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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Michel, Émile: Gérard ter Borch et sa famille, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0149

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GÉRARD TER BORGH. 133

ses concitoyens, il eut, en 1667, l’occasion d’employer son talent pour
sa ville d’adoption.

Malgré son importance, le tableau qu’il fit pour elle et qui décore
aujourd’hui encore la grande salle de l’Hôtel de Tille de Deventer ne
saurait cependant passer pour un de ses meilleurs ouvrages. Encadrée,
suivant l’usage de cette époque, dans une large bordure en bois
sculpté et doré où sont réunis tous les attributs symboliques et toutes
les productions qui peuvent caractériser la contrée, cette grande toile
nous montre, chapeaux en tête, les vingt personnes formant le conseil
des magistrats de la cité, rangées en deux files égales sur les bancs
qui longent les murailles, dans une symétrie parfaite : sept de chaque
côté des deux présidents siégeant au centre et des quatre secrétaires
au-dessous d’eux, assis ou debout près d’une table. Dans deux
cadres accrochés à la paroi du milieu sont disposés, symétriquement
aussi, douze glaives de justice avec les noms et les dates des exécutions
auxquelles ils ont servi. Au-dessus de la cheminée qui les sépare, la
devise : Audi et alteram partem rappelle à ces magistrats municipaux
l’impartialité qui doit dicter leurs décisions. Bien que la peinture,
un peu détériorée du reste, se voie difficilement, frappée qu’elle est
par la lumière venant de face, on y retrouve tout le talent de Ter
Borcli dans la vie, la variété et la finesse d’expression qu’il a su
donner à ces visages ainsi alignés. Mais ces personnages graves et
compassés, uniformément vêtus de noir, cet appareil funèbre et les
souvenirs sanglants dont ils sont entourés produisent, en somme, une
impression plutôt lugubre qu’imposante.

On comprend que les visiteurs aient hâte d’y échapper. Ils goûtent
mieux encore, après un pareil spectacle, les aspects pittoresques qui,
en parcourant la cité, se présentent à chaque instant à leurs regards :
la place du Brink avec le curieux édifice du Poids de la ville et ses
vieilles maisons aux pignons historiés, couvertes de devises latines
et de sculptures emblématiques, les quais bordant le cours gracieux
de l’Yssel et les arbres séculaires qu’on aperçoit de là parmi de riantes
prairies. C’est dans cet aimable milieu que vivait Ter Bocli. Après
avoir parcouru l’Enrope et frayé avec les grands et les rois, il s’aban-
donnait sans réserve au charme de l’existence laborieuse et retirée
qu’il s’était faite. Son talent avait attiré auprès de lui des élèves assez
nombreux parmi lesquels il convient de citer G. Netscher, R. Ivoets,
H. Ten Oever et probablement aussi P. van Anraadt. Plein de bonté
pour eux, il les introduisait dans sa famille et nous recueillons un
témoignage touchant de la bienveillance avec laquelle ils y étaient
 
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