Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Gruyer, François-Anatole: Léonard de Vinci au Musée du Louvre, 1
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0509

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LÉONARD DE VINCI AU LOUVRE.

467

cution vous indiqueront aussitôt le temps qui les sépare. Rien ne peut
mieux faire la démonstration de ce que nous avons avancé relative-
ment à la date du portrait de la Féronnière. Léonard est Florentin
dans le portrait de la Belle Féronnière. Il est Milanais dans le portrait
dessiné que nous reproduisons ici. Il a vécu, depuis longtemps déjà,
au milieu d’un groupe considérable ayant une physionomie très
particulièrement accentuée dans la grande famille italienne, et son
art s’en est ressenti.

III

Passer de la Belle Féronnière à la Vierge aux Bochers, c’est quitter
la vie réelle pour la vie idéale, fermer le livre sur une page d’histoire
profane pour le rouvrir sur une page d’histoire religieuse... De même
que la Belle Féronnière, la Vierge aux Bochers, avant d’entrer au Louvre,
a été dans le Cabinet doré de Fontainebleau 1 et dans le Cabinet des
tableaux à Versailles2. C’est dans ce long commerce avec la maison
de France, qu’elle a conquis ses titres de noblesse vis-à-vis de la
France elle-même et ses lettres de grande naturalisation parmi nous.

L’Enfant-Jésus, soutenu par un ange, bénit le petit saint Jean-
Baptiste, qui lui est présenté par la Vierge. Ce sujet sera redit mille
fois par la Renaissance ; Léonard commence par se l’approprier et
par en faire une œuvre absolument personnelle... Le bambino est
assis à droite près d’une source, et, du côté opposé, est agenouillé
son précurseur. L’un, vu de profil, s’appuie à terre de la main gauche,
et lève la droite dans un geste de protection suprême ; l’autre, de
trois quarts, joint les deux mains dans l’attitude de la prière et de
l’adoration... Le Musée du Louvre possède le carton piqué qui a servi
au décalque de la tête de ce petit saint Jean, ainsi qu’une étude
exécutée d’après nature pour la tête de cet Enfant-Jésus 3.

Il y a une singulière grandeur dans ces petites figures. On voit,
d’un côté, la puissance et la majesté d’un Dieu, de l’autre côté, la
ferveur et l’humilité d’un mortel.

Ces enfants, entièrement nus, appartiennent en propre à Léonard ;

1. Le Père Dan, Trésor des merveilles de Fontainebleau, 1612.

2. Bailly, Inventaire des tableaux du Roy, en 1709 et 1710.

3. Le dessin piqué pour la tête du saint Jean est tiré du recueil de Vallardi et
n’est pas catalogué dans la Notice de M. Reiset. Le dessin pour l’Enfant-Jésus est
catalogué sous le n° 383. 11 est exécuté à la pointe d’argent, avec des rehauts de
blancs sur un papier teinté de vert pâle.
 
Annotationen