EXPOSITION DE PORTRAITS DU SIÈCLE.
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Les portraits de Ricard faisaient très bonne figure, au moins ceux de
M. Chaplin, de M. Edmond Taigny et de la Comtesse de M... ; ce der-
nier prouve surabondamment que Ricard n’est pas sans avoir entendu
parler du Titien.
Après avoir jeté un coup d’œil aux vitrines qui contenaient des mi-
niatures exquises, signées Augustin, Isabey, Cosway, Hall, Ritt, Vestier,
Mme de Mirbel, c’est-à-dire des noms les plus autorisés dans la matière, on
revenait sur ses pas pour admirer, au rez-de-chaussée de l’Exposition, un
choix de portraits peints par les excellents portraitistes que nous avons
le bonheur de posséder encore. Tant que vivront des maîtres tels que Bau-
dry, Meissonier, Dubois, Carolus Duran, Delaunay, Chaplin, Ilenner, Bon-
nat, Gaillard, Fantin-Latour et leurs jeunes émules, Bastien-Lepage, Sar-
gent, Roll et Gervex, on n’a pas à redouter que l’art essentiellement fran-
çais du portrait soit menacé de périr. Nous croyons superflu de donner
la nomenclature des toiles exposées par cette phalange d’élite ; presque
toutes datent d’hier ; nous ne voulons retenir que les chefs-d’œuvre : le
Delahanle, de Meissonier, et une admirable peinture de Baudry, le portrait
de Mn'c Chessâ, fait à Nantes en 1871.
Nous terminons cette revue rapide en saluant un peintre, mort d’hier,
à qui il a manqué bien peu de chose pour prendre place au premier rang.
Le portrait de M. Zola, par Manet, ne nous donne certainement pas une
idée exacte des traits de l’écrivain; la figure est à peine modelée; mais
comme cette peinture robuste et saine accuse bien un tempérament de
coloriste! Si énormes que soient les défauts de Manet, il a eu de ces qualités
géniales qui portent le nom d’un artiste à travers les âges. Vienne l’ex-
position complète de ses œuvres, et cette vérité n’aura plus besoin d’être
défendue : on peut nous croire sur parole ; c’est un crédit de quelques
jours, car l’exposition est proche.
ALFRED DE LOSTALOT.
P. S. — Nous apprenons une bonne nouvelle. La Société philanthro-
pique, encouragée par les offres nombreuses qu’elle a déjà reçues, vient
de décider qu’elle fera l’année prochaine une seconde exposition, et, dès
à présent, elle fait appel aux amateurs qui voudraient bien lui promettre
des portraits.
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Les portraits de Ricard faisaient très bonne figure, au moins ceux de
M. Chaplin, de M. Edmond Taigny et de la Comtesse de M... ; ce der-
nier prouve surabondamment que Ricard n’est pas sans avoir entendu
parler du Titien.
Après avoir jeté un coup d’œil aux vitrines qui contenaient des mi-
niatures exquises, signées Augustin, Isabey, Cosway, Hall, Ritt, Vestier,
Mme de Mirbel, c’est-à-dire des noms les plus autorisés dans la matière, on
revenait sur ses pas pour admirer, au rez-de-chaussée de l’Exposition, un
choix de portraits peints par les excellents portraitistes que nous avons
le bonheur de posséder encore. Tant que vivront des maîtres tels que Bau-
dry, Meissonier, Dubois, Carolus Duran, Delaunay, Chaplin, Ilenner, Bon-
nat, Gaillard, Fantin-Latour et leurs jeunes émules, Bastien-Lepage, Sar-
gent, Roll et Gervex, on n’a pas à redouter que l’art essentiellement fran-
çais du portrait soit menacé de périr. Nous croyons superflu de donner
la nomenclature des toiles exposées par cette phalange d’élite ; presque
toutes datent d’hier ; nous ne voulons retenir que les chefs-d’œuvre : le
Delahanle, de Meissonier, et une admirable peinture de Baudry, le portrait
de Mn'c Chessâ, fait à Nantes en 1871.
Nous terminons cette revue rapide en saluant un peintre, mort d’hier,
à qui il a manqué bien peu de chose pour prendre place au premier rang.
Le portrait de M. Zola, par Manet, ne nous donne certainement pas une
idée exacte des traits de l’écrivain; la figure est à peine modelée; mais
comme cette peinture robuste et saine accuse bien un tempérament de
coloriste! Si énormes que soient les défauts de Manet, il a eu de ces qualités
géniales qui portent le nom d’un artiste à travers les âges. Vienne l’ex-
position complète de ses œuvres, et cette vérité n’aura plus besoin d’être
défendue : on peut nous croire sur parole ; c’est un crédit de quelques
jours, car l’exposition est proche.
ALFRED DE LOSTALOT.
P. S. — Nous apprenons une bonne nouvelle. La Société philanthro-
pique, encouragée par les offres nombreuses qu’elle a déjà reçues, vient
de décider qu’elle fera l’année prochaine une seconde exposition, et, dès
à présent, elle fait appel aux amateurs qui voudraient bien lui promettre
des portraits.