière allemande, ont rivalisé, lors du deuxième échange de prison-
niers ay«c la France, pour taire oublierautant que possible ù nos valeureux guerriers les terribles
souffrances passées.
Les Pays-Bas ont donné, pour la seconde fois, avec dévouement et charité, leurs soins aux
grands blessés revenant d'Angleterre, et le premier échange de prisonniers effectué avec la Russie
a démontré, une fois de plus, lors de.ee long voyage à travers la Suède, que la charité et la
philanthropie du peuple et du gouvernement suédo'is ne peuvent être surpassées. J'exprime ici à
ces trois nations la profonde reconnaissance du peuple allemand. J'y joins en même temps un
mol de sincère gratitude pour Sa Sainteté te Pape, qui témoigna son infatigable sympathie à
l'idée de l'échange des prisonniers et à tant d'autres œuvres humanitaires pendant celle
guerre, qui « pris à leur exécution la part la plus active et la plus méritoire, et qui, récem-
ment encore, e contribué par un don généreux S soulager les souffrances de nos compatriotes
de la Prusse orientale. ■ ■■ . - J
. _ Messieurs! ttas adversaires cluu-jjiiiU leur conscience d'une immense dette-de sa ngrea-t rompant '.
leurs peuples sur la véritable situation. La où ils ne nient pas leurs défaites, ils se servent de nos
victoires pour accumuler contre nous de nouvelles calomnies ; nous n'aurions vaincu dans la pre-
mière année de guerre que parce que nous avions depuis longtemps préparé hypocritement cetto
guerre, lundis qu'eux n'y éiaicul-pas prêts en raison de leur innocent amour de la paix ! Avant
ies événements, on ne parlait pas ainsi f Vous vous souvenez des articles belliqueux que le minisire
de la gut'Tt russe iit répandre dans la presse au printemps de 1ui t el dans lesquels il faisait
parade île lu préparation complète de l'armée russe. Vous vous souvenei du langage orgueilleux et
evuveul provocant dont usa ta France dans tes dernières années. Vous savei que la Fiance, eltaque
fois qu'elle paurooyaU aux besoins financiers ds ta Russie, stipula que la plus grande partie de'
l'emprunt devait être employée aux fournitures de la guerre.
Et V Angle terre'. Le 3 aollt de l'année dernière. Sir Edward Grey déclara au Parlement
anglais : Avec iiMre nulle puissante, qui, je crois, peut protéger noire commerce, nos côtes et
nos intérêts, si nous prenons part u in guerre, nous n'en souffrirons guère plus que si nous
restions en dehors.
L'homme qui parle ainsi, sur un Ion aussi inconcevable dans sa froideur commerciale, la veille
même de sa propre déclaration de pierre et qui dirige d'après ces principes non seulement sa
propre politique mais aussi celle de ses Alliés, ne peut le faire qu'en sacliaut que ses Alliés sont
p<éts Hais il est compréhensible, Messieurs, que nos adversaires clusrclient a se décharger de la
responsabilité de celte guerre ! , v.
J'ai déjà e\\>oiè ici même devant le fteichstng, lorsque la guerre éclata et encore en décembre
de l'année ueruiére, l'enchaînement des faits. Tout ce qui a été publié depuis en est simplement
la confirmation. - . ,
Entre temps, l'Angleterre elle-même a abandonné la fable que ce fut à cause de la Belgique
seulement qu'elle prit part h la guerre. Elle ne pouvait plus la soutenir. Et les petites nations ne
peuvent plus guère croire que l'Angleterre et ses Alliés font la guerre pour les protéger et pour
protéger la liberté, et la civilisation.
r mer. Les marchandises deslt-
L'Angleterre étrangle le plus possible le c_____
nées i l'Allemagne ne peuvent plus être-chargées t bord de nu..,„ ,
•ont obligés, en haute mer, de prendre des équipages anglais a burd et d'obéir à leurs ordres.
L'Angleterre, sans hésitation, occupe des V.es grecques parce que cela convient ù ses opérations
militaires, et avec ses alliés elle veut contraindre la Grèce neutre & faire des cessions territoriales
dans le but de gagner lu Bulgarie a sa cause. '
En Pologne, la Russie qui combat avec ses Alliés . pour la liberté des peuples », dévaste
dans la retraite de ses armées, le pays entier.
Des villages furent réduits en cendres, des champs de blés piétinés, la population de villes
*V.lot!tL'ltts entières, Juifs et Chrétiens, fut expédiée dans des régions iuhabitêes. Ces gens
! des routes russes et dans des fourgons plombés et sens lenêtres.
tH pour lesquelles combattent nos adversaires !
ennslli
vaiBe :
On n'a * remonter guère plus d'une dizaine, d'un nées dans l'Histoire pour avoir une preuve
du sens véntnble tte ce • protectorat ». »
' Au printemps 1902, ios Républiques botrs furent annexées au Royaume de la Grande-
Bretagne. Emane tes tsgafdj Ke parlent vers l'Egypte. Ce pays était déjà depuis longtemps sous
la domination eScouvs de 1 Angleterre, mais h l'annexion tonnelle s'opposait la promesse solen-
Mlh) du gogwnojiioM anjlu:» d'étacuer de nouveau le pays.
