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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
constructions monumentales et que les hôtels pour voyageurs, dans
l’aménagement desquels les Anglais sont passés maîtres, sont souvent
des palais.
Comme preuve à l’appui, il suffit de citer la gare de Saint-
Pancras et le vaste Hôtel attenant construit par l’architecte Gilbert
Scott. Cette gare colossale s’abrite sous une voûte unique, qui d’un
seul jet de ses fermes de fer un peu ogivées franchit une portée de
plus de 80 mètres! Quant à l’hôtel de style gothique très mélangé qui,
devant la gare, se développe avec une importance exceptionnelle,
c’est une profusion d’ornementation taillée dans les matériaux les
plus riches et les plus résistants, au milieu desquels étincellent les
granits polis. Comment comprendre ce débordement d’architecture,
non certes sans réelle valeur, sinon comme une intelligente réclame
dont, parait-il, la Compagnie n’a qu’à se louer?
Pour n’ètrepas productifs, les hôpitaux ne sont pas moins luxueu-
sement bâtis dans ce pays. Il faut croire que les généreux construc-
teurs de ces asiles ont tout autant le goût de l’architecture que la
passion de la charité. Peut-être aussi tirent-ils quelque vanité de ces
magnifiques fondations? Toujours est-il que nous avons constaté
dans maints hôpitaux une énorme plus-value d’architecture et d’or-
nementation dont a tout lieu de s’étonner un architecte français,
habitué à compter avec les ressources toujours limitées, souvent
insuffisantes, des villes, des départements ou de l’Etat.
Ces luxueux établissements, habituellement de plan dispersé et
de style gothique, apparaissent dominés de beffrois, flanqués de tours
dont l’utilité semble contestable, mais qui, comme toujours, sont les
compagnons inséparables de tout édifice anglais.
Si l’ostentation est quelquefois un des petits côtés de la charité,
la charité a plus souvent encore des soins ingénieux pour réconforter
l’âme en même temps que le corps. Dans les petites villes ou bien à
la campagne, les modestes hôpitaux, les asiles divers de la maladie
et de la misère, évitent, autant que possible, les aspects attristants.
Ce sont de véritables cottages entourés de gazons et de fleurs, d’ai-
mables retraites et non pas des hôpitaux aux dehors redoutables pour
les pauvres gens. C’est ici que le caractère architectonique de l’édifice
peut avec raison se dissimuler sous les apparences les plus consolantes.
Les écoles de village ne sont pas moins gracieuses. Un petit porche,
un campanile coquet ornent l’édicule toujours tenu avec une rare
propreté dont témoignent les intérieurs pourvus, dès l’entrée, de
lavabos pour les enfants qui arrivent à l’école, et de services intimes
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constructions monumentales et que les hôtels pour voyageurs, dans
l’aménagement desquels les Anglais sont passés maîtres, sont souvent
des palais.
Comme preuve à l’appui, il suffit de citer la gare de Saint-
Pancras et le vaste Hôtel attenant construit par l’architecte Gilbert
Scott. Cette gare colossale s’abrite sous une voûte unique, qui d’un
seul jet de ses fermes de fer un peu ogivées franchit une portée de
plus de 80 mètres! Quant à l’hôtel de style gothique très mélangé qui,
devant la gare, se développe avec une importance exceptionnelle,
c’est une profusion d’ornementation taillée dans les matériaux les
plus riches et les plus résistants, au milieu desquels étincellent les
granits polis. Comment comprendre ce débordement d’architecture,
non certes sans réelle valeur, sinon comme une intelligente réclame
dont, parait-il, la Compagnie n’a qu’à se louer?
Pour n’ètrepas productifs, les hôpitaux ne sont pas moins luxueu-
sement bâtis dans ce pays. Il faut croire que les généreux construc-
teurs de ces asiles ont tout autant le goût de l’architecture que la
passion de la charité. Peut-être aussi tirent-ils quelque vanité de ces
magnifiques fondations? Toujours est-il que nous avons constaté
dans maints hôpitaux une énorme plus-value d’architecture et d’or-
nementation dont a tout lieu de s’étonner un architecte français,
habitué à compter avec les ressources toujours limitées, souvent
insuffisantes, des villes, des départements ou de l’Etat.
Ces luxueux établissements, habituellement de plan dispersé et
de style gothique, apparaissent dominés de beffrois, flanqués de tours
dont l’utilité semble contestable, mais qui, comme toujours, sont les
compagnons inséparables de tout édifice anglais.
Si l’ostentation est quelquefois un des petits côtés de la charité,
la charité a plus souvent encore des soins ingénieux pour réconforter
l’âme en même temps que le corps. Dans les petites villes ou bien à
la campagne, les modestes hôpitaux, les asiles divers de la maladie
et de la misère, évitent, autant que possible, les aspects attristants.
Ce sont de véritables cottages entourés de gazons et de fleurs, d’ai-
mables retraites et non pas des hôpitaux aux dehors redoutables pour
les pauvres gens. C’est ici que le caractère architectonique de l’édifice
peut avec raison se dissimuler sous les apparences les plus consolantes.
Les écoles de village ne sont pas moins gracieuses. Un petit porche,
un campanile coquet ornent l’édicule toujours tenu avec une rare
propreté dont témoignent les intérieurs pourvus, dès l’entrée, de
lavabos pour les enfants qui arrivent à l’école, et de services intimes