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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 6
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Gruyer, François-Anatole: Léonard de Vinci au Musée du Louvre, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0503

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462

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rien pour payer ses ouvriers, implorant pour lui-même l’aumône
d’un vêtement 1. Ses travaux n’avaient-ils donc pas reçu leur récom-
pense? N’était-ce pas plutôt qu’il vivait sans compter, prodiguant
ce qu’il avait, et même ce qu’il n’avait pas? C’est ainsi qu’il fut
condamné jusqu’au bout à soulever de ses mains d’athlète le rocher
qui toujours retombait. Positif et chimérique à la fois, téméraire et
inconstant, universel et sans concentration suffisante, entrevoyant
partout la vérité et n’ayant pas la suite nécessaire pour arriver à la
certitude, se posant tous les problèmes et soupçonnant toutes les
découvertes, il n’a pu attacher définitivement son nom à aucune des
grandes conquêtes du monde moderne. Que resterait-il de lui, s’il
n’avait été par surcroît, ou plutôt avant tout, un artiste souverai-
nement doué? Le peintre a sauvé le savant de l’oubli. Après bientôt
quatre cents ans d’abandon, on commence seulement à déchiffrer ses
manuscrits, sans que l’obscurité qui s’est faite autour d’eux soit
prête à se dissiper. On en a tiré quelques beaux chapitres pour
l’histoire générale des sciences 2 3, et il est douteux qu’on puisse aller
au delà. Sans disputer aux ténèbres ce que le savant leur a laissé,
demandons au peintre les lumières dont, par une fortune singulière,
le foyer est au Musée du Louvre. La Belle Féronnière, la Vierge aux
Rochers, le Saint Jean, la Sainte Anne et la Joconde montrent Léonard
tout entier. Du premier au dernier de ces tableaux, on suit la trajec-
toire complète de ce prodigieux génie.

IL

Le portrait connu sous le nom de la Belle Féronnière3 représente
une jeune femme coiffée de bandeaux bruns soigneusement lissés et
retenus par une ganse noire, qui fixe un diamant au milieu du front;
d’où le nom de féronnière donnée depuis à toute parure semblable ou
analogue à celle-ci. La figure, coupée à mi-corps et à mi-bras par une
barre d’appui, est vêtue d’une robe rouge, lamée de bandes d’or et
ornée de broderies noires. Une fine cordelière, plusieurs fois enroulée
autour du cou, descend jusque sur la gorge, qui est découverte en
carré par l’échancrure de la robe. La tête, vue de trois quarts et

1. Amoretti, Memorie. p. 75.

2. Voir le tome IIIe de l'Histoire des sciences mathématiques en Italie, depuis la
renaissance des lettres jusqu’à la fin du xvne siècle, par Libri (1840).

3. N° 461 (n° 483 de la notice de M. Fr. Yillot).
 
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