Cette même Anfloterrç qui, a notre proposition de lui garantir l'intégrité de la Belgique si
elle restait neutre. rc|>inl:i.; orgueilleusement que l'Angleterre ne pouvait faire de ses oWi en lions
rcauves 4 la nfutrnhlé boire un sujet de rr.sn bandage, celle même Angleterre ne mit aucun
scrupule ùlrw/nrr uvec la Fiance son obligation engagée vu-à-vu de t Europe entie>*. en concluant
Mec c»Kc puiiianct un Imite qui donnait a l'A:igleierre l'Kgypte M à la France le Maroc.
t'n l'JoT ,n.l It tour de l'Ane. U uortie méridionale de la Perse fut transformée, oar un
■ooord uvi>c lu Rrusjf, c« uitv sphère d intérêt* exclusivement anglais, 1s partie sepieu-.nouale fut
absudoumv ou ng.me liU-rtsire dea coseqoes.
l*r»quon bit pareille politique, on n'a pas le droit d'accuser d'aspirations belliqueuses et
de coiiYon.se» lert-iiormlcs un pnyï gui, pendant quarante-quatre années, a protégé la paix
européenne tt qui, pendant que presque tous tes autres pays faisaient dei guerres et conquéraient
des terres witneHet, ne s'otcupu que île son développement paisible. C'est de l'hypocrisie U
,Vour qnieonqu* ne te seniuii pas encore tunisamment convaincu, la preuve irrefoTable dea 1
tcndint-rs rie In poilue eng'awc * des origine* de la guerre est corrieoue dans lea Rapportai -,
dea Ministre* belge*. - - ■ ■. ■ . . ^
C'est pourquoi ces documents sont autant que possible passés bous silence à Londres, a Paris
et à Saint-Pétersbourg. C'est pourquoi la presse ennemie cherche à supprimer ces documents et
leur signification, en insinuant quils ne prouvent pas que la Belgique a lésé elle-même sa neutra-
lité. Cette preuve a déjà été laite par ailleurs. Que le public de l'Entente étudie ces documents,
que j'ai fait publier, notamment ceux qui concernent les négociations de l'attaché militaire anglais
avec les autorités militaires belges.
Ici il s'agit de tout aulre chose, n s'agit de la politique anglaise d'encerclement,
et ces rapports en tout cas méritent d'être lus par le public anglais et français.
Les * Rapports belges • sont intéressants au plus haut degré, parce qu'ils sont si complètement
d'accord dans leurs jugements sur la politique anglaise. Si seul l'ambassadeur belge à Berlin, Je
baron Greindl, avait critiqué ouvertement la politique aiisiaise, on pourrait élre enclin à dire
que le séjour dans le pays où il était accrédité, avait troublé ses vues, — appréciation tort
déplacée, d'ailleurs, à l'égard d'un diplomate uniment, liai? -os coliques, a Londres et à Paris
jugent exactement comme lui et ce jugement concordant est d'un poids décisif.
Comme on ne tient guère compte du ces rapports à l'étranger, j'en lirai ici quelques passades :
Le baron Greindl écrivit en lévrier 1905 î
« La vraie oauae de la haine dea Anglais contre l'Allemagne est la jalousie
inspirée par le développement extraordinaire de la marine marchande, du
commerce et de l'industrie en Allemagne. »
Le même, deux ans plus lard :
« L'arrogance française redevient oe qu'elle était aux plus mauvais jours
du second empire et c'est l'entente cordiale qui en est la cause. Elle a encore
augmenté d'un degré depuis que les négociations entre Londres et Saint-
Pôtersbonrg, auxquelles J a France n'aura sans doute pas été étrangère, parais*
sent devoir aboutir à une entente. »
Et à un autre endroit : . La politique que le roi Edouard pratique sous le prétexte de sauver
l'Europe d'un danger allemand imaginaire, a provoqué an danger français trop réel, qui
nous menace en première ligne. *
Le comte Lalaing, ambassadeur belge à Londres, écrivait le 21 mai 1907 :
« Il est évident que l'Angleterre officielle poursuit une politique sourde-
ment hostile, qui tend à aboutir a l'isolement de l'Allemagne, mais il y a un
danger évident à envenimer aussi ouvertement l'opinion publique que le fait la presse irrespon-
sable. » ' .
Cnrtier, le chargé d'affaires de Belgique à Londres, écrivait le 2IJ mars 1907 :
■ Depuis que la direction des affaires étrangères de la Russie a été confiée à M. Iswolski, un
rapprochement sensible s'est produit entre les cabinets de Sainl-Jnmes et de Saint Pétersbourg...
