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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Michiels, Alfred: Les paysagistes flamands des XVIe et XVIIe siècles, [1]
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PAYSAGISTES FLAMANDS DES XVIe ET XVIIe SIÈCLES. 171

ouvrant à droite et à gauche leurs vertes embouchures, laissent entrevoir
leurs frais détours. De blanches fumées que le soleil éclaire trahissent au
loin les villages nichés dans ces replis. Les barques vont et viennent sur la
route mobile. Partout se dévoilent et se nuancent des sujets de tableaux.

Cette grande couche de verdure et de fleurs, que devaient jadis pavoi-
ser des bois séculaires, était faite pour captiver l'imagination des artistes,
pour leur inspirer le désir d'en retracer les plus beaux points de vue. Elle
charma les enfants des deux cités rivales, Joachim Patinir et Henri met
de Bles, nés tous les deux vers la même époque, bien que Joachim passe
pour avoir devancé son émule. Henri à la Houppe vint au monde en
1480, Joachim Patinir vit probablement le jour en 1485. Ils s'efforcèrent
l'un et l'autre de reproduire la brillante nature qui les enveloppait de sa
magie et les faisait rêver. Dans leurs promenades solitaires, ce qui les
frappait surtout, ce n'était pas l'homme, c'était sa demeure, c'étaient les
riantes bucoliques déployées autour d'eux. Leur préoccupation, leurs
émotions se traduisirent sur leurs tableaux. Les personnages, les scènes
figurées qui avaient jusqu'alors envahi la première place, brillé au poste
d'honneur, fixé principalement l'attention du public, descendirent au
second rang, devinrent un accessoire. Elles servirent à décorer, animer
le paysage, qui précédemment leur servait de tenture et de fond.

Dans cet affranchissement de la nature, dans cette création d'un
genre nouveau, Lampsonius prétend que Joachim eut l'initiative. L'ab-
sence de témoignages contradictoires ne permet pas de discuter son
opinion. Henri met de Bles ayant d'ailleurs consacré en partie son temps
et ses forces à exécuter des personnages, même de grandes proportions,
il y a tout lieu de croire que Lampsonius a dit vrai. Patinir serait en con-
séquence le premier de tous les peintres modernes qui parvint à détacher
un fragment de l'univers, si je puis m'exprimer ainsi, pour en composer
une œuvre d'art. Les sites champêtres, qu'on avait jusqu'alors admirés
dans le monde réel, entrèrent dans le domaine de la peinture, devinrent
des motifs indépendants qui excitèrent par eux-mêmes l'intérêt. Le seul
tableau de Joachim, au rapport de Van Mander, où les figures avaient
une importance prédominante, c'était une bataille, mais traitée comme
une miniature pour la dimension et pour l'exécution. Le lieu du combat
devait d'ailleurs y occuper une grande place et rattacher la scène guer-
rière au genre du paysage.

Jusqu'au moment où j'écris ces lignes, le souvenir de la création
due à l'enfant de la Meuse formait son seul titre de gloire. On ne con-
naissait de lui qu'une œuvre authentique, le panneau du musée d'Amiens,
image inférieure qui le dépréciait et le classait parmi les novateurs plus
 
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