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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 28.1883

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Nr. 2
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Le Petit, Jules: L' ornementation des livres, [1]: à propos de l'exposition rétrospective de l'Union centrale en 1882
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https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0146

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

des IJebdomades, de Vairon, illustrés de 700 portraits, et datant du siècle
qui précéda J.-G. ; et d’un ouvrage d’Aratus, que l’on suppose avoir été
écrit au 11e siècle de l’ère chrétienne, avec figures peintes. La biblio-
thèque vaticane conserve un Virgile illustré que l’on croit exécuté vers
le ivc siècle ou le vG.

Mais il faut arriver à l’époque de Charlemagne pour pouvoir étudier
avec intérêt les progrès, devenus alors très sérieux, de l’art d’illustrer
les œuvres de la pensée et de l’imagination. On rencontre bien quelques
spécimens de manuscrits accompagnés de dessins exécutés en France
vers le vc siècle ou le vie, et même auparavant ; mais ces dessins ne sont
toujours qu’une réminiscence architecturale, une sorte de copie grossière
de colonnades ou de frontons, placés en guise de frontispice du livre,
dont le texte commence ordinairement entre ces colonnes ou au-dessous
de ces frontons. Au vne et au vmG siècle, on agrémente ces sortes de fron-
tispices de deux ou trois figures ; et, vers la fin de ce dernier siècle, les
artistes commencent à composer des sujets et à les multiplier, soit dans
l’ornementation des majuscules, soit dans l’exécution de grandes pein-
tures à pleine page.

Ceci nous conduit à citer, comme un des plus remarquables spécimens
de calligraphie et d’ornementation de cette époque, le fameux Evangé-
liaire de Charlemagne, conservé dans le musée d’Abbeville, et qui figurait,
à l’Exposition rétrospective, à une place d’honneur, au milieu de la salle
n° 9. Ce superbe et très précieux monument de l’art carlovingien, désigné
sous le titre : Les quatre Évangiles, fut exécuté dans les dernières années
du vin” siècle, sans doute par ordre du puissant empereur, qui le donna
à un abbé nommé Angilbert, du monastère de Saint-Riquier. Angilbert
avait épousé, dans sa jeunesse, Berthe, fille de Charlemagne.

Ce manuscrit est écrit sur parchemin ou vélin pourpré, en lettres
onciales de 6 millimètres environ de hauteur. Les lettres, en or, sont
bien conservées; la couleur des peintures a peu changé; seul, le pourpre
du vélin est devenu un peu violacé, mais aucun endroit du texte n’a subi
une altération sensible et on le lit avec une grande facilité. Il est enrichi
de quatre grandes peintures à pleine page, en tête des quatre évangiles,
représentant chaque évangéliste avec ses attributs; et de quatre fron-
tispices formés de grandes lettres majuscules ornées, entourées d’enca-
drements contenant des nœuds d’entrelacs en diverses couleurs, dessinés
avec une grande finesse.

Les figures des grands sujets ont beaucoup d’expression ; elles sont
dessinées largement et non sans talent, malgré leur caractère archaïque.
L’encadrement de chaque grande peinture est formé de deux colonnades
 
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