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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Courajod, Louis: La Madone d'Auvillers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0149

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134

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

que dans le relief d’Auvillers, on remarque la tète d’un chérubin qui,
à la façon des enfants, se cramponne à un appui pour se hisser jusqu’à
la lumière et pour regarder par-dessus l’obstacle placé devant lui.

Considérez encore ce geste naïf, bien pris sur nature mais en
même temps bien personnel dans le choix de sa simplicité : l’enfant
serrant nerveusement de ses petits doigts potelés le doigt annulaire
d’une des mains effilées de sa mère. C’est un point de repère infaillible.
C’est aussi, en quelque sorte, une marque de fabrique et comme une
signature. Le geste se retrouve identique dans le bas-relief du Musée
de Berlin. Ces choses-là ne s’empruntent pas. Ce sont les idiotismes
d’un langage pittoresque et d’un vocabulaire spécial exclusivement
propre à un individu.

La fine et légère draperie des vêtements de la Vierge et des anges
d’Auvillers, aux plis flottants, contournés en volutes, maniérés et
tourmentés, vous en retrouverez la formule dans tous les bas-reliefs
de Rimini, comme dans ceux de Pérouse, notamment dans le Saturne
d’un des piliers du temple malatestien. Si on calquait certains mor-
ceaux des draperies respectives de ces œuvres, si, ensuite, on les
confrontait entre eux, leurs lignes pourraient se superposer.

Enfin, par-dessus tout, il se dégage du bas-relief en discussion
une expression générale qui est essentiellement l’expression du style
d’Agostino d’Antonio di Duccio.

Notre Agostino est un vibrant quattrocentiste dont, aujourd’hui,
l’état civil est assez bien en règle, depuis qu’on sait le distinguer
d’un artiste chimérique introduit dans l’histoire de l’art par une
fausse désignation de Vasari. Les grandes lignes de sa biographie se
dessinent nettement. Il est né à Florence, en 1418, d’Antonio di
Duccio detto Mugnone, tisseur de drap. Il habitait, en 1427, le
quartier de Sainte-Marie-Nouvelle.

En 1442, il n’a que vingt-quatre ans, et il signe de son nom :
AVGVSTINVS DE FLORENTIA, une composition sculptée en bas-
relief consacrée à l’histoire de san Gemignano et conservée encore sur
le mur extérieur du dôme de Modène. Il se révèle dans ce travail
comme un sectateur habile et fidèle de la manière de Donatello.
En 144G, accusé de vol et banni de sa ville natale, il se rend à
Venise. Son passage dans cette ville est attesté par une requête de
sa mère qui, dans une supplique à la Seigneurie, plaide son innocence
et sollicite sa grâce.

De 1446 à 1455, il est installé à Rimini où il exécute de très
nombreux travaux, plus de cinquante bas-reliefs et statues destinés
 
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