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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 3
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Pératé, André: Correspondance d'Italie: les nouvelles promenades de Rome; la galerie des candélabres au Vatican, et l'abside de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0291

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COR RESPONDANCE D’ITALIE.

260

Le malheur est plus grave à Saint-Jean de Lateran. Là, le travail et la dépense
ont été énormes. Il ne s’agissait de rien moins que de refaire une partie du trans-
sept et toute l’abside de l’ancienne basilique; et le projet, qui n’est pas encore
entièrement exécuté, comprend une nouvelle sacristie, de dimensions gigantesques,
avec une série de bâtiments qui s’étendront du chevet de l’église au baptistère de
Constantin. Le travail de l’église a été terminé cette année-ci, et la nouvelle abside
inaugurée solennellement dans les premiers jours du mois de juin. Je demande
que l’on me permette de rappeler brièvement l’histoire de la grande basilique, et
les diverses transformations qu’elle a subies jusqu’à celle-ci, que l’on peut croire
malheureusement définitive.

La basilique du Lateran fut le premier édifice donné au culte chrétien par
Constantin converti. Ses dimensions et la richesse de son ornementation l’égalèrent
tout d’abord aux plus admirables monuments de l’architecture païenne. Le plan
primitif de l’Église, selon M. Rohault de Fleury, fut absolument le même que le
plan moderne (avant la dernière restauration) : il en eut le périmètre, la division
en cinq nefs et l’hémicycle absidal. Les beaux fragments antiques qui subsistent
au baptistère, et les dalles de porphyre de l’église témoignent encore aujourd’hui
de la magnificence première. Sainte Hélène avait apporté de Jérusalem nombre
de reliques importantes, qui trouvèrent leur place dans le nouveau palais pontifical,
voisin de la basilique, ou dans la basilique elle-même, dédiée d’abord au Christ
Sauveur, et dont la consécration solennelle se fit, vraisemblablement en 324, sous
le pontificat même de saint Silvestre. La fête, selon la tradition, dura plusieurs
jours, et, tandis que le pontife faisait les ablutions au maître autel, on vit appa-
raître au-dessus de la tribune, environnée de lumineux rayons, la figure du
Rédempteur. Il faut se souvenir de ce fait merveilleux pour s’expliquer la vénération
attachée depuis tant de siècles à la grande figure du Christ parmi les nues, qui,
peinte d’abord, fut reproduite en mosaïque, peut-être dès le vie siècle, au sommet
de l’abside de la basilique Latérane. Tels furent les commencements du premier
des temples chrétiens, de l’archibasilique vénérée sous tant de titres glorieux,
jusqu’à ce qu’elle reçût, en 1144, du pape Lucius II, celui des saints Jean Raptiste
et Évangéliste, qu’elle devait conserver désormais.

Les premiers malheurs lui vinrent à l’expulsion du pape Libère. L’invasion
d’Alaric la détruisit en partie, et le pape Sixte III en obtint la restauration de
l’empereur Valentinien. Saint Léon la sauva d’Attila et de Genséric, et enveloppa
son abside d’un ambulatoire, qui, sous le nom de Portique Léonin, subsistait
encore jusqu’aux dernières transformations. Peu à peu la basilique et les édifices
voisins s’accroissent; à l’époque de saint Grégoire le Grand, le Lateran, peuplé de
clergé, était à la fois monastère et académie; sous Adrien Ier, en 772, Charlemagne,
vainqueur de Didier, y reçut l’hospitalité, et y confirma la fameuse donation de
Pépin touchant les domaines du Siège Apostolique. Ce fut la seconde ère de splendeur
du Lateran, que Léon III acheva de restaurer, y adjoignant le grand Triclinium
dont l’abside principale est demeurée debout.

En 896, sous le pontificat d’Étienne VI, un tremblement de terre abîme la
basilique, dont l’abside seule reste intacte; Serge III et Jean X la réparent. Elle
résiste à mainte épreuve, même à la terrible invasion normande. En 1133, son
toit s’écroule; Innocent II le relève. Au milieu du xme siècle, Vassalettus donne au
Lateran son délicieux cloître tout orné de mosaïques; quarante ans plus tard.
 
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