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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Galichon, Émile: La galerie de San Donato, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0105

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98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de Zi3,600 francs, et ils n'ont pas oublié les louanges et les critiques qui
accueillirent l'apparition de la seconde au Salon de 1833, où elle fut
achetée par le prince Demidoff. Sans nul doute, ils ont lu, sur ces deux
compositions capitales, les volumineuses dissertations écrites avec tant
de science et tant de brio par d'habiles confrères après lesquels il ne
me reste plus qu'à garder un silence prudent. Mon rôle se borne donc à
celui d'un cicérone bien appris, se contentant de signaler à propos une
œuvre remarquable, glissant légèrement sur ses propres appréciations,
ne cherchant pas à imposer son goût et n'ayant qu'un désir : arriver à
l'accomplissement de sa tâche sans être taxé de bavardage ennuyeux ou
de péclantisme fatigant.

Reprenons donc notre promenade, car j'aime à croire que vous me
laisserez vous accompagner, et, après avoir contemplé la Françoise de
Rimini, la Jane Grey et les répétitions que Paul Delaroche fit, pour la
gravure, de ses tableaux renommés de Cromwell et de Lord Strafford,
arrêtons-nous devant la Mort du Poussin interprétée par Granet avec
une simplicité qui touche à la grandeur. A la nouvelle du malheur qui
va frapper les arts, le cardinal Massimo s'est empressé d'apporter les
secours de la religion à l'illustre peintre. Dans l'atelier d'où sortirent
tant de chefs-d'œuvre et aux murs duquel sont suspendus les Bergers
d'Arcadie, le Triomphe de la Vérité, et où l'on aperçoit le chevalet et
la palette qui vont désormais rester sans emploi, les parents et les amis
se sont rassemblés pour recueillir le dernier soupir du maître. Les
prières des agonisants sont terminées, le silence règne parmi toutes ces
personnes unies dans une même communion de larmes et de regrets.
L'épouse seule prie encore au chevet du mourant et demande au Sei-
gneur de retarder le coup cruel qui va la frapper. Mais l'abattement de
la compagne qui a lutté avec elle contre la mort témoigne assez qu'il n'y
a plus d'illusions à se faire, et qu'il faut se résigner à la volonté divine !
Granet, dans la représentation de cette scène saisissante, s'est surpassé
lui-même et s'est révélé sous un aspect nouveau. Il ne s'est pas seule-
ment montré observateur intelligent, archéologue instruit, praticien
consommé, savant en l'art de distribuer la lumière pour la faire con-
courir à l'impression voulue, qualités que l'on retrouvera dans la Prison
de l'Inquisition (1831) et clans les Catacombes de Rome-, mais encore,
avec un cœur ému et une rare compréhension des sentiments humains,
il a su reproduire le drame pathétique de la mort, varier les attitudes et
les expressions suivant l'âge et le caractère des personnages. Trois mu-
sées — ceux du Louvre, d'Aix et de Rouen — doivent se disputer cette
toile si remarquable par ses qualités techniques et si intéressante par son
 
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