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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

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Lenormant, François: [Text]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0013

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siècle qui a précédé la première apparition des Romains dans ces contrées, peut-être
même un peu antérieure à la conquête carthaginoise d’Hamiicar Barca.

Cette date me paraît formellement déterminée par le style et la nature des vases
nos VII et VIII, qui sont des poteries grecques à vernis noir brillant et à ornements
peints en rouge sur le second. L’origine grecque n’est pas moins incontestable pour
l’assiette, également à vernis noir, portant le timbre du potier Nicias. Des cérami-
ques de ce genre étaient naturellement introduites chez les populations indigènes de
la Catalogne par les colonies helléniques voisines de Rhoda et d’Emporiæ, qu’elles
fussent les produits d’une fabrication locale installée dans ces villes, qu’elles vins-
sent de Massalie, leur métropole, ou que le commerce maritime les apportât de plus
loin, de l’Italie ou de la Grèce propre. Ni O. Jahn, dans l'introduction de sa
Beschreibung des Vasensammlung Kœnig Ludwigs, ni M. Birch, dans son History of
ancient potterg, ni aucun autre auteur, à ma connaissance, n’ont signalé jusqu’ici
aucun point de l’Espagne comme ayant fourni aux recherches des antiquaires
des vases peints grecs. Mais M. Géry, de Voiron, en possédait plusieurs, de petite
dimension et très analogues à ceux qui viennent d’être trouvés à Cabrera. II les avait
recueillis à Ampurias, l’ancienne Emporiæ.

Quant aux autres poteries, qui forment la grande majorité de celles que l’on a
exhumées des tombes de Cabrera, et qui y sont associées à celles d’importation hel-
lénique, elles ouvrent une catégorie nouvelle dans la grande classe des céramiques
d’argile à pâte tendre sans glaçure, lustrées par le polissage. Ce sont évidemment
des produits de l’industrie des indigènes, et elles complètent les notions que nous
avions déjà sur les poteries de cette classe, en en montrant la fabrication répandue,
exactement avec les mêmes procédés, tout autour du bassin de la Méditerranée. On
lasuivait, eneffet, jusqu’icide Cypreetdel’Asie-Mineure jusque dans l’Italie moyenne,
et maintenant, grâce aux fouilles de M. Rubio de la Serna, nous la retrouvons dans
le nord de l’Espagne, au pied des Pyrénées.

Les anciennes poteries léétanes ont une incontestable analogie avec les produits
de la céramique italique primitive. Mais la production simultanée de vases de terre
rouge brillante et de vases de terre noire, tous lustrés au polissoir, rappelle encore
plus les trouvailles de Hissarlik en Troade ou d’Alambra en Cypre, ainsi que celles
qui ont été faites dans quelques localités de la Japygie. L’archaïsme de la fabrication
exécutée sans l'aide du tour, des formes et de l’ornementation, avec les deux boutons
pointus en saillie sur la panse comme des seins de femme et les décors géométri-
ques incisés, a dans certaines de ces poteries hispaniques (n°»II,IV) quelque chose
de singulier pour la date que dénotent les vases grecs trouvés en même temps. Il y a
là un indice de l’état peu avancé de civilisation et d industrie dans lequel étaient res-
tés les indigènes, malgré le voisinage des établissements helléniques. Il est vrai que
 
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