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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 2
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Lostalot, Alfred de: Revue musicale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0187

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REVUE MUSICALE.

171

la Danse macabre, de quantité de concertos, de mélodies et d’œuvres de
musique de chambre, est en même temps un virtuose de premier ordre;
cette qualité, loin de rehausser son mérite aux yeux du vulgaire, était plutôt
défavorable à l’appréciation de sa juste valeur; nous sommes ainsi faits
que nous ne comprenons pas qu’on puisse avoir un grand talent dans des
genres différents. Les moins crédules doivent être maintenant convaincus
du contraire, et d’ailleurs le cas de M. Saint-Saëns n’est pas exceptionnel,
on en connaît de nombreux exemples sans remonter plus haut que Mozart
et Beethoven.

La symphonie en ut mineur de M. Saint-Saëns (c’est la 3e de hauteur)
est divisée en deux parties; néanmoins, elle renferme en principe et en
fait les quatre mouvements traditionnels et dans l’ordre accoutumé : le
compositeur, est-iî dit dans une analyse succincte de l’œuvre, que l’on a
mise entre les mains de tous les assistants, « le compositeur a cherché par
ce moyen à éviter, dans une certaine mesure, les interminables reprises et
répétitions qui tendent à disparaître de la musique instrumentale ». Comme
l’usage s’est introduit depuis quelque temps de ne pas faire certaines
reprises, même dans les œuvres des plus grands maîtres, quand elles nuisent
incontestablement à l’effet d’ensemble, je ne vois pas trop l’utilité de cette
nouvelle disposition. Condensée en deux morceaux, une symphonie semble
fatalement plus longue qu’en quatre, et puis on y perd le droit de hisser au
moins l’un des morceaux, ce qui eût été une véritable satisfaction pour les
admirateurs du bel adagio écrit par M. Saint-Saëns.

Nous ne suivrons pas la notice analytique dans ses développements; si
elle est fort utile à l'auditeur, le lecteur de ces lignes ne trouverait aucun
profit à savoir que tel motif ou tel développement, que nous ne pouvons lui
faire entendre, est dans tel ton, passe dans tel autre, et affecte certaines
dispositions rythmiques qui en modifient le caractère expressif; l’on sait
que la même pensée musicale peut être une source de larmes ou de rires :
le ton fait la chanson. Au surplus, nous étions tous d’accord au Conservatoire
pour reconnaître que cette symphonie n’avait nul besoin du secours des
commentaires écrits. D’un bout à l’autre, elle est d’une clarté parfaite; les
motifs ont une carrure qui les impose tout d’abord à la mémoire; l’on n’a
aucune peine à les suivre à travers les transformations magnifiques que
fart et la science du compositeur leur fait subir. L’adagio, nous l’avons dit.
est une page d’inspiration superbe, hors de pair dans les œuvres contem-
poraines; il produit une très grande émotion; pour nous qui avons la
faiblesse de tenir à ces choses, c’est la partie capitale de l’œuvre et, encore
une fois, les plus grands maîtres l’eussent signé avec orgueil.

M. Saint-Saëns, qui professe d’ailleurs fart sans épithète, se montre ici
comme toujours le continuateur des classiques; il tient pour bon ce qui a
été écrit de Bach à Beethoven, mais cette admiration rétrospective ne le
conduit nullement à une imitation servile. La science instrumentale.
l’harmonie même ont fait des progrès dans cette seconde moitié du siècle,
il ne veut pas les ignorer. Pour exécuter sa symphonie, l’orchestre du
Conservatoire a dû renforcer certains des pupitres et mettre à sa disposition
des instruments qui d’ordinaire ne participent pas à l’exécution des
 
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