Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 7.1881-1882

DOI Artikel:
Lévy, A.: [Text]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25013#0080

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
72

que; pour quelques-uns seulement il a laissé la plume à son ami M. Max Collignon,
et à propos du Doryphore de Polyclète, une lettre de M. Guillaume, de F Académie
des Beaux-Arts, nous fait voir un des plus éminents sculpteurs de notre temps, qui
est également un critique d’art exquis, donnant un jugement fortement motivé sur le
canon de proportions de l’émule de Phidias. Quant au texte des planches représen-
tant des monuments égyptiens, il a été rédigé par M. Maspero, et c’est tout dire.

Comme échantillon de cette splendide publication, nous avons obtenu de la parfaite
obligeance de M. Quantin l’autorisation de placer sous les yeux de nos lecteurs une
des gravures les plus complètement réussies qu’elle renferme. Elle forme notre
planche 12. C’est le buste d’une jeune femme découvert en 1879 à Rome, sous les
jardins de la Farnésine, dans le tombeau commun de C. Sulpicius Plalorinus et de
sa famille. Il est aujourd’hui conservé dans la collection du Musée Tibérin.

Nous laisserons, du reste, la parole à M. Rayet lui-même, qui apprécie de la façon
la plus heureuse cette effigie si vivante et si gracieuse.

« La largeur de son crâne, l’ossature forte et quelque peu anguleuse de sa
mâchoire, l’ondulation de l’arête de son nez, trahissent dans cette jeune femme une
vraie Romaine ; il n’est pas rare, encore aujourd’hui, de rencontrer à Rome le même
type. Sa tête est hardiment portée sur son cou long et souple. Ses yeux grands
ouverts regardent bien en face, et il devait être difficile d’en supporter l’éclat; ses
narines petites et mobiles, sa bouche aux lèvres charnues, son menton grassouillet
et creusé d’une légère fossette, ses joues au modelé ferme donnent à sa physionomie
une grâce quelque peu mutine et une distinction aristocratique. Sa chevelure est
disposée avec une coquetterie savante, de manière à bien encadrer le visage et à en
accentuer l’expression. Aplatie sur le sommet delà tête et divisée par une raie étroite,
elle couvre le front presque entier et bouffe sur les côtés en élégants frisons, dans la
régularité desquels le fer et la pommade sont sans doute pour beaucoup. Sur les
épaules flânent nonchalamment quelques longues boucles; c’est là une recherche qui,
en Grèce, fut longtemps particulière aux courtisanes, mais que les femmes du monde
finirent par leur emprunter. Elle était tout à fait à la mode chez les grandes dames à
l'époque de Tibère et de Claude, à laquelle appartient certainement notre buste.

« Les charmes de notre jeune inconnue ont d’ailleurs trouvé dans le sculpteur
chargé de les reproduire un interprète digne d’eux. Los deux premiers siècles de la
Rome impériale nous ont laissé nombre de beaux bustes de femmes. Mais celui-là
n’est pas seulement un des meilleurs ; il se distingue des autres par une liberté de
facture, une souplesse de modelé, et je ne sais quoi d’intime et de suave qu’on ren-
contre rarement dans l’art romain. Regàrdez-le en masquant la chevelure, dont
l’arrangement et l’exécution sont bien antiques; le visage lui-même rappelle étran-
gement l'art français du xvme siècle; unPajou eût pu le sculpter. »

C’est à la bienveillante libéralité de M. le baron Edmond de Rothschild
que la Gazette archéologique doit les belles planches 9, 10 et 11, représen-
tant l’admirable bronze grec du Tireur d’épine acquis par lui l’année der-
nière. L’accident survenu à M. le baron de Witte pendant l’impression de
la présente livraison n’a pas permis d’y publier la dissertation qu’il prépa-
rait sur ce précieux monument. Cette dissertation paraîtra dans la prochaine
livraison.

L’Éditeur-Gérant : A. Lévy.
 
Annotationen