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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 28.1883

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Nr. 3
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Courajod, Louis: Le baron Charles Davillier et la collection léguée par lui au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0222

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212

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

déjà si désintéressée fût mise, quelques années plus tard, à une terrible
et douloureuse épreuve? Je n’insisterai pas sur un regrettable incident
que je suis cependant obligé de mentionner. La presse, au moment de la
mort de l’éminent amateur, a été unanime pour rendre hommage au
baron Davillier et pour se souvenir qu’il avait été omis sur la longue liste
des nominations dans l’ordre de la Légion d’honneur à la suite de l’ex-
position rétrospective du Trocadéro, en 1878, Cet inexplicable oubli mé-
contenta ses amis et attrista l’opinion, sans parvenir à l’émouvoir lui-
même ni à lui faire modifier une décision qui, quoique secrète, était déjà
irrévocable. Il se vengea noblement en prouvant qu’il était non de ceux
qui reçoivent, comme M. Edmond Bonnaflfé l’a très bien dit, mais de
ceux qui travaillent en silence pour leur pays, et lui donnent sans aucune
arrière-pensée. Son cœur, d’ailleurs, était trop haut pour qu’une injustice
le détournât d’une bonne action. Un désir aussi formel et aussi persis-
tant de donner sans compter n’aurait pu être entravé que par un seul
obstacle. Mais la difficulté fut levée immédiatement ; la digne compagne
du baron Davillier ne voulut user des droits inscrits dans ses conven-
tions matrimoniales que pour assurer, dans une très large mesure,
l’accomplissement du legs de son mari. Mme la baronne Davillier s’est
faite elle-même, et à son préjudice, l’exécutrice des volontés du testa-
teur. Rien n’a donc pu triompher de cette profonde, tenace et patiente
générosité. La splendide collection est acquise à la France, et le nom
de Davillier rappellera, au Louvre, un des plus grands enrichissements
dont le département du Moyen âge et de la Renaissance ait été l’objet
depuis la donation Sauvageot. La double œuvre de l’archéologue et du
collectionneur vivra. Cette pensée a sans doute adouci pour celui qui
n’est plus l’heure terrible de la séparation ; elle contribuera aussi à con-
soler un peu ceux qui conservent et conserveront toujours la mémoire de
l’ami et du maître.

LOUIS COURAJOD.
 
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