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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 28.1883

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Nr. 5
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Lefort, Paul: L' expostion nationale de 1883, 2, La peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24260#0411

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L’EXPOSITION NATIONALE DE 1883.

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comparaison même avec ce que l’art des Van der Werf nous a légué de
plus fini et de plus léché. Et cependant il y a dans ces panneaux, de fac-
ture et de coloration beaucoup trop exotiques pour notre goût, des détails
et des morceaux d’un rare mérite. Certaines têtes de jeunes filles, d’une
grande finesse d’expression, sont absolument charmantes ; et comme elles
sont bien anglaises !

Il convient aussi de reconnaître que M. Tissot possède à un haut
degré le juste sentiment du clair-obscur et que, sous ce rapport, ses effets
d’intérieur sont on ne peut plus finement observés.

Devons-nous, d’après ces témoignages, conclure que M. Tissot res-
tera anglais et qu’il est désormais impuissant à revenir à résipiscence?
Le talent de cet artiste dépaysé a fait dans le passé et fait tous les jours
dans le domaine de l’aquafortiste preuve d’assez de souplesse pour qu’on
puisse croire encore à la probabilité d’une nouvelle conversion.

On sait que, fuyant les cohues et les voisinages compromettants, plu-
sieurs de nos maîtres, et des plus célèbres, avaient depuis longtemps
renoncé à prendre part aux Salons annuels. L’Exposition nationale aura
eu cette bonne fortune d’obtenir leurs envois, et nécessairement ceux-ci
y tiennent une place trop importante et trop capitale pour que nous ne
leur consacrions pas une étude attentive. M. Meissonier, tout le premier,
et en vrai patriote qu’il est, a voulu payer d’exemple. Son exposition est
même considérable, puisqu’elle comprend deux portraits et cinq tableaux,
et on sait si c’est chose rare de trouver en une seule fois tant de pein-
tures de lui réunies. Aussi les amateurs ne cessent-ils de les entourer.
M. Meissonier aura vraiment été la great attraction de l’Exposition
nationale.

Le portrait de M. Victor Lefranc date de 1881. Il est de toute petite
dimension , puisqu’il ne mesure que 0m,29 en hauteur sur 0m,22 de
largeur, et cependant c’est là une très grande peinture dans son cadre
minuscule. Rien n’est aussi vivant, plus formel et plus physionomique
que le portrait de cet excellent homme, dont la mort est encore un deuil
récent pour ses amis. Assis à son bureau, le corps légèrement rejeté en
arrière par un mouvement d’un naturel parfait, il semble avoir délaissé
un moment son travail et s’abandonner à quelque rêverie. Sa tête fine,
les traits si individuels de son visage, sa bouche, l’œil unique, car Victor
Lefranc était borgne, et jusqu’à ses mains, si parfaitement particularisées,
sont exprimés avec cettè acuité de dessin, cette certitude et cette préci-
sion, toujours un peu soulignée, qui caractérisent le talent de M. Meis-
sonier.

Quand le temps, faisant son travail d’apaisement, aura mêlé et fondu
 
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