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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Une tournée en Auvergne, 2, Riom - Clermont - Le Puy
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0133

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120

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Des œuvres d’un abord plus facile sont exposées dans la sacristie et
dans la pièce voisine, où l’on conserve ce qui reste de l’ancien trésor.
C’est bien peu de chose, ce n’est rien si l’on songe aux merveilles
qu’y laissèrent jadis les pèlerins royaux. Par des raisons qui m’échap-
pent, on ne nous montre pas la Bible manuscrite de Théodulfe, qui
serait du ixe siècle; mais, en revanche, on nous fait voir un soulier
de la Vierge. Il y en avait deux autrefois : l’un avait été apporté par
saint Martial, l’autre par un ange 1. Il n’y en a plus qu’un aujourd’hui,
et la légende désemparée marche un pied chaussé et l’autre nu. Le
soulier conservé est grand comme un bateau, et les vastes dimensions
de cette chaussure, qui semble de provenance orientale, éveillent
dans l’esprit de vagues inquiétudes.

Rentré dans la sacristie, on y apprend que Pierre Vaneau n’est
pas un sculpteur rêvé par notre collaborateur Marius Vachon. On y
peut voir un énorme bas-relief de ce vaillant tailleur de bois. Vaneau
est un décadent fastueux qui aime les choses difficiles et se plaît aux
saillies ronflantes. Au-dessus du bas-relief de l’ami de Vachon,
c’est-à-dire beaucoup trop haut, on a placé une peinture, la Mise au
tombeau, dont M. Giron a fait une copie que nous avons déjà vue dans
l’escalier du Musée. Ce tableau, tout semé de riches costumes, paraît
des plus intéressants. La note douloureuse s’y exprime avec éloquence,
et les colorations y sont fort éclatantes. Dans une des communica-
tions qu’il a faites à la Sorbonne, M. Léon Giron attribue la Mise au
tombeau à l’école de Bourgogne. Cette appréciation est un peu con-
jecturale. L’œuvre, pleine de saveur, est des dernières années du
xve siècle. M. Giron nous apprend d’ailleurs qu’elle porte les armoiries
du chanoine Odin, abbé de Saint-Vozy, official de Jean de Bourbon 2.
Alors même que la peinture ne serait pas hautement significative,
l’indication fournie par le savant de la Haute-Loire équivaudrait à
une date.

Pierre Odin, lettré résolu, amateur ardent des œuvres peintes, nous
est connu par les quelques lignes que lui a consacrées Étienne Médicis*
bourgeois du Puy, dans la chronique, longtemps manuscrite, dont
M. Augustin Cliassainga publié le texte. Quand, au mois de mars 1475,
Louis XI fit un premier pèlerinage à Notre-Dame du Puy, il fut
reçu par le chapitre. Nous avons la harangue que Pierre Odin adressa
au roi, car il se plaisait à discourir, le bon chanoine, et ainsi que le
dit le chroniqueur, il avait le langage « mellifère et suaviloquent ».

1. Francisque Mandet, Notre-Dame du Puy, 1860, p. 108.

2. Réunion des Sociétés des Beaux-Arts, 1884, p. 151.
 
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