SOUVENIRS DE VOYAGE
DE NICE A GÊNES PAR LA CORNICHE
ET UN PORTRAIT DU DANTE
Qui a vu la Méditerranée pense à la revoir
et aspire après le moment où il pourra encore
rêver une fois sur ses bords enchantés. Pour
moi, je ne connais pas de jouissance qui puisse
se comparer à celle que m'ont procurée la vue
de l'aurore se levant sur ce ciel liquide, plus
bleu que le ciel véritable, et l'apparition du
soleil écartant avec une indicible délicatesse
les voiles argentés ou rosés sous lesquels se
cache un empyrée d'azur que moirent des
teintes nacrées et opalines d'une incroyable
finesse. A cette première heure du jour, à ce
spectacle inconnu sur les froides plages de
la Manche toujours enveloppées de brumes épaisses, le corps souple et
dispos éprouve un sentiment délicieux] de bien-être. Volontiers on passe-
rait des journées entières, assis sur la grève, rien qu'à respirer les suaves
senteurs de l'oranger et du citronnier, et à voir pétiller sur les flots azurés
des myriades de paillettes d'or qui s'éteignent dans une blanche écume;
et, le cœur plein d'une indéfinissable mélancolie, on voudrait pouvoir
s'endormir du sommeil éternel, au doux murmure delà vague amoureuse
qui vient expirer sur le rivage en lui redisant sa plainte si harmonieuse-
ment rhythmée.
Pour encadrer cette scène merveilleuse, qui dépasse toutes celles
III. — 2e PÉRIODE. 47
DE NICE A GÊNES PAR LA CORNICHE
ET UN PORTRAIT DU DANTE
Qui a vu la Méditerranée pense à la revoir
et aspire après le moment où il pourra encore
rêver une fois sur ses bords enchantés. Pour
moi, je ne connais pas de jouissance qui puisse
se comparer à celle que m'ont procurée la vue
de l'aurore se levant sur ce ciel liquide, plus
bleu que le ciel véritable, et l'apparition du
soleil écartant avec une indicible délicatesse
les voiles argentés ou rosés sous lesquels se
cache un empyrée d'azur que moirent des
teintes nacrées et opalines d'une incroyable
finesse. A cette première heure du jour, à ce
spectacle inconnu sur les froides plages de
la Manche toujours enveloppées de brumes épaisses, le corps souple et
dispos éprouve un sentiment délicieux] de bien-être. Volontiers on passe-
rait des journées entières, assis sur la grève, rien qu'à respirer les suaves
senteurs de l'oranger et du citronnier, et à voir pétiller sur les flots azurés
des myriades de paillettes d'or qui s'éteignent dans une blanche écume;
et, le cœur plein d'une indéfinissable mélancolie, on voudrait pouvoir
s'endormir du sommeil éternel, au doux murmure delà vague amoureuse
qui vient expirer sur le rivage en lui redisant sa plainte si harmonieuse-
ment rhythmée.
Pour encadrer cette scène merveilleuse, qui dépasse toutes celles
III. — 2e PÉRIODE. 47