LE SALON DE 1883.
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éléments sort une infinie variété d’aspects et d’effets. Je ne puis guère
qu’énumérer au passage, en oubliant bien des noms,parmi les exposants de
cette année, anciens et nouveaux, et M. Lansyer etM. Vernier et M. Bou-
din etM. Émile Breton et M. Defaux et M. Billotte et M. Demont et M. Devé
etM. Casile et Mme Annaly et M. Guillemet etM. Japy et M. Louis Lemaire
et M. Lavieille et M. Péraire et M. Morlot et M. Lefortier et M. Sauzay.
M. Yon a exprimé avec une remarquable énergie une Rafale passant au
bord de la mer; la terrible violence de la tempête est partout, dans le
ciel noir, dans les arbres que le vent courbe, dans les hautes herbes qui
frissonnent, dans les crinières agitées des pauvres chevaux, dans la mer
démontée. M. Émile Bastien Lepage a mis une exquise fraîcheur dans la
toile intitulée le Clocher de Damvillers ; on y voudrait seulement un peu
plus de fermeté. M. Tristan Lacroix a entrepris un véritable tour de
force en traitant la Gorge aux loups de la forêt de Fontainebleau dans
les dimensions où il l’a fait. Son tableau est l’un des plus grands du
Salon : une chevrette au premier plan, des rochers "moussus et de gros
arbres; au fond, un dessous du bois où filtre le soleil. C’est avec ces
motifs qu’il a rempli son vaste cadre. Mais la chevrette, qui écoute
inquiète, est charmante ; les rochers ont de la solidité, le petit fond est
aussi frais que lumineux; félicitons donc M. Lacroix de son audace.
Paris lui-même, toute grande ville qu’il soit, a ses paysagistes, et je
veux en citer un tout au moins : c’est M. Lecomte, qui nous a représenté
fidèlement le quai de la Tournelle, derrière le chevet de Notre-Dame. Je
ne puis malheureusement adresser les mêmes félicitations à M. Loir Luigi
pour son Point du Jour à Auteuil, à l’heure du crépuscule.
Si j’avais à dire quelle est, entre ces œuvres sincères, le paysage
que je préfère, j’irais droit à la Vallée des Ardoisières de M. Pelouse.
Son premier plan de gazon est d’une fraîcheur délicieuse, toute la sérénité
du soir avec l’or du couchant est dans son ciel, qui fait songer au ciel
léger d’un Cuyp ou d’un Claude le Lorrain; il eût fallu vraiment bien peu
de chose de plus pour que ce tableau fut un chef-d’œuvre.
J’arrive aux portraits. Elle se porte bien, la peinture de portraits ; on
peut même dire d’elle ceci, quelle s’est toujours bien portée. Quels
qu’aient été les modes ou les goûts du jour, depuis l’aube de la Renais-
sance jusqu’à notre temps, quelles qu’aient été les écoles, on a toujours
fait de bons portraits; ceux de ILolbein sont admirables, et aussi les por-
traits des primitifs, italiens ou flamands, et ceux de Léonard, et ceux de
Raphaël, et ceux de Titien ou de Paris Bordone, et ceux des maîtres fla-
mands ou hollandais, et ceux de Coëllo, d’Antonio Moro ou de Velasquez,
et ceux de Reynolds ou deGainsborough. A tous ces maîtres de pays divers
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éléments sort une infinie variété d’aspects et d’effets. Je ne puis guère
qu’énumérer au passage, en oubliant bien des noms,parmi les exposants de
cette année, anciens et nouveaux, et M. Lansyer etM. Vernier et M. Bou-
din etM. Émile Breton et M. Defaux et M. Billotte et M. Demont et M. Devé
etM. Casile et Mme Annaly et M. Guillemet etM. Japy et M. Louis Lemaire
et M. Lavieille et M. Péraire et M. Morlot et M. Lefortier et M. Sauzay.
M. Yon a exprimé avec une remarquable énergie une Rafale passant au
bord de la mer; la terrible violence de la tempête est partout, dans le
ciel noir, dans les arbres que le vent courbe, dans les hautes herbes qui
frissonnent, dans les crinières agitées des pauvres chevaux, dans la mer
démontée. M. Émile Bastien Lepage a mis une exquise fraîcheur dans la
toile intitulée le Clocher de Damvillers ; on y voudrait seulement un peu
plus de fermeté. M. Tristan Lacroix a entrepris un véritable tour de
force en traitant la Gorge aux loups de la forêt de Fontainebleau dans
les dimensions où il l’a fait. Son tableau est l’un des plus grands du
Salon : une chevrette au premier plan, des rochers "moussus et de gros
arbres; au fond, un dessous du bois où filtre le soleil. C’est avec ces
motifs qu’il a rempli son vaste cadre. Mais la chevrette, qui écoute
inquiète, est charmante ; les rochers ont de la solidité, le petit fond est
aussi frais que lumineux; félicitons donc M. Lacroix de son audace.
Paris lui-même, toute grande ville qu’il soit, a ses paysagistes, et je
veux en citer un tout au moins : c’est M. Lecomte, qui nous a représenté
fidèlement le quai de la Tournelle, derrière le chevet de Notre-Dame. Je
ne puis malheureusement adresser les mêmes félicitations à M. Loir Luigi
pour son Point du Jour à Auteuil, à l’heure du crépuscule.
Si j’avais à dire quelle est, entre ces œuvres sincères, le paysage
que je préfère, j’irais droit à la Vallée des Ardoisières de M. Pelouse.
Son premier plan de gazon est d’une fraîcheur délicieuse, toute la sérénité
du soir avec l’or du couchant est dans son ciel, qui fait songer au ciel
léger d’un Cuyp ou d’un Claude le Lorrain; il eût fallu vraiment bien peu
de chose de plus pour que ce tableau fut un chef-d’œuvre.
J’arrive aux portraits. Elle se porte bien, la peinture de portraits ; on
peut même dire d’elle ceci, quelle s’est toujours bien portée. Quels
qu’aient été les modes ou les goûts du jour, depuis l’aube de la Renais-
sance jusqu’à notre temps, quelles qu’aient été les écoles, on a toujours
fait de bons portraits; ceux de ILolbein sont admirables, et aussi les por-
traits des primitifs, italiens ou flamands, et ceux de Léonard, et ceux de
Raphaël, et ceux de Titien ou de Paris Bordone, et ceux des maîtres fla-
mands ou hollandais, et ceux de Coëllo, d’Antonio Moro ou de Velasquez,
et ceux de Reynolds ou deGainsborough. A tous ces maîtres de pays divers