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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 6
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Hamel, Maurice: Le Salon de 1887, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0529

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rédigé avec une impeccable justesse, conduit jusqu’au bout par une
volonté que rien ne distrait, et je sais bien que cette volonté même a
son prix. On ne demande pas au peintre de mêler le sentiment à des
analyses chimiques; à défaut d’émotion l’agrément nous suffirait et
M. Gueldry est vraiment trop glacial dans sa stricte documentation.

Mieux avisé M. Dantan a su mettre un charme discret dans son
Moulage sur nature. Nul caprice de lumière ni de couleur; des surfaces
mates et plâtreuses; une atmosphère d’intérieur égale et fine où les
êtres gardent leur plus familière apparence; c’est clair, tranquille,
absolument juste. Sans doute une jolie fille, très naturellement posée
et livrant sa jambe aux mouleurs, offre plus d’intérêt que des fioles
manipulées. Mais, abstraction faite du sujet, on apprécie l’aisance
simple du modelé, la justesse des plans, la délicatesse des tons clairs.
Cette œuvre qui n’a ni accent ambitieux, ni saveur étrange, tout unie,
précise dans son action, savante avec ses airs de bonhomie, emprunte
à sa simplicité même sa plus grande séduction.

Sans être infidèle à la lumière, nous rendrons pleine justice au
Pardon de M. Dagnan-Bouveret. Cet artiste très convaincu poursuit
des recherches d’un ordre différent. 11 abstrait, il analyse, il exprime le
caractère par le détail serré de la forme. D’ailleurs, l’impression n’est
pas morcelée malgré l’âpre insistance de l’exécution ; si l’on n’est pas
averti de loin par une harmonie sonore, de près on subit l’autorité de
cette écriture énergique. La composition est bien assise, tout s’y tient ;
l’œil est mené sans défaillance des premiers plans aux derniers. Et
dans cet étroit espace, dans ce coin d’une cour d’église où la lumière
s’amortit, quelle évocation de la Bretagne croyante ! Les têtes de
femmes encadrées par les bonnets blancs aux larges ailes, ont un
grand charme de douceur ; elles respirent la candeur, l’humilité pas-
sionnée des âmes simples qui se livrent entières à leur foi.

Artiste de haute conscience et scrupuleux jusqu’à la minutie,
M. Lhermitte construit fortement des œuvres saines et drues comme
ses campagnardes. Il sait bien la campagne, ses travaux qui font les
mains calleuses et les nuques hâlées; mais il reste villageois plutôt
que paysan. La Fenaison est une œuvre consistante, d’ample et belle
structure, très naturelle et très composée. Le paysage nu se déve-
loppe largement; les personnages, simples et vrais, s’y installent
sans équivoques, font corps avec la nature ambiante. Pourtant le
vieux faucheur a je ne sais quoi de voulu. Mais la fillette est char-
mante, vraiment naïve. Le dos et la nuque de la femme couchée sont
les morceaux les plus substantiels que l’artiste ait réalisés, d’une
 
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