222
MANTINÉE ET l'ARCADIE ORIENTALE.
les couches profondes des croyances spéciales aux aborigènes
arcadiens, à ces populations primitives que les anciens et les
modernes désignent sous le nom de Pélasges. Il n'a donc rien
de particulièrement mantinéen, puisque, par ses antécédents,
il appartient sans doute à la période antérieure à la constitu-
tion de l'Etat mantinéen. S'il nous apparaît localisé en cet
endroit, la cause en est tout accidentelle.
En 1808, M. Foucart. découvrait à Mantinée une borne sacrée
portant l'inscription : ATOE KEPATN.O en lettres de la première
moitié du Ve siècle. Dans le commentaire qui accompagne sa
publication (1), il a fait ressortir l'intérêt de ce document el
l'originalité de la conception religieuse représentée par le
Dieu-Foudre des Arcadiens. C'est, en elîet, le phénomène lui-
même qui est dieu, au lieu d'être séparé, comme attribut, de
la personnalité divine : il est l'apparition et le mouvement de
la divinité elle-même.
Ce culte naturaliste de la Foudre semble antérieur à la mytho-
logie homérique. Dans Homère et dans Hésiode, la foudre est,
l'arme de Zeus, conception elle-même très ancienne en Orient,
puisque la foudre en forme de trident apparaît entre les mains
d'un dieu sur les plus anciens cylindres chaldéens. On ne
saurait encore préciser quels pouvaient être les types orien-
taux du dieu foudre dans les mythologies sémitique, assyrienne
et égyptienne. Mais l'adoration du phénomène désigné par son
nom en tant que Dieu n'est pas sans équivalent; dans la
mythologie préhellénique dont les Pélasges oui pu être les
colporteurs. Kéraunos appartient à la même famille que Gè,
Ouranos, Pan, Séléné. Le génie hellénique, avec sa facilité à
l'anthropomorphisme, s'est emparé de ces formes cosmiques
pour les convertir en êtres vivants. Le dieu du Lycée n'était
sans doute à l'origine que l'espace éclairé. A Bathos, près de
Trapézous, Pausanias (2) signale le culte également naturaliste
des Éclairs, des Tonnerres, des Ouragans ('Atrcpemctl, BpbvTaf,
©ûeX/ai). C'étaient autant de bribes des croyances primitives en
vigueur chez les Pélasges : « Les Pélasges, dit Hérodote (3),
sacrifiaient autrefois aux dieux toutes les victimes, et leur
adressaient des prières, comme je l'ai appris à Dodone. .Mais
(1) Inscr. du Pélop. 352u.
(2) VIII, 29, i.
(3) II, 52.
MANTINÉE ET l'ARCADIE ORIENTALE.
les couches profondes des croyances spéciales aux aborigènes
arcadiens, à ces populations primitives que les anciens et les
modernes désignent sous le nom de Pélasges. Il n'a donc rien
de particulièrement mantinéen, puisque, par ses antécédents,
il appartient sans doute à la période antérieure à la constitu-
tion de l'Etat mantinéen. S'il nous apparaît localisé en cet
endroit, la cause en est tout accidentelle.
En 1808, M. Foucart. découvrait à Mantinée une borne sacrée
portant l'inscription : ATOE KEPATN.O en lettres de la première
moitié du Ve siècle. Dans le commentaire qui accompagne sa
publication (1), il a fait ressortir l'intérêt de ce document el
l'originalité de la conception religieuse représentée par le
Dieu-Foudre des Arcadiens. C'est, en elîet, le phénomène lui-
même qui est dieu, au lieu d'être séparé, comme attribut, de
la personnalité divine : il est l'apparition et le mouvement de
la divinité elle-même.
Ce culte naturaliste de la Foudre semble antérieur à la mytho-
logie homérique. Dans Homère et dans Hésiode, la foudre est,
l'arme de Zeus, conception elle-même très ancienne en Orient,
puisque la foudre en forme de trident apparaît entre les mains
d'un dieu sur les plus anciens cylindres chaldéens. On ne
saurait encore préciser quels pouvaient être les types orien-
taux du dieu foudre dans les mythologies sémitique, assyrienne
et égyptienne. Mais l'adoration du phénomène désigné par son
nom en tant que Dieu n'est pas sans équivalent; dans la
mythologie préhellénique dont les Pélasges oui pu être les
colporteurs. Kéraunos appartient à la même famille que Gè,
Ouranos, Pan, Séléné. Le génie hellénique, avec sa facilité à
l'anthropomorphisme, s'est emparé de ces formes cosmiques
pour les convertir en êtres vivants. Le dieu du Lycée n'était
sans doute à l'origine que l'espace éclairé. A Bathos, près de
Trapézous, Pausanias (2) signale le culte également naturaliste
des Éclairs, des Tonnerres, des Ouragans ('Atrcpemctl, BpbvTaf,
©ûeX/ai). C'étaient autant de bribes des croyances primitives en
vigueur chez les Pélasges : « Les Pélasges, dit Hérodote (3),
sacrifiaient autrefois aux dieux toutes les victimes, et leur
adressaient des prières, comme je l'ai appris à Dodone. .Mais
(1) Inscr. du Pélop. 352u.
(2) VIII, 29, i.
(3) II, 52.