156 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
d’un goût parfait, qui portent souvent des devises ou des mono-
grammes.
A partir de Henri IV, le lit de bois sculpté a vécu. En 1602,
Jacques Lallemand de Nancy est chargé de faire pour le palais ducal
« un Uct de repos de noyer, façon d’Italie, à quatre colonnes et deux
layettes qui se tirent l’une par devant et l’autre par le pied, fermé
tout à l’entour de panneaux 1 ». Mais le lit véritable n’est plus
l’œuvre du menuisier ni du sculpteur; c’est le triomphe du tapissier,
un monument d’étoffe, de broderie et de passementerie, dont le lit
du maréchal d’Effiat, au Musée de Cluny, peut à peine donner
une idée.
Ici se termine la série des études que nous avons entreprise dans
la Gazette des Beaux-Arts.
En commençant ce travail, nous n’avons pas eu la pensée d’écrire
l’histoire du meuble français de la Renaissance ; un programme de
cette envergure dépassait le cadre d’une revue. La place nous était
mesurée, comme il convient; il fallait se borner à quelques tableaux
détachés, pouvant se prêter aux coupures d’une publication pério-
dique. Et puis, le lecteur a bien voulu nous accompagner jusqu’ici ;
serait-il d’humeur à nous suivre plus loin? Sa longanimité a des
bornes, et la politesse, — d’accord avec la prudence, — commande
de ne pas les atteindre, mais de rester quelque peu en deçà.
Nous avons choisi le coffre, le dressoir, Y armoire, la table et le lit
comme étant les modèles types, les mieux caractérisés, ceux qui
donnent l’idée la plus complète à la fois de la vie privée et de l’art
contemporains.
Le but de ces études a été d’abord d’appeler l’attention sur un
art peu connu, de faire la part légitime de la France, et de reven-
diquer pour nos artistes l’honneur de ces créations pleines de grâce
et de bon sens, trop souvent attribuées à nos voisins.
Mais le meuble n’est pas seulement un objet d’art et d’élégance,
appelé à décorer la salle; c’est avant tout un objet utile, qui a sa
destination pratique dans la vie de tous les jours. Nous avons voulu
le faire connaître à ce second point de vue qui se confond, ou plutôt
qui se confondait jadis complètement avec le premier. Expliquer
L Comptes du palais ducal.
d’un goût parfait, qui portent souvent des devises ou des mono-
grammes.
A partir de Henri IV, le lit de bois sculpté a vécu. En 1602,
Jacques Lallemand de Nancy est chargé de faire pour le palais ducal
« un Uct de repos de noyer, façon d’Italie, à quatre colonnes et deux
layettes qui se tirent l’une par devant et l’autre par le pied, fermé
tout à l’entour de panneaux 1 ». Mais le lit véritable n’est plus
l’œuvre du menuisier ni du sculpteur; c’est le triomphe du tapissier,
un monument d’étoffe, de broderie et de passementerie, dont le lit
du maréchal d’Effiat, au Musée de Cluny, peut à peine donner
une idée.
Ici se termine la série des études que nous avons entreprise dans
la Gazette des Beaux-Arts.
En commençant ce travail, nous n’avons pas eu la pensée d’écrire
l’histoire du meuble français de la Renaissance ; un programme de
cette envergure dépassait le cadre d’une revue. La place nous était
mesurée, comme il convient; il fallait se borner à quelques tableaux
détachés, pouvant se prêter aux coupures d’une publication pério-
dique. Et puis, le lecteur a bien voulu nous accompagner jusqu’ici ;
serait-il d’humeur à nous suivre plus loin? Sa longanimité a des
bornes, et la politesse, — d’accord avec la prudence, — commande
de ne pas les atteindre, mais de rester quelque peu en deçà.
Nous avons choisi le coffre, le dressoir, Y armoire, la table et le lit
comme étant les modèles types, les mieux caractérisés, ceux qui
donnent l’idée la plus complète à la fois de la vie privée et de l’art
contemporains.
Le but de ces études a été d’abord d’appeler l’attention sur un
art peu connu, de faire la part légitime de la France, et de reven-
diquer pour nos artistes l’honneur de ces créations pleines de grâce
et de bon sens, trop souvent attribuées à nos voisins.
Mais le meuble n’est pas seulement un objet d’art et d’élégance,
appelé à décorer la salle; c’est avant tout un objet utile, qui a sa
destination pratique dans la vie de tous les jours. Nous avons voulu
le faire connaître à ce second point de vue qui se confond, ou plutôt
qui se confondait jadis complètement avec le premier. Expliquer
L Comptes du palais ducal.