Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 2
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0461

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA RENAISSANCE AU MUSÉE DE BERLIN.

425

exécuté pour le maître-trésorier de Philippe le Bon et de Charles
le Téméraire, Pieter Bladelin, et destiné à la cathédrale de la
ville de Middelbourg, ville dont Bladelin posa les fondements dans
l’année 1444. Le triptyque célèbre Le Fils de Dieu fait homme : au
milieu, la Nativité; sur les volets, l’Annonce de la venue du Messie
à Auguste, maître de l’Occident, et aux rois d’Orient. Au contraire
des œuvres précédentes, celle-ci nous montre une ordonnance plus
pittoresque et une certaine préoccupation de l’atmosphère qui donne
plus d’harmonie au coloris. Mais j’avoue ressentir plus de sympathie
pour les premiers tableaux du maître, avec leur aspect sévère et
aigre, leur ton local si intense, leur exécution poussée comme celle
des miniatures. Ils me semblent répondre mieux au génie de Rogier
van der Weyden que ces grands tableaux d’autel de sa dernière
manière, dont deux encore, outre ceux que je viens de nommer, sont
à la Pinacothèque de Munich, et où la couleur trop fondue a quelque
chose de léché, la conception quelque chose de superficiel et d’insi-
pide. Cette dégénérescence du style de Rogier van der Weyden vint
peut-être de l’impression que l’artiste reçut de son voyage à Rome
pour le Jubilé de 1450.

La fameuse Descente de croix de Rogier van der Weyden, dont
l’original est à l’Escurial, est aussi une œuvre de sa première
manière et c’est celle où l’on peut le mieux voir son talent à exprimer
la douleur dans toute son intensité. Il en existe de nombreuses
copies; celle que possède le Musée de Berlin est assurément la plus
vieille et la meilleure; elle porte la date 1488 accompagnée d’une
petite arbalète, ce qui ferait croire que cette copie fut exécutée pour
une gilde d’arbalétriers.

Le catalogue du Musée de Berlin ne mentionne pas d’autre œuvre
de Rogier van der Weyden. Il reste cependant deux plus petits
tableaux qui sont d’une même main et, selon moi, appartiennent encore
à Rogier et à sa dernière manière. Le premier offre le grand intérêt
d’être un des rares portraits d’après nature de Charles le Téméraire.
D’après l’àge de l’original, trente ans semble-t-il, ce portrait aurait
été exécuté en 1460; cette date concorde bien avec la facture molle,
la couleur alanguie et la même et particulière façon de traiter étoffes
et cheveux qu’on retrouve absolument dans le portrait de Bladelin
du tableau d’autel de Middelbourg et dans la grande Adoration des
Mages de Munich. Les traits de Charles le Téméraire dénotent un
caractère sensuel, fortement trempé, mais sans élévation; les mêmes
traits se retrouvent, mais avec moins de vie individuelle, dans le

54

xxxv.

2e PÉRIODE
 
Annotationen