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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 1
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Wyzewa, Teodor de: Thomas Lawrence et la Société anglaise de son temps, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0064

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56

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

belle miss Abercrombie acheva de le lancer dans la haute société
anglaise. Aussi comprendra-t-on que l’émoi fut grand, en 1837,
lorsqu’on apprit à Londres que ce noble artiste, ce gentleman
accompli, était un faussaire, un voleur et un assassin.

Thomas de Quincey, quia beaucoup connu Wainewright, affirme
que ceux de ses crimes qui ont été mis à jour ne forment que l’infime
minorité du nombre réel de ses méfaits. Et la chose est probable,
car Wainewright était un dilettante du meurtre ; il empoisonnait ses
victimes pour les motifs les plus futiles, quelquefois sans aucun
motif compréhensible. On conçoit à la rigueur qu’il ait empoisonné,
en 1829, son oncle Edouard Griffiths, le bienfaiteur qui l’avait
recueilli, élevé et qui l’adorait : Wainewright, en effet, s’était pris
d’une véritable passion pour Linden House, la maison de son oncle,
et le meurtre du vieillard lui parut sans doute le moyen le plus sim-
ple pour devenir possesseur de cette maison qui lui rappelait tant de
chers souvenirs. Mais pourquoi, l’année suivante, a-t-il empoisonné
sa belle-mère, mistress Abercrombie, avec laquelle il avait toujours
entretenu les relations les plus correctes? Toujours est-il qu’il Ta
empoisonnée, et qu’il a empoisonné ensuite sa belle-sœur, missHelen
Abercrombie, une charmante jeune fille dont il avait dessiné le por-
trait à la sanguine, quelques jours avant de la tuer. Pour ce troisième
meurtre, il paraît s’être assuré la collaboration de sa femme, la sœur
de la victime. Il avait pris soin d’abord de faire assurer sur la vie la
jeune miss Helen ; mais la compagnie d’assurances soupçonna quelque
chose de louche dans cette mort si imprévue, et refusa de payer la
prime convenue. Alors Wainewright résolut de se venger. 11 vint
voir à Boulogne-sur-Mer le père d’une jeune fille dont il était l’amant,
et le décida à s’assurer pour trois mille livres sterling. Puis, quand
le contrat fut signé, il empoisonna le vieillard en versant dans son
café une dose de strychnine.

Il se rendit ensuite à Paris, où Ton ne voit pas trop ce qu’il a
pu faire, pendant les quatre ou cinq ans qu’il y a passés. Il n’osait
rentrer à Londres, sachant que la police anglaise avait acquis la
preuve de certains faux qu’il avait autrefois commis.

Un jour pourtant, il se hasarda à y revenir, en 1837, à la suite,
dit-on, d’une femme qu’il aimait. Il s’était installé dans un hôtel de
Covent-Garden et y menait une vie de méditation et d’études,
lorsqu’un hasard le perdit. Entendant du bruit dans la rue, il
s’était mis à la fenêtre, en badaud; un policeman le reconnut.

Il fut jugé seulement pour faux, ses meurtres n’étant pas encore
 
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