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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 8.1892

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Nr. 2
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Courajod, Louis: La Madone d'Auvillers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24661#0153

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LA MADONE D’AUVILLERS.

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prétations a fait de lui autre chose qu’un simple continuateur de
Donatello ou qu’un émule des Délia Robbia. Sa personnalité a trouvé
moyen de s’affirmer. Le robuste et indomptable tempérament indi-
viduel qui se trahit dans chacune de ses œuvres, même dans celles
dont l’exécution est le plus lâchée, imposera certainement leur auteur
à l’attention de la postérité. Le monument que nous proposons
d’ajouter à la liste des travaux précédemment reconnus et classés
n’est pas fait pour la déparer. Il est, à mes yeux, un des plus char-
mants de tous ceux que je pourrais citer. Son introduction en France,
dès une époque reculée, n’aurait rien d’invraisemblable puisque nous
savons par Vasari qu’un Ottaviano et précisément cet Agostino, qu’on
croyait alors frères de Luca délia Robbia, expédiaient en France,
dès le xve siècle, des sculptures de terre cuite émaillée *.

L’église d’Auvillers ne s’ouvre régulièrement que tous les quinze
jours, tout au plus et pendant quelques instants, quand le desservant
de Neuilly-sous-Clermont vient, le dimanche, y biner, c’est-à-dire, y
célébrer une seconde fois la messe, ou quand une cérémonie de
baptême, de mariage ou d’enterrement rassemble dans ses murs les
rares habitants de la paroisse. Je ne conseille donc pas aux touristes
de Clermont, aux amateurs de Beauvais, aux amis des arts du dépar-
tement de l’Oise d’aller inopinément frapper à la porte de la chapelle
dans l’intervalle des cérémonies dont il n’est pas facile de prévoir la
date. Ils s’exposeraient à la disgrâce que nous avons subie et qui
consiste en quelques longues heures de méditation forcée dans un
cimetière abandonné, en attendant une clef introuvable.

Ne pourrait-on souhaiter enfin à la sculpture étudiée ici une
publicité un peu moins restreinte? Sans vouloir faire une gratuite
injure aux estimables paroissiens d’Auvillers, on peut aisément con-
jecturer qu’ils n’attachent pas beaucoup d’importance à une œuvre
dont, sans une fortuite rencontre, ils ignoreraient encore la valeur? Il
y a donc lieu d’espérer qu’une indemnité juste et préalable, acceptée
par la commune de Neuilly-sous-Clermont, permettra un jour à un
établissement public, comme le Musée du Louvre ou le Musée de
Beauvais, d’offrir au gracieux travail du maître italien un asile plus
accessible, une surveillance moins intermittente, une admiration
plus constante et plus raisonnée.

LOUIS COURAJOD. 1

1. Vasari, éd. G. Milanesi, t. II,p. 174.

vtit. — 3e PÉRIODE.

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