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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 3.1870

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Nr. 6
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Lacroix, Paul: La porte et place de France sous le règne de Henri IV
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https://doi.org/10.11588/diglit.21406#0579

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562

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ment près de cent pages), sont précédés de ces observations, aussi neuves, aussi pro
fondes que judicieuses et délicates :

« Sous le règne de Henri IV, les Beaux-Arts reçurent des applications assez vastes
et assez variées pour que le mouvement puissant qui leur avait été imprimé sous les
Valois ne fût pas ralenti, et pour que l'École française, née delà Renaissance, continuât
glorieusement ses destinées, en entrant dans un second âge, qui a son génie à part,
ses procédés à lui, ses signes distinctifs. A la fin du xvie et au commencement du
xvne siècle, les arts furent marqués d'un caractère particulier, celui de l'utilité publique
et de l'utilité nationale, intimement uni au caractère monumental et artistique. Quel-
ques-uns prirent des formes nouvelles, sortirent de la voie d'imitation de l'école pré-
cédente et de la succession timide, pour entrer dans celle de la nouveauté, de l'origi-
nalité, de la création. A ces titres divers, ils forment une période particulière et fort
importante dans l'histoire de l'Art en France. »

Rien ne saurait mieux prouver la justesse de ces observations générales que le
projet de la Porte et Place de France, conçu par Henri IV lui-même dans les der-
nières années de sa vie, et dessiné sous ses yeux par ses deux ingénieurs Aleaume et
Chastillon.Ce projet admirable, qui ne fut jamais réalisé, du moins en totalité, par suite
de sa mort, resta même presque ignoré, car le Plan ne fut gravé qu'en 1640 par Poin-
sart. Cette curieuse estampe était devenue d'une telle rareté, que l'exemplaire du
Cabinet des estampes de la Bibliothèque impériale était considéré comme unique,
lorsque M. A. Poirson eut la bonne pensée de le faire reproduire en fac-similé. C'est
ce fac-similé, exécuté avec beaucoup de soin et de talent par M. Huguet aîné, que la
Gazette des Beaux-Arts offre aujourd'hui à ses abonnés, comme une œuvre d'art
vraiment extraordinaire, comme un document historique du plus grand intérêt.

La légende gravée, jointe au plan de Chastillon pour lui servir de corollaire expli-
catif, serait insuffisante et peu intelligible pour la plupart des lecteurs actuels, puisque
ce projet n'a laissé ni traces ni souvenirs. Nous préférons citer cette description que
nous fournit l'ouvrage de M. A. Poirson (t. III, p. 518) : « La disposition de la Place
de France était grandiose et monumentale, sans avoir rien de lourd ni de compassé,
Dans son ensemble, elle formait un demi-cercle, bordé de sept pavillons; chacun de
ces pavillons, ayant treize toises de développement sur la Place, était séparé de son
voisin par une large rue. Cette ordonnance avait échappé aux lignes droites et à la
continuité des édifices un peu monotones de la place Royale, La façade de chacun des
pavillons de la Place de France était percée de sept fenêtres : les sept arcades du rez-
de-chaussée supportaient deux étages d'une belle hauteur et un attique de trois fenêtres
seulement. Les corps des cheminées, d'une forme monumentale; les sveltes tourelles
qui flanquaient les deux côtés de chaque pavillon et qui, partant du premier étage,
montaient jusqu'au comble et se terminaient en flèche; les clochetons à huit pans,
artistement travaillés, qui surmontaient le faîte de la toiture; la largeur des rues où
pénétraient à flots le jour et le soleil; leur immense étendue où la vue se perdait; les .
jardins publics qu'on rencontrait sur leur parcours, donnaient à la Place de France un
aspect magique qui a frappé tous les hommes de l'art à qui nous en avons montré le
plan. »

Quant à l'origine de ce plan magnifique, M. A. Poirson s'en est occupé dans
quelques pages que nous citerons encore (t. IV, p. 719), parce qu'elles résument par-
faitement la destination politique et le caractère monumental du nouveau quartier pro-
jeté par Henri IV.
 
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