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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

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Jatta, Giovanni: A M. François Lenormant
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https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0024

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mune sont, si l’on veut bien me passer l’expression, héroïcisées, les acteurs en étant
pris comme des héros, ou même divinisées, c’est à dire appliquées dans l’intention
de l’artiste à des divinités, mais ceci n’emporte pas, à mon avis, que des personnes
fabuleuses puissent être indifféremment mêlées à celles de la vie réelle. Ceci se voit
quelquefois, mais alors l’apparifion de ces personnages surnaturels constitue une
véritable épiphanie divine, ou bien elle implique une notion symbolique et conven-
tionnelle, qui donne au sujet le caractère d’une allégorie. Ainsi, pour m’expliquer
encore plus clairement, si sur le vase de ma collection, pl. 19 de la Gazette de 1880,
le Satyre ne prenait pas directement part à la scène, on pourrait l’envisager comme
indiquant seulement le lieu de l’action; dans ce cas, à mon avis, il n’y aurait aucun
obstacle à voir dans les femmes des mortelles. Mais, du moment qu’il est un des
personnages mêmes de l’action, comme sa présence n’a pas de l’aison d’être dans
une scène de la vie réelle, nous devons d’absolue nécessité le mettre en rapport
avec des êtres de son cycle semi-divin, avec ces personnifications mythologiques
qui représentent en allégorie des faits de la vie familière. Sans chercher nos exem-
ples ailleurs, l’art italo-grec et spécialement les vases peints de l’Apulie nous mon-
trent très souvent des Amours, et quelquefois des Satyres, introduits dans des
compositions qui, à part cette circonstance, ont un accent entièrement familier.
Mais c’est dans le premier cas pour dénoter le caractère érotique des scènes qui nous
offrent des courtisanes, et dans le second pour déterminer la campagne comme
théâtre de l’action. Et dans ce dernier cas les Satyres regardent comme curieux,
sans se mêler aux personnages, comme des divinités locales qui sontcensées assister
d’une manière invisible à une scène à laquelle elles demeurent étrangères (1).

Pour terminer, il me semble qu’à très peu d’exceptions près les figures féminines
mises en rapport avec des Satyres dans les peintures de vases, et que l’on a l’habi-
tude de qualifier simplement de « femmes, » seraient mieux appelées « Nym-
phes )> et rangées dans la classe de ces gracieuses personnifications dont la my-
thologie antique peuplait les monts et les plaines, les forêts, les fontaines, les
fleuves et les mers. L’archéologue allemand, mon savant ami, n’a pas cru, comme
moi, que sur mon vase le Satyre participait à l’action, ce qui est pourtant le fait.
Et c’est là, sans doute, la raison qui l’a conduit à voir dans la peinture en question
une pure scène de genre, et non une allégorie, telle que vous l’entendez aussi. En
niant ce caractère d’allégorie, il voit évidemment dans l’addition du Satyre aux
personnages féminins une simple indication de lieu.

Ruvo di Piujlia, 21 juin 1881.

Giovanni JATTA.

(1) Voy. Bullet. de l'Inst. arck., 1870, p. 101 ; Annales, t. XX, 1848, p. 211.
 
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