LE SANG Y ET LE MIROIR DE PORTUGAL.
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Gaston, dans ses Mémoires, ne donne aucun détail sur les parures.
On sait combien, durant la Fronde, la Cour eut à endurer de
privations : Henriette-Marie, restée à Paris, ne touchait plus de
pension de sa belle-sœur, et Retz a popularisé, dans la narration de
la visite qu’il lui fît, la misère profonde dans laquelle était tombée
la fille de Henri IV. La reine fut contrainte d’engager successivement
ses bijoux, soit pour soutenir les partisans de Charles Ier, soit pour
subvenir à ses propres besoins : elle contracta, auprès du duc d’Eper-
non 1, des emprunts s’élevant à la somme totale de 427,556 livres
tournois. Le premier de ces emprunts, fait par acte passé devant no-
taires, le 11 novembre 1646 2, était de 230,000 livres. Il fut cautionné
par plusieurs officiers de la maison de la reine 3.
Henriette-Marie remit en gage au mandataire du duc d’Epernon
« vng carcan d’or massif, couvert de cent soixante perles rondes
d’environ trois caratz pièce, entremeslées, de seize en seize, de rubis
au nombre de dix de plusieurs grandeurs et fassons ».
« Vn fort gros (rubis) d’Orient en cabochon; quatre balets dont
4. Fils de Louis de la Vallette, duc d’Épernon.
2. Extrait des minutes de Me Chevillard, notaire à Paris.
A ce propos, dans ses Mémoires (t. III, p. 459, môme édition), Mlle de Montpensier
rapporte que dans une des cérémonies du mariage de Marie-Thérèse d’Autriche
avec Louis XIV, en 1660, Philippe IV portait à son chapeau un diamant en table,
d’où pendait une perle en poire. On les nommait : le diamant, le Miroir de Portugal
et la perle, la Pélegrine.
Ces lignes n’infirment en rien ce que nous avons raconté sur la pierre de la
couronne de France, connue sous le nom de Miroir de Portugal : les actes notariés,
que nous avons cités et les mentions des inventaires de la Couronne jusqu’en 1792
ne permettent aucune discussion. Si l’on admet comme vraie l’assertion de la
grande Mademoiselle on peut supposer que Philippe IV avait donné à une grosse
pierre le même nom que celui du plus beau diamant de la couronne de Portugal.
Cependant il est à noter que Mademoiselle a pu donner d’elle-même, à la pierre
de Philippe IV, le nom de Miroir de Portugal, car à l’entrée de la reine d’Espagne
à Madrid, vingt ans après le mariage de Marie-Thérèse, le Mercure de France,
février 1680, p. 248, parlant de la toilette de la jeune reine, la décrit en termes
semblables à ceux qu’avait employés la fille de Gaston. Seulement, il ne donne
aucun nom au gros diamant du roi. On pourrait donc supposer que ce nom lui
vient de Mademoiselle, qui avait souvent entendu parler du Miroir de Portugal et
qui l’avait même porté, alors qu’il appartenait à Henriette de France. En tout cas,
nous laissons au lecteur le soin de trancher cette question, qui du reste n’entre
que par incidence dans notre travail.
3. Henry Jermyn, milord d’Angleterre, conseiller et grand écuyer de la reine;
Ilenry Wod, chevalier, conseiller général, et noble Richard Forestier, trésorier
général de ladite reine.
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Gaston, dans ses Mémoires, ne donne aucun détail sur les parures.
On sait combien, durant la Fronde, la Cour eut à endurer de
privations : Henriette-Marie, restée à Paris, ne touchait plus de
pension de sa belle-sœur, et Retz a popularisé, dans la narration de
la visite qu’il lui fît, la misère profonde dans laquelle était tombée
la fille de Henri IV. La reine fut contrainte d’engager successivement
ses bijoux, soit pour soutenir les partisans de Charles Ier, soit pour
subvenir à ses propres besoins : elle contracta, auprès du duc d’Eper-
non 1, des emprunts s’élevant à la somme totale de 427,556 livres
tournois. Le premier de ces emprunts, fait par acte passé devant no-
taires, le 11 novembre 1646 2, était de 230,000 livres. Il fut cautionné
par plusieurs officiers de la maison de la reine 3.
Henriette-Marie remit en gage au mandataire du duc d’Epernon
« vng carcan d’or massif, couvert de cent soixante perles rondes
d’environ trois caratz pièce, entremeslées, de seize en seize, de rubis
au nombre de dix de plusieurs grandeurs et fassons ».
« Vn fort gros (rubis) d’Orient en cabochon; quatre balets dont
4. Fils de Louis de la Vallette, duc d’Épernon.
2. Extrait des minutes de Me Chevillard, notaire à Paris.
A ce propos, dans ses Mémoires (t. III, p. 459, môme édition), Mlle de Montpensier
rapporte que dans une des cérémonies du mariage de Marie-Thérèse d’Autriche
avec Louis XIV, en 1660, Philippe IV portait à son chapeau un diamant en table,
d’où pendait une perle en poire. On les nommait : le diamant, le Miroir de Portugal
et la perle, la Pélegrine.
Ces lignes n’infirment en rien ce que nous avons raconté sur la pierre de la
couronne de France, connue sous le nom de Miroir de Portugal : les actes notariés,
que nous avons cités et les mentions des inventaires de la Couronne jusqu’en 1792
ne permettent aucune discussion. Si l’on admet comme vraie l’assertion de la
grande Mademoiselle on peut supposer que Philippe IV avait donné à une grosse
pierre le même nom que celui du plus beau diamant de la couronne de Portugal.
Cependant il est à noter que Mademoiselle a pu donner d’elle-même, à la pierre
de Philippe IV, le nom de Miroir de Portugal, car à l’entrée de la reine d’Espagne
à Madrid, vingt ans après le mariage de Marie-Thérèse, le Mercure de France,
février 1680, p. 248, parlant de la toilette de la jeune reine, la décrit en termes
semblables à ceux qu’avait employés la fille de Gaston. Seulement, il ne donne
aucun nom au gros diamant du roi. On pourrait donc supposer que ce nom lui
vient de Mademoiselle, qui avait souvent entendu parler du Miroir de Portugal et
qui l’avait même porté, alors qu’il appartenait à Henriette de France. En tout cas,
nous laissons au lecteur le soin de trancher cette question, qui du reste n’entre
que par incidence dans notre travail.
3. Henry Jermyn, milord d’Angleterre, conseiller et grand écuyer de la reine;
Ilenry Wod, chevalier, conseiller général, et noble Richard Forestier, trésorier
général de ladite reine.