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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Nr. 6
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Burty, Philippe: L' exposition de Bordeaux
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0570

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L'EXPOSITION DE BORDEAUX. 553

gués. Enfin, au moment où les caisses d'envois vont être clouées, un
membre de la Société — ces deux dernières années, le nouveau trésorier,
M. John Saulnier, —• vient en vérifier la qualité; et, en compagnie d'un
de nos amis qui est tout dévoué à cette œuvre, il va faire une dernière
tentative dans les ateliers retardataires ou chez les experts dont les rela-
tions marchent de pair avec le goût.
Ce n'est pas tout encore.

Malgré toutes ces précautions, malgré tous ces efforts, on ne peut
plus guère espérer recueillir que des œuvres de commerce, plus ou
moins estimables, mais d'un ordre nécessairement secondaire. La plus-
value énorme des tableaux contemporains fait que les marchands n'ont
chez eux les morceaux d'élite que pendant quelques jours. Avec la meil-
leure volonté, ils ne peuvent se dessaisir, pendant trois mois, de toiles
que la concurrence fait monter à des prix pour lesquels, il y a dix ans, on
se fût composé une galerie. Aussi, n'est-ce qu'à grand'peine qu'on obtient
d'eux quelque grande machine décorative, signée d'un nom éminent.

Il est donc indispensable de solliciter les amateurs eux-mêmes, car
il ne faut plus songer aux artistes. Dès qu'ils ont quelque réputation,
— et un premier succès à un Salon suffit désormais pour les consacrer —
leur atelier est assiégé. Les amateurs, les marchands, se relayent derrière
leur chevalet. Tel paysagiste, que nous pourrions citer, a pour cinq ans
de travaux devant lui. M. Corot n'a pas vu depuis trois ans sécher là
couleur sur une de ces esquisses qu'il rapporte à la fin de l'automne et
qu'il reprend pendant l'hiver avec une si admirable dextérité. Il a sur sa
table un registre. On prend son tour, comme sous l'Empire pour les por-
traits de Gérard. Avec un peu de chance — les seules chances sont que
les premiers inscrits meurent ou tombent en faillite — et avec la protec-
tion secrète d'un marchand de couleurs ou d'un modèle, on aura peut-
être dans trois ans l'esquisse rêvée et promise !

Cette Société, qui sent cependant l'importance, pour l'éclat et l'ensei-
gnement de ses expositions, d'exhiber des morceaux exceptionnels, va
frapper à la porte des amateurs. Mais l'amateur a mille affinités morales
avec la fourmi: l'amateur n'est pas prêteur... C'est là son moindre
défaut! Un remercîment bien tourné, consigné à la fin d'un rapport,
n'est pas toujours pour lui une compensation répondant à l'ennui de lais-
ser vides les parois de son salon et aux risques de voyage que courent
les œuvres d'art. Cependant — la politique aidant — Bordeaux a vu
pendant ces dernières années une belle portion des œuvres de Delacroix
et de Troyon, et même la Source d'Ingres.

— J2'' PÉRIODE. 70 '
 
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