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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Faut-il à cet égard une démonstration, la même nous la
fournira par le respectable exemple de Bürger, dans sa poursuite
infatigable des œuvres de tant de maîtres à peine entrevus avant lui,
et que son intelligente méthode a pu remettre en honneur.
Il y a toutefois cet inconvénient que pour les primitifs de l'Ecole
flamande, le système comporte des difficultés centuples. De Séville à
Saint-Pétersbourg, de Palerme à Glasgow, l'Europe est semée
d'œuvres violemment arrachées au sol natal par des commotions
plusieurs fois séculaires : guerres de religion et de conquête,
suppression des ordres monastiques et des corporations civiles, etc.
Voir toutes ces peintures devient une entreprise devant laquelle
peut bien fléchir l'enthousiasme de l'investigateur le plus déterminé.
Nous ne nous aventurerons pas, dans l'état actuel des choses,
jusqu'à prétendre qu'il n'existe de Matsys que les seules grandes
peintures mentionnées dans la présente étude. Le triptyque de Valla-
dolid, la ÆRome au Musée du Prado, sont des
accroissements de fraîche date. L'Écwwme de la Galerie
Doria à Rome, l'Æcce Romo du palais ducal à Venise, ont certes des
titres plus sérieux à figurer dans l'œuvre du maître que nombre de
pages dont on a cru pouvoir l'enrichir à une époque où toute création
primitive allait au hasard grossir le contingent de deux ou trois
peintres en vue.
Dans ses rapports avec la critique moderne, Matsys a eu ce destin
fâcheux de se voir retrancher beaucoup plus d'œuvres qu'on ne lui
en a alloué.
Au Belvédère il possédait un Jérome, une Lucrèce, vantée
par AVaagen comme un chef-d'œuvre, un Portmh d'or/eure, porté à
l'inventaire même de Léopold-Guillaume, en 1659, comme « œuvre
originale de Quintino Masseys, de )>. L'Or/eure serait de
Gérard David, la LMcrèce du maître de la Afrnd de Ffeiqye et le
Jéro??ie de Jean Matsys L
La richissime galerie de Dresde exhibait sous son nom un excel-
lent tableau de genre, représentant un marchand de volailles ; le
dernier catalogue, œuvre consciencieuse de M. AVoermann, n'en
fait plus qu'une peinture d'école.
La grande de CroLr du Louvre (n° 280), page à coup sûr
distinguée, a, depuis longtemps, —ajuste titre, ilfautle reconnaître.,
—- cessé de compter pour un Matsys. Ce serait l'œuvre du fameux
1. L. Scheibler, Uèer m der A*. GAAGe lEîe??, dans îe
Aù t. X, p. 271.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Faut-il à cet égard une démonstration, la même nous la
fournira par le respectable exemple de Bürger, dans sa poursuite
infatigable des œuvres de tant de maîtres à peine entrevus avant lui,
et que son intelligente méthode a pu remettre en honneur.
Il y a toutefois cet inconvénient que pour les primitifs de l'Ecole
flamande, le système comporte des difficultés centuples. De Séville à
Saint-Pétersbourg, de Palerme à Glasgow, l'Europe est semée
d'œuvres violemment arrachées au sol natal par des commotions
plusieurs fois séculaires : guerres de religion et de conquête,
suppression des ordres monastiques et des corporations civiles, etc.
Voir toutes ces peintures devient une entreprise devant laquelle
peut bien fléchir l'enthousiasme de l'investigateur le plus déterminé.
Nous ne nous aventurerons pas, dans l'état actuel des choses,
jusqu'à prétendre qu'il n'existe de Matsys que les seules grandes
peintures mentionnées dans la présente étude. Le triptyque de Valla-
dolid, la ÆRome au Musée du Prado, sont des
accroissements de fraîche date. L'Écwwme de la Galerie
Doria à Rome, l'Æcce Romo du palais ducal à Venise, ont certes des
titres plus sérieux à figurer dans l'œuvre du maître que nombre de
pages dont on a cru pouvoir l'enrichir à une époque où toute création
primitive allait au hasard grossir le contingent de deux ou trois
peintres en vue.
Dans ses rapports avec la critique moderne, Matsys a eu ce destin
fâcheux de se voir retrancher beaucoup plus d'œuvres qu'on ne lui
en a alloué.
Au Belvédère il possédait un Jérome, une Lucrèce, vantée
par AVaagen comme un chef-d'œuvre, un Portmh d'or/eure, porté à
l'inventaire même de Léopold-Guillaume, en 1659, comme « œuvre
originale de Quintino Masseys, de )>. L'Or/eure serait de
Gérard David, la LMcrèce du maître de la Afrnd de Ffeiqye et le
Jéro??ie de Jean Matsys L
La richissime galerie de Dresde exhibait sous son nom un excel-
lent tableau de genre, représentant un marchand de volailles ; le
dernier catalogue, œuvre consciencieuse de M. AVoermann, n'en
fait plus qu'une peinture d'école.
La grande de CroLr du Louvre (n° 280), page à coup sûr
distinguée, a, depuis longtemps, —ajuste titre, ilfautle reconnaître.,
—- cessé de compter pour un Matsys. Ce serait l'œuvre du fameux
1. L. Scheibler, Uèer m der A*. GAAGe lEîe??, dans îe
Aù t. X, p. 271.