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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Galichon, Émile: La galerie de San Donato, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0121

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GALERIE DE SAN DONATO.

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et opaques à des lumières vives et factices, il sut, tout en acquérant
l'art des contrastes, se garder de tomber dans les fâcheux excès des
naturalisli. Voulez-vous en avoir la preuve, examinez ce superbe Por-
trait d'homme que Murillo a représenté en buste, tenant un gant dans la
main gauche, avec une longue chevelure bouclée et couvrant en partie
un large col blanc d'où pendent deux glands. Par la largeur de l'exécu-
tion, par la puissance de la coloration, par la savante distribution de la
lumière qui donne tant de caractère à cette mâle physionomie, ce
portrait peut soutenir le redoutable voisinage des œuvres dues aux
grands maîtres.

Mais le sujet dans lequel, de l'avis de tous, Murillo s'est surpassé,
c'est la vision extatique de saint Antoine de Padoue, et la petite toile de
la galerie de San Donato ne pourra que confirmer ce jugement. Sur l'ar-
dente prière du saint, la voûte céleste s'est entr'ouverte et resplendit
d'une vive lumière au milieu de laquelle s'ébattent des anges impalpa-
bles. A l'appel passionné du cénobite, l'Enfant Jésus s'est détaché du
séraphique essaim, et saint Antoine voit s'accomplir son vœu suprême.
Le divin Enfant repose entre ses bras, et, ô joie inénarrable! il peut, dans
ses transports d'amour, le presser sur son cœur, le couvrir de baisers et
recevoir ses ineffables caresses. Jamais peintre ne sut, à si peu de frais,
inonder une toile d'une lumière aussi éblouissante ; jamais artiste ne
poussa aussi loin l'expression de l'extase divine !

Après cette splendide vision, qui nous a permis d'entrevoir les incom-
parables lueurs du céleste séjour et d'avoir un avant-goût de ses joies
indescriptibles, il ne serait pas sage de continuer notre capricieuse prome-
nade. Toute œuvre nouvelle, soyez-en convaincus, nous semblerait cou-
verte d'ombres épaisses ; tout sentiment nous paraîtrait grossièrement
exprimé. Croyez-en mon expérience, retirons-nous prudemment en
emportant au plus profond de notre cœur l'impression de cette page
sublime inspirée par l'amour divin. D'ailleurs, le soleil disparaît de l'ho-
rizon, la nuit arrive promptement dans la triste saison que nous subis-
sons, et nous ne pourrions donner qu'un coup d'œil distrait et rapide aux
innombrables objets de curiosité qui remplissaient la riche villa de San
Donato. — De votre côté, vous pensez qu'il est préférable d'ajourner
l'examen de ces merveilles d'un autre genre; tout est donc pour le mieux,
et demain je me tiendrai à votre disposition, si vous croyez devoir encore
réclamer mon office.

EMILE GALICHON.
 
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