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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Nr. 1
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Galichon, Émile: La galerie de San Donato, [1]
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Lafenestre, Georges: Bernardino Luini, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0055

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

style, aux maladresses ingénues de l'exécution. Avec un artiste aussi
inégal que le fut toujours Luini, la précision des dates n'est pas possible
en l'absence de documents. Les fragments dont nous parlons ont néan-
moins par instants un tel caractère de gaucherie involontaire, qu'on y
doit voir, sans hésiter, les tâtonnements d'une inexpérience juvénile et
non pas le laisser aller d'un homme habile en ses mauvaises heures de
nonchalance, de dégoût ou de lassitude. La personnalité du peintre y
éclate de tous côtés, dans les faiblesses mêmes, avec une vivacité de sé-
duction très-prime-sautière. Dès cet instant il sait mettre clans l'attitude,
le geste, la physionomie de ses personnages, une sorte de naïveté affec-
tueuse qui lui est particulière, et garde sans effort, dans sa façon
d'agencer les compositions et d'exprimer le sentiment humain ou reli-
gieux, une simplicité délicate et primitive qui l'isole peu à peu an milieu
de tous ses confrères, de plus en plus emportés par les exemples de
Rome et de Venise vers la mise en scène théâtrale et l'agitation pitto-
resque.

Bernardino, on le voit là, fut un des hommes de la Renaissance qui
reçut le plus franchement, le plus naturellement, ses impressions du
monde extérieur à la façon antique. La campagne du Vésuve n'avait pas
encore rendu au jour le spectacle complet d'une ville romaine; les frag-
ments de stucs grecs ou latins étaient rares, même à Rome. On peut
clouter que Bernardino en ait étudié un grand nombre, même sur des
dessins; mais il s'en pénétra avec une facilité durable qu'explique seule
une particulière disposition d'intelligence, portée, comme celle des pein-
tres anciens, à la simplification puissante des ensembles, par la négli-
gence du détail réel et la franchise spontanée de l'expression. Un rêve de
Pompéi, d'une Pompéi moins sensuelle, d'une Pompéi chrétienne, s'éveille
plus d'une fois clans l'imagination, devant ses tableaux. Dès cette époque
la composition en est claire, bien divisée, et rappelle, par sa simplicité,
la disposition des bas-reliefs. La lumière y est franche, sans effets violents
ni de clair-obscur; les contours des choses n'y sont plus serrés cepen-
dant avec la rigidité primitive, et la douce coloration dont elles sont
baignées ne laisse à leur aspect aucune de ces âpretés et de ces séche-
resses très-communes encore clans les fresques de l'époque. L'attitude
des personnages, groupés sans effort, frappe l'œil par sa vérité naïve;
l'exquise expression des physionomies l'enchante le plus souvent par une
ineffable candeur. Jamais Bernardino n'exprima avec plus de charme ni
de tendresse la grâce de l'adolescence qu'en cette délicieuse Vie de la
Vierge, rêvée tout entière dans une fraîche matinée de printemps. La
virginité, la pudeur, la joie honnête, y sont rendues avec une aisance na-
 
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