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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Revillout, Eugène: Coup d'oeil sur les origines de l'art Égyptien: à propos d'une tête de l'ancien empire au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0206

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186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

La reproduction qui en est donnée dans l’héliogravure ci-contre,
bien exécutée d’ailleurs par M. Dujardin, est loin d’être ce quej’aurais
désiré par suite d’une mauvaise pose. Lors du montage de cette
pièce, — montage que je n’ai pu encore faire recommencer, — l’ou-
vrier a rejeté la tête trop en arrière. Quand on l’examine dans la
vitrine tournante qui lui est consacrée au milieu de la salle histo-
rique i, l’œil aperçoit de suite ce défaut du socle et rectifie par con-
séquent l’image reçue. Mais il n’en est pas de même dans notre hélio-
gravure, surtout quand il s’agit de la tète vue de face. Le front
recule par rapport au menton, sans qu’on en distingue la cause, et il
parait fuyant. Les yeux sont trop et mal éclairés. La figure perd de
cette énergie quelque peu brutale qui en fait le caractère propre. Il
aurait été facile de remédier à tout cela en plaçant plus haut la
chambre noire. Mais l’opérateur a négligé ce détail et il en résulte
une impression subjective qui défigure l’expression objective voulue
par le sculpteur.

Rien n’est plus fugitif, en effet, que l’expression d’un visage, soit
dans la nature, soit dans l’art. Un mauvais éclairage gâte un tableau
ou une statue et il suffit parfois également pour gâterie succès, qu’un
orateur est en droit d’attendre autant de son geste — ce geste si
vanté par Démosthène -— que de son éloquence elle-même.

C’est donc au Louvre qu’il faut, pour la bien apprécier, aller
admirer la tête dont nous parlons, de même qu’il faut aller y admirer
le fameux Scribe, dont jamais ni la peinture, ni le dessin, ni l’hélio-
gravure — sans cesse renouvelée — n’ontpu jusqu’ici rendre en rien
la stupéfiante beauté.

En effet, ce qui domine dans le Scribe, comme dans notre nouvelle
acquisition, comme dans cette autre tète dont la Gazette des Beaux-Arts
a parlé et qu’elle a reproduite (t. XVII, 2e période, p. 229), comme
généralement dans toutes les grandes œuvres de l’ancien empire
égyptien, c’est cette vie du visage que la photographie rend si mal.

Quelqu’un a dit : « La première statue égyptienne fut moins une
œuvre d’art qu’un décalque de la réalité, qu’une sorte de moulage pris
sur nature. Si la photographie avait été inventée du temps de Ménès
les photographes auraient fait fortune en Egypte... Faute de mieux,
on se contenta de copier, etc. »

Eh bien ! pour qui a étudié tant de sculptures si éminemment

1. La vraie place serait dans la salle civile, et c’est là que nous voulions
mettre cette admirable tête. Un mouvement d’objets nous permettra bientôt,
j’espère, de faire celte réforme nécessaire.
 
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