LA SCULPTURE ANTIQUE AU B RI TI SU MUSEUM. 399
fonds du musée. Ce n’est pas qu’on n’y puisse trouver des morceaux
dignes d’attention. Le jeune Satyre portant Dionysos enfant, qui
offre de si curieuses analogies avec une terre cuite du Louvre trouvée
à Myrina 1, la Vénus dite Townley, découverte à Ostie, la tête
d’Apollon de l’ancienne collection Pourtalès, le bas-relief de l’Apo-
théose d’Homère signé par Arcliélaos de Priène, la Clytie, la belle
suite des bustes romains, mériteraient plus qu’une brève mention.
Mais il faut nous borner, et d’ailleurs les salles dites gréco-romaines
ne contiennent pas à vrai dire d’œuvres qui puissent surprendre les
visiteurs familiarisés avec les galeries du Louvre.
Nous passons aussi sous silence, bien à regret, la riche série
de vases qui contient tous les spécimens de la céramique grecque,
depuis les vases à décor oriental jusqu’aux grandes amphores
apuliennes 2. Nous nous contenterons de placer sous les yeux du
lecteur une des plus intéressantes acquisitions faites depuis ces
dernières années. C’est un de ces vases en forme d’animal dont le
goût était si répandu en Grèce à partir du ive siècle. Un Eros ailé
a pris un canard pour monture; assis sur le dos de l’oiseau, il semble
le guider à l’aide de rênes, et le canard paraît voguer paisiblement,
la tête tournée, comme s’il obéissait à la pression du mors. A ne
considérer que le sujet, on reconnaît une de ces fantaisies que les
artistes de l’époque alexandrine ont multipliées à l’infini; si l’on
observe la technique, on y trouvera la confirmation de la date que
le choix du motif fait pressentir. Le groupe est en terre vernissée;
le fond de l’émail est d’un blanc jaunâtre, et le détail des plumes,
dessiné d’une manière toute conventionnelle, mais avec une finesse
remarquable, a été peint à l’aide d’une couleur gris rosé, posée
avant la couche d’émail. Ce joli groupe a été trouvé dans un
tombeau de Tanagra, en même temps que des vases à émail bleu
pâle, qui, après avoir fait partie de la collection Sabouroff, ont été
acquis par le Musée de Berlin 3. Or, cette technique est celle des
terres vernissées de l’Egypte, et les Grecs ne l’ont employée que
très rarement 4. Il est donc vraisemblable qu’en dépit de sa pro-
1. Elle a été publiée par M. Pottier, Bulletin de correspondance hellénique, 1883,
p. 339. Cf. Pottier et Reinacli, la Nécropole de Myrina, pi. XXVI.
2. Un nouveau catalogue des vases paraîtra prochainement par les soins de
M. Cecil Smith, attaché au département des Antiques.
3. Furtwaengler, Vasen sammlung im Antiquarium, n° 2941. Cf. la notice de la
pl. LXX de la Collection Sabouroff, où M. Furtwaengler signale aussi le vase de
Londres; il le donne à tort comme étant en verre.
4. Yoy. L. Heuzey, Catalogue des figurines antiques du Louvre, p. 6.
fonds du musée. Ce n’est pas qu’on n’y puisse trouver des morceaux
dignes d’attention. Le jeune Satyre portant Dionysos enfant, qui
offre de si curieuses analogies avec une terre cuite du Louvre trouvée
à Myrina 1, la Vénus dite Townley, découverte à Ostie, la tête
d’Apollon de l’ancienne collection Pourtalès, le bas-relief de l’Apo-
théose d’Homère signé par Arcliélaos de Priène, la Clytie, la belle
suite des bustes romains, mériteraient plus qu’une brève mention.
Mais il faut nous borner, et d’ailleurs les salles dites gréco-romaines
ne contiennent pas à vrai dire d’œuvres qui puissent surprendre les
visiteurs familiarisés avec les galeries du Louvre.
Nous passons aussi sous silence, bien à regret, la riche série
de vases qui contient tous les spécimens de la céramique grecque,
depuis les vases à décor oriental jusqu’aux grandes amphores
apuliennes 2. Nous nous contenterons de placer sous les yeux du
lecteur une des plus intéressantes acquisitions faites depuis ces
dernières années. C’est un de ces vases en forme d’animal dont le
goût était si répandu en Grèce à partir du ive siècle. Un Eros ailé
a pris un canard pour monture; assis sur le dos de l’oiseau, il semble
le guider à l’aide de rênes, et le canard paraît voguer paisiblement,
la tête tournée, comme s’il obéissait à la pression du mors. A ne
considérer que le sujet, on reconnaît une de ces fantaisies que les
artistes de l’époque alexandrine ont multipliées à l’infini; si l’on
observe la technique, on y trouvera la confirmation de la date que
le choix du motif fait pressentir. Le groupe est en terre vernissée;
le fond de l’émail est d’un blanc jaunâtre, et le détail des plumes,
dessiné d’une manière toute conventionnelle, mais avec une finesse
remarquable, a été peint à l’aide d’une couleur gris rosé, posée
avant la couche d’émail. Ce joli groupe a été trouvé dans un
tombeau de Tanagra, en même temps que des vases à émail bleu
pâle, qui, après avoir fait partie de la collection Sabouroff, ont été
acquis par le Musée de Berlin 3. Or, cette technique est celle des
terres vernissées de l’Egypte, et les Grecs ne l’ont employée que
très rarement 4. Il est donc vraisemblable qu’en dépit de sa pro-
1. Elle a été publiée par M. Pottier, Bulletin de correspondance hellénique, 1883,
p. 339. Cf. Pottier et Reinacli, la Nécropole de Myrina, pi. XXVI.
2. Un nouveau catalogue des vases paraîtra prochainement par les soins de
M. Cecil Smith, attaché au département des Antiques.
3. Furtwaengler, Vasen sammlung im Antiquarium, n° 2941. Cf. la notice de la
pl. LXX de la Collection Sabouroff, où M. Furtwaengler signale aussi le vase de
Londres; il le donne à tort comme étant en verre.
4. Yoy. L. Heuzey, Catalogue des figurines antiques du Louvre, p. 6.