L'incident du Doggerbank, les sympathies britanniques pour le Japon lors de la guerre de (904,
les rivalités ardei.tes en IV.rss, sont choses du passé.... Tontes lea ressources -de la diplo-
matie tendent vers l'isolement da l'Allemagne »,
. Finalement, le baron Guillaume, ministre belge à Paris, écrivait le 6 janvier 1911:
<( J'ai déjà eu l'honneur de voub dire que ce sont MM. Poincaré, Delcassé,
Millerand et leurs amis gui ont inventé et poursuivi la politique nationaliste,
cocardière et chauvine dont nous avons constaté la renaissance. C'est oit
danger pour l'Europe — et la Belgique — »
Messieurs, ces rapports des diploottei bélgei, dont toutes les lignes fondamentales concor-
dent parfaitement, donnent une image sincère de la politique de l'Entente durant ces dix dernières
années.
En lace de ces témoignages, aucune tentative du ciUé adverse ne parviendra à nous attribuer
des envies belliqueuses et à nos ennemis l'amour de la paix I
La politique allemande n'a-t-elle pas élé informée de ces menées ou a-t-elle inlenlionelle-
ment fermé les yeux, recherchant toujours un arrangement ï Ni l'un, ni l'autre. i
Je sais qu'il y a des milieu* qui me reprochent mon imprévoyance politique, parce que fai
toujours tenté à nouveau de préparer la voie d'une entente avec l'Angleterre. Je remercie Dieu de
m'avoir permis de le faire. Le peu d'espoir avec lequel j'ai toujours renouvelé ces tentatives
n'empêche pas ma conviction que la talalltè de la meurtrière catastrophe qui ravage le monde
eût pu êlre évitée, si une entente loyale dirigée vers la pai* avait pu être réalisée avec l'Angleterre.
Oui en Europe aurait alors encore osé faire la gue/re f Visant un tel but, pouvais-je renoncer à la
besogne parce qu'elle était trop lourde et paraissait toujours inféconder
Messieurs, lorsqu'il s'agit d'une question d'une gravité suprême dans la vie des peuples, d'une
question où des millions d eiiitences humaines sont en jeu, voici ma devise ;
« Avec Dieu, rien n'est impossible! »
Et j'eusse préféré tomber dans la lutte que de m'y dérober !
Laissez-moi rapidement vous rappeler les événements : Le Roi Edouard VII avait cru que sa
tâche principale était d'activer la politique anglaise d'isolement contre l'Allemagne. Après sa mort,
j'espérais que les négociations pour un accord, inaugurées par nous en 1909, liraient de meilleurs
progrés. Les négociations traînèrent; elles traînèrent jusqu'au printemps de 1911, sans aboutir à
un résultat, .Survint alors l'immixtion de l'Angleterre dans notre diseuaiou aveu la France sur la
question du Maroc, laquelle démontra au monde entier comment ta politique anglaise, dans le
but de s'imposer au monde entier, menaçait la paix du monde.
Le peuple anglais ne reconnut pas à ce moment, de façon précise, le danger de la politique
de son gouvernement. Lorsque, après la crise, il.se rendit compte qu'il avait ue très près côtoyé
l'abîme d'une guerre mondiale, alors surgit dans les cercles étendus de la nation anglaise ua
sentiment en fuveur de l'élublisscnient de relations avec nous, qui tussent de nature à empêcher
des complications belliqueuses. i i
On semblait en avoir assez de cette aventure qui rappelle la fameuse chevauchée légendaire
sur la glace fléchissante d'un lac I
C'est dans ces conditions que se réalisa la mission de Lord Haldane su printemps 191Î.
Lord Haldane m'assura que le cabinet anglais s'inspirait d'un désir sincère d'entente. Notre
projet de budget naval, alors prévu, lui causait de l'inquiétude. Je lui demandai ai un accord
'avec non.», qui rendrait impossible non seulement une guerre anglo-allemande, mais toute guerre
européenne, n'aurait pas plus de valeur pour lui qu'un ou deux dreadnoughts allemands en plus
ou en moins. Lord Haldane paraissait personnellement disposé à entrer dans ces vues. 11 mts
demanda cependant si, ayant notre sécurité garantie du côté de l'Angleterre, nous ne nou*'
jetterions pas sur la France pour la détruire.
Je lui répondis que la politique de paix que ^Allemagne avait poursuivie pendant plus de
quarante années devait vraiment nous épargner pareille question. Si nous avions eu le dessein de
nous livrer à des attaques de brigands, nous aurions trouvé pendant la guerre contre les Botrs U.
la guerre russo-japonaise les meilleures occasions pour nous laisser aller 4 nos instincts guerriers.
L'Allemagne, qui' souhaitait sincèrement de vivre en paix aveo la France, ne
songeait pas davantage a attaquer quelque autre paya que oe fût.
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